Le président camerounais de 92 ans orchestre minutieusement sa campagne depuis son village natal, tout en préparant une possible disqualification de son principal rival Maurice Kamto.

Paul Biya ne laisse rien au hasard. Selon des révélations exclusives de Jeune Afrique, le président camerounais de 92 ans a passé les dernières semaines à Mvomeka'a, son village natal, à peaufiner sa stratégie électorale pour l'échéance présidentielle qui approche.

Les informations obtenues par Jeune Afrique révèlent que fin mars, Paul Biya a lui-même annoté à la main une liste de 54 noms pour ne retenir que 28 personnalités destinées à rejoindre le comité central du RDPC. Ce document, marqué de la propre écriture du président, a été transmis par Simon Pierre Bikele, chef du protocole présidentiel, à Jean Nkuete, secrétaire général du comité central.

Cette micro-gestion témoigne de la volonté du chef de l'État de contrôler personnellement chaque aspect de sa future campagne, malgré son âge avancé.
Jeune Afrique a également appris que Samuel Mvondo Ayolo, ancien ambassadeur en France, se positionne comme le probable futur directeur de campagne de Paul Biya. Déjà très actif, il a demandé à chaque ministère de lui fournir le bilan sectoriel du septennat écoulé pour alimenter la future campagne présidentielle.
L'ancien directeur de cabinet prépare par ailleurs une grande cérémonie d'inauguration du monument Paul Biya à Sangmelima, son fief électoral, démontrant sa montée en puissance dans l'appareil présidentiel.
Selon nos sources exclusives, Paul Biya et ses cercles proches ont développé une lecture juridique visant à disqualifier Maurice Kamto, leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC). Cette stratégie, révélée par Jeune Afrique, fait l'objet d'une intense campagne médiatique pour préparer l'opinion publique à une possible éviction du principal opposant par Elecam ou le Conseil constitutionnel.

Le président aurait été convaincu que Kamto ne pourrait légalement être candidat s'il persistait à se faire investir par le MRC, une conviction partagée dans son entourage proche.

Jeune Afrique révèle également que des instructions auraient été transmises par Paul Atanga Nji, ministre de l'Administration territoriale, aux autorités locales pour garantir l'ordre public avant, pendant et après le scrutin. Cette précaution témoigne de l'inquiétude du pouvoir face à la capacité de mobilisation de Maurice Kamto, particulièrement active dans la diaspora et sur le territoire national.

Faute de congrès - le dernier remontant à 2011 et le prochain n'étant pas attendu avant 2026 - Paul Biya mise sur une session du bureau politique pour officialiser sa candidature. Selon un document interne d'Elecam ayant fuité en ligne et consulté par Jeune Afrique, cette réunion devrait se tenir avant la convocation du corps électoral, attendue d'ici le 12 juillet.