Cyrille Sam Mbaka, la sentinelle de la République, membre fondateur du Groupe de Douala et président de l’Alliance des forces progressistes (AFP) a publié un texte dans titré : « Cameroun : À qui mieux-mieux et sauve qui peut ».
Dans celui-ci, le Camerounais constate le flottement au sommet de l’État. « Ça bruisse de messes basses et de fausses confidences. De réunions stratégiques », lit-on. Suite et fin.
Il faut prendre le pouls des caciques et des barons du régime. Il y a urgence. Chuchotements et bruits de couloir.
Chacun y va de son appréciation, de ses certitudes ou de ses craintes. Le navire prend-il l’eau ? Dans ce décor crépusculaire et funeste, comment séparer le bon grain de l’ivraie ? Comment faire la part des choses avec lucidité ?
Comment garder son sang-froid ? Une gageure. Assistons-nous à une fin de règne qui ne dit pas son nom ? Au crépuscule des dieux ? Il flotte dans le vent comme un air d’improvisation.
Cette fin de règne n’a pas été préparée. Elle n’a pas été anticipée. Elle arrive par-dessus le marché. L’impression d’une vacance au sommet de l’État est renforcée par la démission de ministres. Une béance qu’il faut colmater.
La République n’est pas héréditaire. Malgré un long règne qui s’apparente à un pouvoir monarchique, aucun héritier n’a été désigné. Le vide est donc sidéral. Les prétendants ont été vite muselés. Renvoyés à leurs études ou écartés manu militari. Aux oubliettes.
N’était-ce pas un sacrilège d’évoquer l’après, l’indicible ? Quelques effrontés l’ont compris à leur dépens L’omerta est restée la règle non écrite. Silence dans les rangs. On prête au Général de Gaulle plusieurs pensées fortes dont celle-ci : « A l’ombre des grands arbres rien ne doit pousser… ».
Comment l’interpréter ? Qu’est-ce à dire ? Après-moi le chaos ? Personne ne doit me faire de l’ombre pour que j’imprime ma marque et que je m’inscrive dans l’histoire. On se perd en conjectures. C’est connu, le pouvoir ne se partage pas.
Encore moins dans nos contrées. Le pouvoir est vertical et exclusif. Entrer de son vivant dans l’histoire. Le pouvoir est solitaire, certes. Mais les hommes d’état, ceux qui ont une vision et une ambition pour leur pays, ceux qui sont des visionnaires savent également s’entourer.
Les hommes du pouvoir et les hommes au pouvoir se doivent d’être intègres, au service d’une ambition qui les dépasse. Ils bénéficient de droits et de privilèges pour être à l’abri des tentations et de la corruption.
Les citoyens attendent que le gouvernement soit irréprochable et mène avec courage et lucidité la mission qui est la sienne. Les élections quand elles ne sont pas perverties sont un baromètre. Les urnes sanctionnent ou accordent de nouveau la confiance à ceux qui sont chargés de défendre nos intérêts.
Après 43 ans de règne viendra le temps des comptes et des mécomptes. Viendra le temps du bilan. Viendra le temps du droit d’inventaire. La question sera posée avec gravité aux thuriféraires du régime et à tous ses laudateurs.
Tous ceux qui malgré les évidences, contestaient la mal-gouvernance, les détournements abyssaux, les prévarications et les enrichissements suspects. Tous ceux qui ont placé en coupe réglée notre pays pour le désosser et en faire une coquille vide. Tous ceux qui ont choisi de se repaitre sur la bête. Tous ceux qui ont planifié la politique de la terre brûlée pour n’avoir rien à regretter. Les grands hommes entrent dans l’histoire de leur vivant.
L’histoire est cruelle avec ceux qui n’ont pas été à la hauteur de leur fonction et de leur mission. Le Cameroun vous observe. Nous sommes à la croisée des chemins. À l’aube d’une nouvelle page. Elle peut s’écrire en lettres d’or ou de sang. Il ne tient qu’à vous. Soyez à la hauteur des enjeux et des urgences du moment. Le Cameroun le mérite.