Actualités of Wednesday, 25 June 2025
Source: www.camerounweb.com
Coup de théâtre dans l'affaire Gabriel Kondo. Dans une ordonnance rendue le 23 juin, la justice camerounaise a ordonné la suspension de la vente aux enchères des biens de l'homme d'affaires, initialement programmée du 25 au 28 juin par la Société de recouvrement du Cameroun (SRC).
"Nous juges des référés [...] ordonnons la suspension de la vente projetée jusqu'à l'issue de la procédure engagée devant le juge du contentieux de l'exécution objet de l'assignation du 03 juin 2025 et encore pendante devant la juridiction de céans", précise l'ordonnance judiciaire qui vient bouleverser le calendrier de recouvrement prévu par la SRC.
Cette suspension intervient après une offensive juridique menée par les avocats de Gabriel Kondo. Selon nos informations, la défense a fait valoir que cette vente causerait "un préjudice irréparable et définitif" à leur client, qui a parallèlement saisi le juge du contentieux de l'exécution d'une action en nullité du commandement de payer.
Les biens concernés par cette suspension représentent un patrimoine considérable : 4 véhicules de marques Maybach, Rolls Royce et Toyota, 15 appareils électroménagers de luxe, ainsi que 25 œuvres d'art et mobilier haut de gamme. L'ensemble était évalué à plus de 300 millions FCFA, montant devant permettre de solder partiellement les dettes contractées envers Union Bank of Cameroon (UBC).
Le contentieux trouve son origine dans les relations commerciales entre Gabriel Kondo et Union Bank of Cameroon, avant la nationalisation de cette dernière en 2021. L'homme d'affaires, à la tête de Pack Industry S.A spécialisée dans l'importation et la production d'équipements d'emballage, avait bénéficié de plusieurs lignes de crédit importantes.
Pack Industry avait notamment reçu deux financements majeurs : 4,3 milliards FCFA en 2014 et 2,5 milliards FCFA en 2018, accordés respectivement par UBC et plusieurs investisseurs agréés au Guichet unique des incitations à l'investissement. Ces montants considérables illustrent l'ampleur des enjeux financiers de ce dossier.
Cette suspension met la Société de recouvrement du Cameroun dans une position délicate. Mandatée par l'État pour récupérer les créances d'UBC, la SRC avait procédé à une saisie forcée des biens de Gabriel Kondo il y a plus de deux mois, dans le cadre de sa mission de recouvrement.
La décision judiciaire révèle la complexité de cette affaire qui mêle droit des saisies, contentieux bancaire et procédures d'exécution. Gabriel Kondo conteste frontalement l'exécution forcée du recouvrement, ouvrant ainsi un nouveau chapitre judiciaire qui pourrait retarder considérablement la résolution de ce dossier.
Cette suspension temporaire ne règle pas le fond du problème. Elle offre simplement un répit à Gabriel Kondo, le temps que la justice statue sur la validité de la procédure de recouvrement. L'issue de cette bataille juridique déterminera le sort définitif de ce patrimoine considérable et l'efficacité des mécanismes de recouvrement des créances publiques au Cameroun.
La prochaine étape sera l'examen par le juge du contentieux de l'exécution de l'action en nullité introduite par Gabriel Kondo, une procédure dont l'issue conditionnera la reprise ou l'abandon définitif de cette vente aux enchères.