Actualités of Tuesday, 14 October 2025

Source: www.camerounweb.com

Cameroun : la guerre des procès-verbaux sur les réseaux sociaux, une première dans l'histoire électorale du pays

Image illustrative Image illustrative

Pour la première fois au Cameroun, l'issue de l'élection présidentielle se joue aussi sur le terrain numérique. Selon les informations de Jeune Afrique, une bataille sans précédent pour le contrôle des procès-verbaux fait rage sur les réseaux sociaux, opposant les partisans de Tchiroma Bakary aux activistes du RDPC dans une guerre de l'information aux méthodes parfois douteuses.


Dès la fermeture des bureaux de vote samedi soir, une guerre d'un nouveau genre a éclaté au Cameroun. Comme le révèle Jeune Afrique dans son édition du 13 octobre, le scrutin présidentiel ne se joue plus seulement dans les urnes, mais aussi et surtout sur les réseaux sociaux, où procès-verbaux et résultats partiels s'affrontent dans une bataille numérique inédite.


"La bataille numérique des PV fait rage", constate Jeune Afrique, qui a suivi en temps réel cette guerre de l'information. Selon le magazine panafricain, l'opposition s'est montrée "particulièrement efficace" dans cette stratégie, mobilisant des "activistes numériques" capables "d'inonder les réseaux sociaux de résultats en faveur de son principal candidat".


Cette mobilisation numérique massive représente une rupture dans l'histoire électorale camerounaise. Contrairement à 2018, où Maurice Kamto s'était contenté de se proclamer vainqueur sans preuves tangibles, le camp de Tchiroma Bakary a cette fois déployé un dispositif sophistiqué de collecte et de diffusion de procès-verbaux photographiés dans les bureaux de vote.


Face à cette offensive, révèle Jeune Afrique, "les partisans du RDPC ont emboîté le pas aux supporters de Tchiroma Bakary". Le parti au pouvoir, traditionnellement dominant dans les médias classiques mais moins à l'aise sur les réseaux sociaux, a dû s'adapter en urgence.


Mais selon les informations exclusives du magazine, les méthodes employées par certains activistes pro-RDPC laissent à désirer. "Les tentatives de manipulation sont, parfois, grossières : certains clichés de décompte de voix ont visiblement été utilisés plusieurs fois, avec des noms de bureaux différents", révèle Jeune Afrique, qui a pu identifier ces pratiques en analysant les publications.


Jeune Afrique explique que "le parti au pouvoir tente ainsi visiblement de contrer les premiers récits du scrutin, qui lui sont traditionnellement défavorables". Cette contre-offensive numérique, bien que tardive, vise à noyer les résultats favorables à l'opposition sous un flot de données contradictoires.
"Ce 12 octobre, comme lors de chaque élection, l'opposition s'est montrée la plus prompte", note le magazine, soulignant que cette réactivité constitue un avantage stratégique majeur dans la bataille pour le contrôle du narratif post-électoral.

Selon l'analyse de Jeune Afrique, l'organisme électoral se trouve dans une position intenable. "Malgré de possibles restrictions d'internet et des menaces de poursuites, il sera impossible à l'administration d'empêcher l'opposition de publier les procès-verbaux en sa possession", affirme le magazine.
Cette prédiction s'est déjà vérifiée : quatre jours après le scrutin, des milliers de procès-verbaux circulent sur WhatsApp, Facebook et Twitter, échappant totalement au contrôle des autorités. "Le mouvement, qu'Elecam ne pourra ignorer, a commencé dès le 12 octobre et se poursuit", constate Jeune Afrique.


Pour Jeune Afrique, cette bataille numérique marque un tournant dans l'histoire politique camerounaise. Contrairement aux élections précédentes où le pouvoir contrôlait l'information grâce à sa mainmise sur les médias traditionnels, le scrutin de 2025 se déroule dans un environnement médiatique totalement transformé par le numérique.

"Les tendances peuvent s'atténuer au fil des jours et la mobilisation, s'essouffler", tempère toutefois le magazine, rappelant que l'enthousiasme initial de l'opposition pourrait retomber si Elecam tarde trop à publier les résultats officiels. Mais une chose est sûre : le Cameroun ne votera plus jamais comme avant.