Cameroun : elle accuse son mari d’avoir fabriqué un faux acte de mariage

Une femme poursuit son époux en justice pour faux. Elle ne reconnaît pas avoir signé l’acte de mariage qui la lie à ce dernier.

Le torchon brûle entre Joceline et Augustin. Ces deux jeunes gens se déchirent devant le Tribunal de première et grande instance de Kaélé (Extrême-nord), statuant en matière focale. Auteur d’une plainte dressée contre son époux pour abandon de foyer, Joceline lui reproche d’avoir quitté leur domicile conjugal en la délaissant avec leurs deux enfants, fruits de leur amour. Ces derniers étaient présents dans la salle d’audience du tribunal le 4 janvier 2022 fors de l’examen de l’affaire qui met aux prises leurs deux parents.

En fait, les deux membres du jeune couple avaient bravé vents et marées en 2018 pour se mettre ensemble, contre les avis de leurs familles respectives. Joceline toute en pleurs raconte qu’elle venait d’avoir le Brevet d’étude de Premier Cycle (Bepc) quand elle avait abandonné le domicile familial et son village pour se retrouver avec Augustin qui vivait dans une autre ville.

Elle avait perdu son père un mois avant et avait retrouvé goût à la vie dans les bras de celui qui était alors son prince. Elle n’hésite pas à raconter dans le moindre détail comment elle s’était retrouvée sous le même toit que son adversaire d’aujourd’hui et comment sa mère a réagi.

Extrait : «Constatant ma disparition de la maison, ma mère, qui n’acceptait pas de voir sa fille aller en mariage si jeune, avait remué terre et ciel pour me retrouver. Lorsqu’elle a appris que je vivais en couple, elle avait fait un scandale dans la famille d’Augustin. Or, j’étais déjà enceinte de notre premier fils.

Auguste, comme je l’appelais affectueusement, était content II avait cherché à arranger la situation avec ma famille en convoquant une assise. À l’issue de cette réunion, la situation s’est calmée du côté de ma famille qui exigeait un mariage en bonne et due forme.

Après un mois, il a donné la dot à mes parents. Il y a eu une grande fête ce jour-là. C’est ainsi qu’après quelques jours, Augustin est rentré un soir de son travail et m’avais montré un acte de mariage. Il disait que c’était notre acte de mariage. Comme je l’aimais avec passion, je ne me suis jamais préoccupé sur l’origine de ce document. Nous ne sommes jamais allés devant le maire pour célébrer un mariage».

4 enfants

Elle poursuit son récit en précisant avoir toujours été rejetée par sa belle-mère. «Elle disait que je ne convenais pas à son fils et qu’elle allait lui trouver une autre jeune fille meilleure que moi», précise-t-elle. Selon la jeune femme, ses déboires one commence dès la survenue de leur deuxième grossesse.
«Mon mari ne voulait plus d’enfant, il disait que le fils ainé suffisait, car il prétend ne pas avoir de moyens pour nous prendre en charge. Il a abandonné la maison pour aller vivre avec une autre femme en secret. Il m’avait présenté cette femme auparavant comme sa tante maternelle. Après enquête, j’ai été informée qu’il avait déjà quatre enfants avec cette femme. Je n’avais jamais su qu’il avait une autre femme».

Les différentes assises entre les deux familles pour faire revenir son époux à de meilleurs sentiments se sont avérées vaines. «Ma belle-famille qui ne m’aimait pas déjà, a juste réitéré son rejet. Ma propre maman m’a dit que c’est mon problème et qu’elle m’avait prévenue», se souvient Joceline.
Dans son témoignage, elle dit aimé encore son mari. Elle affirme que la requête introduite en justice vise à ramener le père de ses enfants à la maison. Elle a néanmoins pris le soin d’introduire aussi dans sa requête une demande de la pension mensuelle pour ses enfante.

Suivant de bout en bout le témoignage de sa compagne, Augustin a reconnu avoir abandonné le domicile conjugal mais nie catégoriquement l’accusation d’avoir «fabriqué» un acte de mariage à l’insu de sa femme. Il explique que c’était un 8 mars 2018 que leur mariage civil a eu lieu en la présence de sa mère et plusieurs autres membres des deux familles. Il indique que l’assise dont parle sa compagne était l’occasion de leur mariage et Joceline n’avait pas apprécié cette façon de se marier.

«Elle voulait un spectacle. Or, moi, je n’avais pas assez de moyens financiers pour organiser un grand événement selon ses rêves. C’est pourquoi, j’ai invité moins de personnes pour cette fête». À la question du Tribunal de savoir si ce n’était pas une façon de camoufler son premier mariage? Le père de famille répond par la négation. Il révèle que Jocelyne était informée de son deuxième mariage placé sous le régime polygamique.

«Elle m’avait avoué n’avoir pas de problème avec cela. J’aime encore Joceline mais je ne peux pas répondre à ses attentes envers moi. De mon côté, je ne souhaite plus avoir d’autres enfants, car je ne dispose pas d’assez de moyens pour prendre en charge deux familles», réaffirme Augustin.

Le juge, très conciliateur, a renvoyé l’affaire pour la prochaine audience programmée le 9 février 2022 tout en décidant de communiquer l’affaire au ministère public. «Allez-vous concerter et si nécessaire, cherchez conseils auprès des témoins de votre mariage et nous verront le mois prochain ce qu’il y a lieu de faire».»