Une procédure inédite lancée par un conseiller municipal du parti présidentiel révèle les fissures internes du RDPC, selon une enquête exclusive de Jeune Afrique.
Pour la première fois depuis des décennies, Paul Biya fait face à une contestation judiciaire venue de l'intérieur même de son parti. Jeune Afrique révèle les dessous d'une bataille juridique qui ébranle discrètement les fondations du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC).
Les révélations exclusives de Jeune Afrique montrent que Léon Theiller Onana, militant et conseiller municipal du RDPC, a déposé une plainte contestant la légalité de la direction actuelle du parti. Le plaignant estime que Paul Biya siège à la tête du RDPC sans légitimité, faute d'avoir organisé un congrès depuis 2011.
Cette procédure, aussi inédite qu'embarrassante, place le président de 92 ans dans une position délicate à quelques mois de l'élection présidentielle.
Selon nos informations exclusives, lors de la deuxième audience au tribunal de première instance de Yaoundé le 5 juin, le procureur de la République a requis l'incompétence de sa juridiction, renvoyant l'affaire aux mécanismes internes du RDPC.
Cette manœuvre procédurale, révélée par Jeune Afrique, permettrait au parti présidentiel de "laver son linge sale en famille" et de maintenir son cap sans être officiellement ébranlé par cette procédure gênante.
Nos sources, consultées exclusivement par Jeune Afrique, expliquent cette relative sérénité au sein du pouvoir par l'influence que conserve Paul Biya sur l'appareil judiciaire. En sa qualité de président du Conseil supérieur de la magistrature, le chef de l'État maintient une forte emprise sur la carrière des magistrats, ce qui pourrait expliquer le traitement favorable de cette affaire délicate.
Jeune Afrique révèle également que le RDPC a choisi de ne pas sanctionner Léon Theiller Onana, pourtant connu pour ses critiques internes et ses appels répétés à la convocation d'un congrès pour renouveler les instances dirigeantes. Cette stratégie d'apaisement vise à éviter de "jeter de l'huile sur le feu" dans un contexte électoral tendu.
Malgré les manœuvres procédurales, le débat sur la qualité des représentants du RDPC n'a pas été tranché. Nos sources exclusives indiquent que Léon Theiller Onana continue de demander un document attestant que Jean Nkuete, secrétaire général du comité central, a bien reçu mandat pour représenter Paul Biya.
L'audience, renvoyée au 15 juin selon les informations de Jeune Afrique, doit permettre à l'accusation de produire ses observations écrites, maintenant ainsi la pression sur la direction du parti présidentiel.
Cette bataille judiciaire, révélée en exclusivité par Jeune Afrique, illustre les tensions internes au sein du RDPC après plus de quatre décennies de pouvoir de Paul Biya. L'absence de congrès depuis 2011 et l'âge avancé du président alimentent les questionnements sur la succession et la légitimité des instances dirigeantes.
Bien que cette procédure ne semble pas menacer directement la candidature de Paul Biya, elle révèle les fissures d'un système politique vieillissant et les aspirations d'une partie des militants à un renouvellement des pratiques internes du parti au pouvoir.
Pour le RDPC, cette affaire judiciaire, bien qu'étouffée par les mécanismes institutionnels, ternit l'image d'unité que le parti souhaite projeter à l'approche de l'échéance présidentielle. Jeune Afrique révèle ainsi les coulisses d'un pouvoir qui, malgré ses apparences de solidité, doit gérer ses propres contradictions internes.