Le moment crucial est arrivé pour la population camerounaise. L’élection présidentielle d’octobre prochain est très attendue et l’heure est à la solidarité. L’Est doit désormais parler d’une même voix, le contenu d’une correspondance particulière publiée par le journaliste Boris Bertolt.
Chers frères et sœurs de la grande famille nationale, il est des moments où l’histoire ne se raconte plus, elle s’écrit. Et nous y sommes. À l’heure où le Cameroun s’apprête à franchir un nouveau tournant institutionnel et démocratique, à la veille d’un scrutin présidentiel décisif, chacun s’interroge, chacun observe, et surtout, chacun se positionne.
Nous voyons avec lucidité les manœuvres et les stratégies qui se dessinent dans les autres régions — particulièrement au Nord, dont certains leaders affûtent leur discours et leurs alliances, et dans une moindre mesure à l’Ouest, qui entend, elle aussi, faire entendre sa voix dans le partage du pouvoir national. Pendant ce temps, l’Est, notre chère région, semble observer, parfois avec étonnement, parfois avec une frustration silencieuse, ce ballet politique où les cartes se redistribuent.
Mais devons-nous rester en retrait ? Devons-nous attendre que d'autres décident à notre place de notre place ? Assurément non.
Notre région, riche de ses ressources, de sa culture, de ses peuples fiers et laborieux, ne saurait être cantonnée à un simple rôle de spectateur. Nous avons, nous aussi, une voix. Une histoire. Une légitimité. Une jeunesse qui aspire à servir et non à subir. Une société civile vigilante et engagée. Des cadres compétents. Des élus qui doivent se souvenir que leur mandat n'est pas un privilège, mais une responsabilité envers tous.
Le réveil citoyen qui souffle sur le pays n’épargne aucune contrée. Et il est temps, pour nous, de faire entendre notre voix, non pas dans la clameur du ressentiment, mais dans la clarté de la conviction. Il ne s’agit pas de revendiquer par posture, mais de participer par devoir. La République est une maison commune. Et dans cette maison, l’Est a toute sa place.
Face aux logiques de repli, de clientélisme ou d'exclusion, opposons la force de la fraternité républicaine. Car ce que nous exigeons pour notre région — équité, reconnaissance, développement —, nous le souhaitons aussi pour toutes les autres. Mais à condition que nous ne soyons plus les oubliés du débat national, les derniers servis à la table des décisions.
Nous devons désormais parler d’une seule voix, non pour diviser, mais pour construire. Pour rappeler que la légitimité ne se décrète pas, elle se bâtit sur la confiance des peuples. Et le peuple de l’Est est prêt. Prêt à contribuer, à diriger, à innover. Mais pour cela, il faut que ses fils et filles sortent du silence stratégique et prennent la parole politique, avec dignité, compétence et loyauté envers la République.
Oui, l’heure est venue. L’heure d’une mobilisation éclairée, d’une implication active et responsable. L’heure où l’Est doit cesser d’être un simple réservoir électoral et devenir un acteur structurant de l’avenir national.
En vérité, ce Cameroun qui s’éveille et se transforme a besoin de toutes ses forces vives. Il ne peut continuer à se construire sans une juste représentation de l’Est dans la gouvernance et dans les choix stratégiques. Il en va de la cohésion. Il en va de l’équité. Il en va de l’avenir.
Alors, prenons notre part. Sans arrogance, mais sans complexe. Dans la paix, mais avec détermination. L’histoire ne donne rien à ceux qui attendent ; elle écoute ceux qui osent.
Méditons, certes. Mais surtout, agissons. Ensemble. Fraternellement. Républicainement.