Actualités of Friday, 7 November 2025

Source: www.camerounweb.com

Cameroun : Tchiroma Bakary prépare une saisine de la CPI, révèle Jeune Afrique

Depuis son exil au Nigeria, l'opposant camerounais Issa Tchiroma Bakary ne baisse pas les armes. Selon des informations exclusives de Jeune Afrique publiées ce 7 novembre, l'ancien ministre de la Communication prépare une offensive judiciaire internationale d'envergure, visant à documenter les « crimes présumés » commis au Cameroun depuis l'élection du 12 octobre.


D'après les révélations du magazine panafricain Jeune Afrique, Issa Tchiroma Bakary a donné instruction à ses équipes d'avocats d'étudier la possibilité de saisir le bureau du procureur de la Cour pénale internationale (CPI). Cette démarche, qui marque une escalade sans précédent dans la crise post-électorale camerounaise, s'inscrit dans une logique de judiciarisation du conflit politique.
Jeune Afrique indique que les conseils juridiques de l'opposant sont actuellement en train de compiler des témoignages qui seront rassemblés dans un livre blanc. Ce document, dont l'existence n'avait pas été révélée jusqu'ici, devrait servir de base aux recours devant les juridictions internationales.



La référence à la CPI n'est pas anodine dans la stratégie de Tchiroma Bakary. Comme le souligne Jeune Afrique, l'opposant camerounais semble s'inspirer directement du scénario ivoirien de 2010-2011. Laurent Gbagbo, ancien président ivoirien, avait été transféré à la CPI après la crise post-électorale avant d'être acquitté en 2019, une décision confirmée en appel.
Cette coïncidence, relevée par le magazine, éclaire d'un jour nouveau la stratégie de long terme de l'ancien ministre. En évoquant publiquement sur Facebook le 29 octobre le cas d'un « voisin » où « le Conseil constitutionnel avait proclamé le président sortant vainqueur » avant que la situation ne bascule, Tchiroma Bakary ne cachait pas ses intentions.


Jeune Afrique précise également un détail géographique important : Issa Tchiroma Bakary se trouve actuellement au Nigeria, « non loin de la frontière avec son pays ». Cette proximité géographique lui permet de maintenir le contact avec ses partisans tout en restant à l'abri d'une éventuelle arrestation.
Depuis cette base arrière, l'opposant continue d'inciter ses partisans à la mobilisation, malgré « les arrestations et le vent de répression qui souffle » sur le Cameroun, rapporte le magazine. Les opérations « villes mortes » qui rythment la vie des régions camerounaises depuis début novembre font partie de cette stratégie d'intensification de la pression.


Selon les informations de Jeune Afrique, la saisine potentielle de la CPI ne constitue qu'un volet de l'offensive judiciaire préparée par Tchiroma Bakary. Au-delà de cette démarche internationale et de la répétition programmée des opérations « villes mortes » dans les prochains mois, l'opposant entend « inscrire son action dans le temps long ».

Cette révélation du magazine panafricain confirme que le bras de fer entre Paul Biya et son ancien ministre est loin d'être terminé. Alors que le président a appelé à une « union sacrée » lors de son investiture le 6 novembre, celle-ci semble « loin d'être gagnée », constate Jeune Afrique.


Le magazine rappelle un élément biographique significatif : lors des crises ivoirienne et centrafricaine du début des années 2010, Issa Tchiroma Bakary était porte-parole du gouvernement camerounais. Cette expérience lui confère une connaissance approfondie des mécanismes de gestion des crises post-électorales dans la sous-région, qu'il semble aujourd'hui retourner contre son ancien camp.
La stratégie internationale dévoilée par Jeune Afrique marque ainsi une nouvelle phase dans la contestation de la réélection de Paul Biya, avec des implications potentiellement lourdes pour la stabilité du Cameroun et son image sur la scène internationale.