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Politique of Friday, 10 December 2021

Source: Habéas Corpus

Cameroun : RDPC, un bateau ivre

RDPC, un bateau ivre RDPC, un bateau ivre

Jean Nkuété Règle ses comptes. Il vient de suspendre un journaliste pour faute lourde. « L’Appel d’Edéa » à Alphonse Joseph Bibehe dérange.

« Monsieur Fotso Foguem Serge Williams, journaliste rédacteur en chef de la presse écrite à la direction des organes de presse, de l’information et de la propagande du Secrétariat général du comité central du RDPC est à compter de ce mardi 7 décembre 2021 suspendu de ses fonctions pour une période de deux mois pour faute lourde ayant consisté en la publication frauduleuse dans le journal L’Action numéro 1349 du 1er décembre 2021 d’un article n’ayant pas fait partie du menu arrêté par la conférence de rédaction ».

Voilà en substance la teneur de la décision signée et publiée mardi 7 décembre 2021 par Jean Nkuété, Secrétaire général du comité central du RDPC.

Cette curieuse décision de Jean Nkuété tombée comme un couperet agite tout le landerneau politique non pas parce qu’elle est incompréhensible mais surtout parce qu’elle intervient une semaine après la parution de l’article querellé. Comment un article politique d’une telle importance a pu échapper à la vigilance du Directeur de publication du journal l’Action qu’est Jean Nkuété ? L’Action est pourtant le journal de propagande du parti au pouvoir. L’Action est le journal de choix du Président de la République Son Excellence Paul Biya.

Mise en page et impression

Avant l’impression d’un journal, il y’a d’abord une conférence de rédaction au cours de laquelle les articles sont proposés ; on procède ensuite la rédaction des articles retenus en conférence de rédaction et enfin on monte le journal avant de l’impression. Après le montage on imprime généralement une morasse qui est soumise à l’attention du Directeur de publication. Garant du respect de la ligne éditoriale, le Directeur de publication a le devoir de s’assurer si les contenus sont en phase avec celle-ci. Il doit donner son ACCORD avant l’impression du journal.

Cette procédure préalable ne semble pas avoir été respectée par le Directeur de Publication du journal l’Action. Le RDPC serait-il devenu un bateau ivre ? Comment comprendre la pertinence de la décision de Jean Nkuété à l’encontre du rédacteur en chef de son journal ? L’article querellé a paru dans son propre journal le 1er décembre 2021. L’auteur de l’article, Fotso Foguem Serge Williams, a été suspendu le 07 décembre 2021. Doit-on comprendre que Jean Nkuété ne maîtrise plus son gouvernail au point commettre de telles erreurs ? Question grave !

Le journaliste qui serait en même temps son neveu écope d’une suspension de deux mois pour faute lourde. Est-ce qu’une faute lourde correspond à deux mois de suspension ? NON ! Tout le monde sait qu’une faute lourde équivaut à tout le moins à un licenciement sans paiement d’indemnités y afférents. Jean Nkuété, haut Commis de l’Etat l’a-t-il oublié ? NON ! Cela saute aux yeux que l’envie de régler ses comptes au patriarche des Adiè Mpepee Alphonse Joseph Bibehe est plus forte que le souci de respecter les procédures et lois en vigueur.

La marche de Batombe

Dans son article le journaliste Serge Williams Fotso est revenu sur la fameuse journée du Dimanche 31 octobre 2021 au cours de laquelle Patrice Wenang, Jean Mbeinje, Evelyne Pagal (respectivement présidents des Sections RDPC d’Edéa 1, Edéa 2 et Massock-Songlouloulou) et Bernard Missinga, Maire de la Commune d’Arrondissement d’Edéa 1, avaient conduit à Batombe une procession politique révérencieuse à l’égard du patriarche Alphonse Joseph Bibehe.

Il était question pour eux de lui demander de reprendre ses activités au sein du RDPC à Edéa en particulier et dans la Sanaga-Maritime en général. « Vous avez bien compris que les militants de base que nous sommes et représentons, ne supportons plus votre absence. Le temps que vous avez passé en retrait a été suffisant pour rappeler à notre conscience militante votre importance (…) Revenez parmi nous, camarade. Venez reprendre votre place. La Sanaga-Maritime a besoin de vous. Le Rdpc, votre famille souffre sans vous », avaient-ils martelé ce jour-là à Batombe. Un document qu’il est désormais convenu d’appeler « L’Appel d’Edéa » avait été remis au patriarche. Le même manifeste signé par une centaine de responsables politiques avait été envoyé au comité central du RDPC.

La source du conflit

Comme dans une réponse du berger à la bergère, Mpepee Alphonse Joseph Bibehe, fervent militant du parti de la flamme depuis la première heure de l’avènement du Renouveau, capitaine d’industrie prospère, membre suppléant du comité central et personnalité ressource du RDPC en Sanaga-Maritime, rassembleur grandeur nature, avait dit aux militants qu’il a pris bonne note de leur doléance et que la réponse suivra. La foule de militants présents dans son ranch avait répondu par une salve d’applaudissements et des youyous de joie. La même humeur aurait pu se répandre au comité central si la rancune de Jean Nkuété n’était pas tenace.

En suspendant son propre neveu qui n’a fait que son travail de journaliste, Jean Nkuété semble avoir voué aux gémonies la volonté de la base ; relayée par le journal l’Action dans sa livraison du 1er décembre 2021. Le Secrétaire général du comité central n’entend surtout pas dérouler le tapis rouge au patriarche Alphonse Joseph Bibehe dont la popularité ne fait l’ombre d’aucun doute. C’est lui en effet qui contrôle la base militante du RDPC dans la Ville d’Edéa, malgré son retrait volontaire des activités du parti.