Actualités of Saturday, 12 July 2025
Source: www.camerounweb.com
Le leader du MRC pourrait accepter de ne pas porter la candidature de l'opposition si une coalition se forme. Jeune Afrique dévoile les coulisses des tractations en cours et les conditions posées par chaque camp.
Dans les salons feutrés de Yaoundé, les négociations pour une candidature unique de l'opposition battent leur plein. Jeune Afrique révèle les dessous de ces tractations qui pourraient rebattre les cartes de la présidentielle d'octobre. Au cœur de ces discussions : la question explosive de savoir qui portera les couleurs de cette coalition inédite.
Jeune Afrique peut révéler le rôle clé joué par Mamadou Mota, vice-président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), dans ces négociations secrètes. Originaire du septentrion comme Issa Tchiroma Bakary et Bello Bouba Maïgari, il est devenu l'interface privilégiée entre le parti de Maurice Kamto et les deux anciens ministres.
Selon nos informations exclusives, c'est lui qui a initié les premiers contacts, quelques jours seulement après la rupture spectaculaire entre ces deux figures du Nord et le RDPC. "Il fallait frapper vite et fort", confie un proche du dossier à Jeune Afrique. Ces rencontres bilatérales ont débouché sur un accord de principe : travailler à l'élaboration d'un projet de gouvernance commun.
La question qui agite les cercles politiques camerounais est désormais de savoir si Maurice Kamto, leader incontesté de l'opposition depuis 2018, accepterait de s'effacer au profit d'un autre candidat. Jeune Afrique a recueilli des éléments de réponse exclusifs sur sa position.
"Le président national dirige le parti avec son directoire national, et ensemble, ils définissent l'orientation de la politique que nous suivons", explique un cadre du MRC, rappelant le processus décisionnel qui avait mené au boycott des élections locales de 2020. Cette déclaration suggère que Kamto pourrait accepter de ne pas être le candidat si le directoire national l'approuve.
Nos sources révèlent que le camp Kamto pose néanmoins des conditions : une "union de gouvernance" plutôt qu'une alliance de "prébendes". Cette exigence vise à éviter les dérives de 1992, quand l'opposition s'était affaiblie par des ralliements opportunistes au pouvoir.
Jeune Afrique révèle les arguments développés par l'entourage de Bello Bouba Maïgari pour justifier sa candidature à la tête de la coalition. "C'est un ancien Premier ministre qui a un certain âge", confie un membre de son équipe. "Il se propose de conduire un mandat de transition, le temps de remettre les institutions à jour, puis de passer la main."
Cette stratégie du "mandat de transition" semble séduire certains négociateurs. Elle permettrait à Kamto de se positionner pour l'après-Biya tout en donnant des gages d'expérience gouvernementale à l'électorat. Selon nos informations, cette proposition fait l'objet d'intenses discussions au sein du MRC.
Du côté d'Issa Tchiroma Bakary, Jeune Afrique révèle une position plus nuancée. Le leader du FSNC avance que le candidat de consensus devra être "celui qui peut le plus recueillir l'assentiment du peuple". Une formule diplomatique qui lui permet de rester dans la course sans fermer la porte à ses partenaires.
En privé, nos sources révèlent qu'il a posé une condition ferme : le septentrion "n'aura pas deux candidatures". Cette déclaration vise directement Bello Bouba Maïgari et pourrait forcer l'un des deux hommes du Nord à s'effacer.
Jeune Afrique peut révéler le calendrier des prochaines rencontres cruciales. Après un premier rendez-vous avorté en raison "d'agendas divergents", Maurice Kamto et Issa Tchiroma Bakary devraient se rencontrer dans la semaine du 14 juillet. Un face-à-face qui pourrait être décisif pour l'avenir de la coalition.
Cette rencontre sera suivie d'un échange entre Kamto et Bello Bouba Maïgari, marquant selon nos informations le "top départ de la troisième étape" : définir le candidat de la coalition. Les équipes travaillent actuellement à l'élaboration de l'offre qui sera soumise aux leaders lors de ces rencontres bilatérales.
Jeune Afrique révèle l'existence d'une seconde initiative parallèle, rassemblant un plus grand nombre de formations politiques mais au poids relativement faible. Seuls l'Union démocratique du Cameroun (UDC) et le FSNC de Tchiroma Bakary y font figure de candidats sérieux.
Cette concurrence entre les deux projets pourrait paradoxalement servir les intérêts de Maurice Kamto. "Il n'est pas exclu que les deux projets fusionnent", confie un membre du FSNC, partie prenante des deux initiatives. Une fusion qui pourrait se faire sous l'égide du leader du MRC, renforçant ainsi sa position dans les négociations.
La semaine qui vient s'annonce donc décisive pour l'avenir de l'opposition camerounaise. Les tractations révélées par Jeune Afrique montrent que rien n'est joué et que les équilibres peuvent encore évoluer avant la désignation du candidat unique.