Actualités of Sunday, 10 August 2025

Source: www.camerounweb.com

Cameroun : Comment les investisseurs bamilékés transforment le cœur historique de Douala

Une enquête exclusive de Jeune Afrique révèle l'ampleur de l'implantation des hommes d'affaires bamilékés dans le quartier de Bonanjo, ancienne cité royale duala. Cette "conquête économique" redessine l'identité du centre d'affaires de la capitale économique camerounaise.


L'information est passée presque inaperçue, mais elle révèle une transformation majeure de la géographie économique camerounaise. Selon une enquête exclusive de Jeune Afrique publiée ce samedi, le quartier historique de Bonanjo à Douala connaît une véritable mutation sous l'impulsion d'investisseurs privés majoritairement bamilékés.

L'enquête de Jeune Afrique dévoile les noms et les montants d'investissements qui redéfinissent le paysage urbain de l'ancien village royal duala. Pascal Monkam, fondateur du groupe SEM et de la chaîne d'hôtels La Falaise, a ouvert son premier établissement à Bonanjo dès 1972, marquant le début de cette implantation.

Plus récemment, Samuel Foyou, fondateur d'Africa Golden Bank, a installé le siège de sa banque dans un immeuble de 10 étages en cours d'achèvement depuis décembre 2024, comme l'a révélé Jeune Afrique lors de son reportage exclusif dans le quartier.

L'enquête exclusive de Jeune Afrique met en lumière l'étendue de l'empire économique de la famille Kadji, héritière de Joseph Kadji Defosso. Au-delà de l'Union des brasseries du Cameroun (UCB), le groupe s'est diversifié dans l'immobilier, l'hôtellerie avec le K-Hotel implanté à Bonanjo, l'industrie laitière, la minoterie avec la Société des céréales du Cameroun (SCC), ainsi que dans le divertissement et le sport avec la Kadji Sport Academy.
Cette diversification révélée par Jeune Afrique illustre une stratégie d'ancrage territorial qui dépasse la simple implantation d'entreprises pour embrasser tous les secteurs de l'économie locale.

L'investigation de Jeune Afrique révèle également l'arrivée de personnalités du sport dans cette dynamique immobilière. Samuel Eto'o fait construire sa nouvelle "Eto'o Tower" sur l'avenue Charles-de-Gaulle, une tour mixte de 18 étages qui symbolise cette "gentrification verticale" que dénoncent les urbanistes interrogés par le magazine.

Selon les révélations exclusives de Jeune Afrique, cette mutation suscite des réactions contrastées. Jean-Yves Eboumbou Douala Manga Bell, roi du canton Bell, confie au magazine : "Ce qui compte, c'est que le progrès puise dans notre identité. Sinon, on élève des tours sans âme et l'on efface peu à peu ce que nous sommes."

L'enquête de Jeune Afrique révèle que les urbanistes parlent désormais de "gentrification verticale" pour décrire ce phénomène où "les anciennes bâtisses coloniales se voient peu à peu encerclées puis éclipsées par des constructions modernes, souvent édifiées à la hâte."

Cette transformation révélée par Jeune Afrique pose la question de l'équilibre entre modernité et préservation de l'héritage culturel duala. Le collectif "Mémoire et futur de Bonanjo", mentionné dans l'enquête exclusive du magazine, milite pour une ville à échelle humaine avec des promenades piétonnes et la réhabilitation du patrimoine en péril.

L'investigation de Jeune Afrique souligne que parmi les bâtiments qui attendent d'être sauvés figurent l'ancienne bibliothèque municipale, le jardin colonial, la Maison des anciens combattants et l'ex-hôtel de ville colonial.