Actualités of Wednesday, 22 October 2025

Source: www.camerounweb.com

Cameroun : Bello Bouba Maïgari, l'homme qui détient les clés du second tour politique

Avec seulement 2,45 % des suffrages, Bello Bouba Maïgari pourrait paradoxalement devenir l'arbitre de la crise post-électorale camerounaise. Alors que Paul Biya et Issa Tchiroma Bakary se disputent la légitimité de la victoire, le président de l'UNDP maintient un silence stratégique que Jeune Afrique décrypte en exclusivité.


Depuis la proclamation des résultats par la Commission nationale de recensement des votes le 20 octobre, donnant Paul Biya vainqueur avec 53,66 % contre 35,19 % pour Issa Tchiroma Bakary, tous les regards se tournent vers les candidats malheureux. Et particulièrement vers Bello Bouba Maïgari, dont le positionnement pourrait faire basculer l'équilibre des forces.

Selon les informations exclusives recueillies par Jeune Afrique, le chef de l'UNDP refuse catégoriquement de se prononcer en faveur de l'un ou l'autre des deux protagonistes avant la proclamation officielle des résultats par le Conseil constitutionnel, prévue au plus tard le 26 octobre. Une position qui, loin d'être anodine, s'inscrit dans une stratégie mûrement réfléchie.

Jeune Afrique a appris que cette posture est présentée par la porte-parole de l'UNDP comme un refus de « légitimer prématurément » un scrutin dont les résultats officiels n'ont pas encore été communiqués au parti. « Si vous savez que votre candidat [Issa Tchiroma Bakary] a gagné, installez-le. Pourquoi vouloir mêler Bello Bouba Maïgari à cela ? », rétorque-t-elle aux sollicitations de l'opposition.

Un détail révélé par Jeune Afrique a son importance : Pierre Flambeau Ngayap, secrétaire général de l'UNDP, était présent lors des travaux de la Commission nationale de recensement des votes ces derniers jours. Contrairement au FSNC d'Issa Tchiroma Bakary qui a claqué la porte, l'UNDP a maintenu sa présence institutionnelle.

Cette information, obtenue en exclusivité par Jeune Afrique, soulève de nombreuses questions sur les intentions réelles du parti. S'agit-il d'un rapprochement avec le pouvoir en place ? D'une volonté de préserver les canaux de dialogue avec le RDPC, auquel l'UNDP était encore alliée il y a quelques mois ? Ou simplement d'une posture d'observation en attendant de voir quel camp l'emportera définitivement ?


Jeune Afrique révèle que l'UNDP se trouve aujourd'hui à la croisée des chemins. Le parti qui, selon nos informations, avait rompu avec le pouvoir de Paul Biya après des décennies d'alliance depuis 1992, pourrait être tenté par un retour dans le giron présidentiel. Surtout après une défaite électorale aussi cuisante que celle du 12 octobre.

D'un autre côté, Jeune Afrique a appris que le camp Tchiroma Bakary multiplie les pressions sur les candidats malheureux pour qu'ils rejoignent sa contestation et renforcent sa légitimité populaire. Dans ce bras-de-fer, chaque soutien compte, et les 112 758 voix de Bouba Maïgari, bien que modestes, pourraient avoir une valeur symbolique importante.

Selon les analyses recueillies par Jeune Afrique, le positionnement final de Bello Bouba Maïgari sera scruté avec attention par les observateurs internationaux. Si l'ancien Premier ministre décide de rallier Issa Tchiroma Bakary dans sa contestation, cela pourrait donner un poids supplémentaire à la thèse de la fraude électorale. À l'inverse, une reconnaissance de la victoire de Paul Biya affaiblirait considérablement la crédibilité de l'opposition.
Jeune Afrique révèle que Pierre Flambeau Ngayap insiste sur le fait que personne n'a le pouvoir de forcer Bello Bouba Maïgari à reconnaître la victoire d'un candidat avant la proclamation officielle. Une déclaration qui laisse entendre que toutes les options restent ouvertes et que des négociations pourraient être en cours en coulisses.


La porte-parole de l'UNDP, contactée par Jeune Afrique, adopte une posture offensive face aux pressions de l'opposition : « Ils prétendent qu'il y a eu tricherie, mais sur quelle base ? S'ils ont les PV, qu'ils les montrent. Sinon, ils ne font que manipuler l'opinion publique », affirme-t-elle.

Cette sortie, révélée par Jeune Afrique, témoigne d'une certaine distance, voire d'une méfiance, de l'UNDP envers la stratégie de Tchiroma Bakary. Elle pourrait également indiquer que le parti de Bouba Maïgari n'exclut pas un retour à une alliance avec le RDPC, malgré la rupture consommée quelques mois plus tôt.


Jeune Afrique a appris que le temps qui sépare aujourd'hui de la proclamation officielle du Conseil constitutionnel le 26 octobre sera mis à profit pour « peaufiner une stratégie », selon les termes employés par nos sources. Bello Bouba Maïgari, malgré son score décevant, pourrait ainsi jouer un rôle déterminant dans le dénouement de cette crise post-électorale qui secoue le Cameroun.