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Actualités of Thursday, 29 February 2024

Source: L'Oeil du Sahel

Cameroun : 05 militaires tués dans l’explosion d’une mine

"Ils ont demandé à la population de replier"

Les soldats de deuxième classe Meidogo et Besso, le caporal Koumou et les Sergents Nkoulou et Dounia, tous en détachement au poste militaire de Gossi par Tourou dans le département du Mayo-Tsanaga, ont été tués dans l’explosion d’une mine dans la nuit du 26 au 27 février 2024. La voiture à bord de laquelle ils étaient, a explosé alors qu’ils pourchassaient des combattants de Boko Haram qui avaient infiltré la localité. Leur voiture a sauté sur une mine enfouie sous terre par les éléments de Boko Haram. «C’est vers 21h que nous les avons aperçus. Nous étions à notre poste de veille quand ils ont cherché à s’introduire dans le camp mission. Ils voulaient probablement s’approvisionner en denrées alimentaires et en effets vestimentaires.

Mal leur en a pris. Car ils ont trouvé en poste en compagnie des jeunes du village qui veillaient avec nous. Nous les avons repoussés et les avons pourchassés jusqu’à la localité de Loktcha», explique Emmanuel Viziga, président du comité de vigilance de Tourou. Le villageois poursuit en disant que, «comme ils se voyaient trahis par l’éclairage des lampadaires, ils les ont détruits créant ainsi de l’obscurité autour d’eux. Nous ne les avons pas lâchés. A l’aide des lampestorches, nous avons poursuivi la chasse à l’homme. Pour les dissuader, nous nous sommes répartis en plusieurs groupes et l’aide des armes à feu de fabrication traditionnelle, nous avons continué à les traquer. Suite à la pression à laquelle nous les avons soumis, ils ont replié à Dabidalo, une localité située à quatre kilomètres du centre-ville de Tourou». Les ayant repoussés, les populations ont alerté les éléments du Bataillon d’intervention rapide (BIR) en poste de Gossi.

«Ils ont demandé à la population de replier. Ils ont pris la relève et les ont combattus. Se sentant en position de faiblesse, ils se sont déplacés là où ils ont enfoui l’engin explosif. Ils savaient que l’armée allait les poursuivre. Et effectivement, ces derniers se sont mis à leurs trousses à bord de deux véhicules. Ayant roulé sur la mine, la première voiture a sauté. Quatre militaires sont morts sur-lechamp et deux autres étaient grièvement blessés et conduits à l’hôpital régional annexe de Mokolo. Malheureusement, un des deux blessés, sergent Dounia n’a pas résisté à ses blessures. Il a également rendu l’âme. Ce qui relève le nombre des morts à cinq», déclare Emmanuel Viziga, président du comité de vigilance de Tourou. Selon les témoignages recueillis auprès des habitants, le choc était extrêmement violent au point où la voiture de nos vaillants soldats a été mise en morceaux.

«L’état dans lequel se trouve la voiture qui a sauté sur la mine témoigne du degré de la violence avec laquelle elle a été projetée. Elle est méconnaissable. Elle a été mise en morceaux. L’explosion a également creusé un grand trou. On peut d’ailleurs dire que ces gens ont planifié leur coup» poursuit Emmanuel Viziga. Pour intervenir, l’armée a été contrainte de contourner. De Gossi où elle est basée, elle a dû contourner tout le village, évitant les passages des extrémismes pour les affronter de face. «Le démantèlement des douze postes militaires suite aux attaques que les militaires ont subies il y a quelques mois, est la principale cause de l’intensification de l’insécurité que nous traversons. Il y avait un poste militaire à Dabidalo et ce poste a été démonté. Depuis lors, cette localité est devenue un corridor à ces ennemis de la paix.

Si ce poste avait été là, nous ne serions pas dans cette situation aujourd’hui. La seule présence des militaires dans cette localité les aurait dissuadés», déclare Jonas Gamdou, habitant de Tourou. La recrudescence de ces attaques est le fruit du démentiellement des positions militaires dans la zone. Pour les habitants, leur réinstallation dans ces zones stratégiques du canton de Tourou est une nécessité. «Notre localité est devenue une véritable passoire pour ces criminels depuis le démantèlement des postes militaires par le gouvernement. Il faut que le gouvernement les rétablisse pour la sécurité de tout le monde. Par le passé, tous les points stratégiques de la localité étaient occupés par l’armée. Ils avaient quadrillé le village au point où ces malfaiteurs ne pouvaient infiltrer facilement le village. Pour le bien de tous, le gouvernement devra revoir sa stratégie», conclut Jonas Gamdou.