Actualités of Thursday, 28 August 2025

Source: www.camerounweb.com

Camair-Gate : anatomie d'un système de corruption dans l'aviation africaine

L'affaire Tchiroma dévoile les mécanismes de corruption dans l'industrie aéronautique africaine. Entre sociétés-écrans, rétrocommissions et récupération judiciaire, décryptage d'un système à plusieurs milliards.
Les révélations de Jeune Afrique sur l'affaire Tchiroma-SAA offrent un aperçu inédit des mécanismes de corruption dans l'industrie aéronautique africaine. Au-delà du cas individuel, c'est tout un système d'enrichissement illicite qui se dévoile.




Jeune Afrique révèle le rôle central de Advanced Technics Trust, dirigée par le Libanais Fouad Srouji, dans l'orchestration des commissions illégales. Cette société intermédiaire a permis à SAA de reverser 1,2 million d'euros de commissions à des responsables camerounais, dont Issa Tchiroma Bakary et Joseph Belibi, président du conseil d'administration de Camair.
Les investigations de Jeune Afrique montrent comment cette société change de mains stratégiquement, passant sous le contrôle de Pierre Mila Assoute, proche du ministre Amadou Ali, illustrant les connexions politico-économiques dans ces montages.


L'enquête de Jeune Afrique dévoile un aspect méconnu : la "récupération judiciaire" comme business model. Pierre Mila Assoute réclamait 10% du montant récupéré, soit 2,4 millions d'euros, pour son rôle dans le recouvrement des 26 millions de dollars.


Jeune Afrique révèle que cette bataille judiciaire se poursuit encore aujourd'hui, Mila Assoute ayant été condamné à verser 50 millions de francs CFA à l'État camerounais pour "procédures abusives", somme qu'il n'a jamais versée.


Les révélations de Jeune Afrique illustrent pourquoi l'aviation reste un secteur à haut risque de corruption en Afrique. Les contrats de maintenance, souvent opaques et techniquement complexes, se prêtent aux arrangements douteux.
Le crash du Boeing 737-200 de Camair en décembre 1995, révèle Jeune Afrique, a paradoxalement facilité la dénonciation du système par le nouveau directeur de SAA, illustrant comment les tragédies aériennes peuvent révéler les dysfonctionnements structurels.


L'analyse de Jeune Afrique suggère que le "modèle Camair" - reconnaissance de la corruption pour obtenir réparation - pourrait faire école. Cette stratégie, bien que risquée pour l'image, s'avère financièrement payante, le Cameroun ayant récupéré ses 26 millions de dollars.


Les révélations de Jeune Afrique montrent ainsi comment les États africains peuvent retourner les mécanismes de corruption à leur avantage, ouvrant la voie à de nouvelles stratégies de récupération d'actifs détournés.