Actualités of Tuesday, 11 November 2025

Source: www.camerounweb.com

CRTV : un grand bouleversement, Paul Biya interpellé

L'organisation internationale de défense de la liberté de la presse demande au président Biya d'engager des transformations structurelles du paysage médiatique camerounais.

Reporters Sans Frontières (RSF) a lancé un appel solennel au président camerounais Paul Biya pour qu'il engage des réformes en profondeur du secteur audiovisuel public. Dans un communiqué publié le 10 novembre 2025, l'organisation internationale dénonce le fonctionnement actuel de Cameroon Radio Television (CRTV), qu'elle considère comme un simple outil de communication au service du pouvoir en place plutôt qu'un véritable service public.


Selon RSF, la CRTV souffre de graves carences en matière d'indépendance et de transparence. « La CRTV fonctionne actuellement comme un média d'État au service de la communication du régime. Son directeur général est nommé par décret présidentiel et son financement n'est pas transparent », déplore l'organisation dans son communiqué.


Cette situation compromet la mission fondamentale d'un média public, qui devrait servir l'intérêt général et garantir un traitement équilibré de l'information, indépendamment des intérêts du gouvernement en place.


Pour remédier à cette situation, RSF propose la mise en place d'un Conseil de l'audiovisuel public. Cette instance serait chargée de superviser la stratégie et le fonctionnement de la CRTV, dans le but d'assurer son indépendance éditoriale et son service à l'intérêt général. « Afin d'assurer son indépendance et son service à l'intérêt général, le mode de fonctionnement de la CRTV doit être réformé », insiste l'organisation.


Cette proposition s'inscrit dans un programme plus ambitieux présenté au président Biya au lendemain de sa prestation de serment pour un huitième mandat, le 6 novembre 2025. RSF a élaboré dix recommandations visant à améliorer la liberté de la presse au Cameroun.


Parmi ces mesures figure également la révision des textes régissant le Conseil national de la communication (CNC), l'organe de régulation des médias. L'organisation demande que des journalistes soient intégrés dans le processus de nomination des membres du CNC, dont la composition est actuellement décidée par décret présidentiel. Cette réforme permettrait, selon RSF, de garantir une véritable autonomie de l'instance de régulation.


Ces recommandations interviennent à un moment symbolique, alors que le président Biya entame son huitième mandat à la tête du pays. RSF semble ainsi profiter de ce nouveau cycle politique pour plaider en faveur d'une transformation en profondeur du paysage médiatique camerounais.