Actualités of Thursday, 11 December 2025

Source: www.camerounweb.com

CRTV Télé, Equinoxe TV, Canal 2 International, Vision 4, STV et Balafon TV : plusieurs médias frappés

Le CNC sanctionne plusieurs médias pour manquements déontologiques et diffamation


Le Conseil National de la Communication (CNC) a rendu publiques les décisions de sa 48e session ordinaire, tenue le 10 décembre 2025. Entre suspensions de journalistes, avertissements et rappels à l'ordre, cette session marque un durcissement de la régulation face aux dérives médiatiques.


Des sanctions lourdes pour diffamation et investigations insuffisantes
Le journal Première Heure et son journaliste Serge Ateba ont été les premiers à subir la rigueur du CNC. Suite à la plainte de NGO'O Cyrus, Directeur Général du Port Autonome de Douala, le régulateur a sanctionné le média pour avoir publié des allégations non vérifiées présentant le plaignant comme un « prédateur foncier ». Le directeur de publication a reçu un avertissement, tandis que Serge Ateba écope d'une suspension de deux mois pour « investigation insuffisante » et « manquement professionnel ».

Cette affaire fait écho à d'autres sanctions prononcées lors de la même session. Emmanuel Nganou Djoumessi, Ministre des Travaux Publics, a obtenu gain de cause contre L'Indépendant Économie et son journaliste Ndzana Arsène, accusés d'avoir relayé des allégations de malversations financières sans vérification préalable. Le directeur du média a reçu un avertissement, et Ndzana Arsène se voit suspendu pour un mois.

La chaîne Vision 4 et sa journaliste Annette Keysha Tsoyi n'ont pas échappé à la vigilance du CNC. Alain Christian Kingue, Président de la Fédération Camerounaise de Judo, avait saisi le régulateur après la diffusion d'un enregistrement non autorisé d'une conversation privée concernant un accident impliquant une athlète camerounaise. La journaliste a reçu un avertissement pour « manquement professionnel constitutif d'atteinte à l'éthique et à la déontologie ».


L'affaire Climat Social illustre les tensions entre certains médias et le CNC. Mbombog Mbog Matip, directeur de publication du journal, avait été convoqué suite à une plainte de l'Honorable Manfouo David pour accusations de fraude foncière. Malgré une convocation notifiée par huissier, le directeur a refusé de se présenter devant le régulateur. Cette obstruction a conduit à sa suspension de deux mois de ses fonctions de directeur de publication et de journaliste, pour « entrave à la mission du CNC ».

Cette décision soulève des questions sur l'autorité du CNC et la résistance de certains médias face à son contrôle. Dans un cas similaire, le régulateur peine toujours à localiser le siège de L'Émissaire, média également visé par une plainte d'Emmanuel Nganou Djoumessi. L'affaire a été reportée à la prochaine session en attendant la poursuite des investigations.


Tous les dossiers n'ont cependant pas abouti à des sanctions. Le CNC avait ouvert une procédure contre Equinoxe TV et son journaliste Serge Alain Otou Etoundi pour des propos remettant en cause une décision du Conseil Constitutionnel relative à l'élection présidentielle. L'affaire a été classée sans suite après que le journaliste a justifié avoir « encadré ses panélistes » et « réaffirmé le caractère incontestable des décisions du Conseil Constitutionnel » dans ses émissions suivantes.
Par ailleurs, l'examen de la plainte contre Le Reporter Hebdo, dirigé par Mekamba Mekamba Raymond, a été reporté en raison d'un certificat médical du mis en cause. Une autre affaire concernant un article de Le Jour relatif à l'élection présidentielle du 12 octobre 2025, jugé « insinuant et non fondé », a également été renvoyée pour complément d'information.


Au-delà des cas individuels, le CNC a adressé un avertissement solennel à plusieurs chaînes de télévision, dont CRTV Télé, Equinoxe TV, Canal 2 International, Vision 4, STV et Balafon TV. Ces médias audiovisuels ont diffusé des émissions politiques pendant la période de suspension imposée avant les élections régionales du 30 novembre 2025. Le régulateur leur rappelle le « strict respect des mesures d'encadrement en période électorale ».
Cette 48e session ordinaire réaffirme le rôle du CNC comme régulateur des médias au Cameroun, tout en rappelant aux professionnels l'importance du respect de la déontologie et de l'éthique journalistique. Reste à savoir si ces sanctions suffiront à restaurer la crédibilité de l'institution auprès d'un milieu médiatique partagé entre nécessité de régulation et défense de la liberté de la presse.