Actualités of Wednesday, 9 July 2025

Source: www.camerounweb.com

CONFIDETIEL: René Emmanuel Sadi pousse Paul Biya à sortir d'Etoudi, Chantal Biya en colère

Dans le camp présidentiel, un flou total plane toujours autour de la candidature de Paul Biya, à moins de trois mois seulement du scrutin présidentiel. Les révélations exclusives sur les doutes exprimés par René Emmanuel Sadi en privé révèlent des divisions inédites au sein du gouvernement.
Yaoundé, 9 juillet 2025

Le ministre René Emmanuel Sadi, figure emblématique du régime qui a travaillé avec Ahmadou Ahidjo, a confié à ses proches que "tant que Paul Biya ne le reçoit pas pour lui dire qu'il est candidat, il n'y croit pas". Ces confidences, recueillies par notre rédaction, révèlent l'ampleur des incertitudes qui règnent au plus haut niveau de l'État, à quelques mois seulement de l'élection présidentielle d'octobre 2025.

Cette révélation prend une dimension particulière quand on sait que Sadi, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, dispose d'un accès privilégié aux intentions réelles du chef de l'État. Son scepticisme, exprimé dans l'intimité, contraste singulièrement avec les déclarations publiques de certains de ses collègues et témoigne d'un gouvernement désormais divisé sur cette question cruciale.

Ce 7 juillet, René Emmanuel Sadi, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, et Jacques Fame Ndongo, secrétaire à la Communication du Comité central du RDPC, tous deux membres influents du régime de Yaoundé, se sont exprimés sur RFI. Leurs propos sur la candidature de Paul Biya présentaient toutefois des nuances révélatrices des tensions internes.
Paul Biya sera-t-il candidat au prochain scrutin présidentiel ? René Emmanuel Sadi, en bon diplomate qu'il est, a joué la carte de la prudence publique. Selon lui, "la décision est à 50-50", précisant que le chef de l'État "se prononcera en son âme et conscience le moment venu". Un ton mesuré, presque incertain, qui laisse la porte ouverte à toutes les hypothèses et qui fait écho à ses doutes privés. Il a néanmoins rappelé que la base militante du RDPC restait fidèle et prête à se mobiliser.

Jacques Fame Ndongo, ministre d'État et secrétaire à la communication du parti, a, lui, été beaucoup plus tranchant. Pour le Pr Fame Ndongo, aucun doute possible. "Le candidat du RDPC est désigné à l'article 27, alinéa 3, des statuts du Parti. Que dit cet article ? Le Président national du RDPC est le candidat du Parti à l'élection présidentielle. Il est le candidat, et je le dis de manière catégorique."

Il poursuit avec une argumentation juridique implacable : "On n'a pas besoin d'un congrès, on n'a pas besoin d'autre chose. Nous avons nos statuts. C'est le droit positif, c'est-à-dire que l'article 27, alinéa 3, des statuts du Parti ne laisse planer aucun doute : le Président national du RDPC est le candidat à l'élection présidentielle. Nos statuts sont clairs : pour être candidat à l'élection présidentielle, il faut être Président national de ce Parti. Or, je ne sache pas qu'il y ait un autre Président national du RDPC. C'est Son Excellence Paul Biya, Président national du Parti, qui est le candidat du RDPC, conformément aux statuts."
Une position sans détour, qui, à l'analyse, semble déjà entériner la candidature de Paul Biya, sans attendre une quelconque déclaration officielle.

Cette opposition de ton entre deux figures centrales du régime illustre les divisions qui traversent désormais le gouvernement. D'un côté, Sadi, fort de son expérience et de sa proximité historique avec le pouvoir, exprime une prudence qui reflète peut-être une connaissance intime des hésitations présidentielles. De l'autre, Fame Ndongo s'appuie sur une lecture strictement statutaire pour affirmer une certitude que les faits n'ont pas encore confirmée.
Ces divergences révèlent aussi les stratégies différentes adoptées par les cadres du régime face à l'incertitude. Certains préfèrent préparer l'opinion à toutes les éventualités, quand d'autres misent sur l'affirmation de certitudes pour rassurer la base militante et décourager les velléités d'opposition.

Le fait que René Emmanuel Sadi, qui a travaillé avec Ahmadou Ahidjo, exprime de tels doutes n'est pas anodin. Cette expérience historique lui donne une perspective unique sur les mécanismes du pouvoir camerounais et sur l'importance des communications directes entre le chef de l'État et ses collaborateurs les plus proches. Son scepticisme pourrait refléter une connaissance des codes internes du pouvoir que ne partage pas nécessairement la génération plus récente de cadres.

Entre prudence institutionnelle et affirmation catégorique, ces deux voix du sérail illustrent la tension grandissante autour de l'après-Biya... ou de son éternel retour. Les confidences de Sadi suggèrent qu'au-delà des déclarations publiques, le mystère reste entier sur les véritables intentions du président camerounais.