Actualités of Tuesday, 30 September 2025
Source: www.camerounweb.com
Selon des informations révélées par Jeune Afrique, les services de renseignement du Cameroun auraient mis en garde le président sortant contre le danger d'une grande coalition d'opposants capable de rassembler les électeurs des différentes régions.
C'est une révélation qui en dit long sur les inquiétudes du pouvoir à Yaoundé. Selon les informations exclusives de Jeune Afrique, les services de renseignement camerounais ont tiré la sonnette d'alarme auprès du président Paul Biya : une grande coalition d'opposition pourrait lui faire perdre l'élection présidentielle du 12 octobre prochain.
Cette mise en garde, particulièrement rare dans un pays où le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) règne sans partage depuis des décennies, témoigne de la nervosité grandissante au sein du pouvoir face à la possibilité d'un front uni des opposants.
Jeune Afrique révèle que la principale crainte des services de renseignement reposait sur l'émergence d'une candidature capable de "rassembler les électeurs des différentes régions du pays". Dans un Cameroun profondément divisé entre zones géographiques et linguistiques, une telle coalition aurait pu créer une dynamique électorale inédite.
Le spectre d'une alliance entre les barons du Nord - Bello Bouba Maïgari et Issa Tchiroma Bakary -, soutenue par des figures anglophones comme Akere Muna ou Ateki Caxton, et bénéficiant éventuellement du poids de Maurice Kamto dans les régions francophones, représentait le cauchemar absolu du régime.
Fort de cette alerte, le pouvoir semble avoir laissé les rivalités personnelles et les ambitions individuelles faire leur œuvre. Comme le souligne Jeune Afrique, le scénario redouté "a fait long feu". À deux semaines du scrutin, non seulement la grande coalition n'a pas vu le jour, mais l'opposition s'est même fragmentée en deux coalitions concurrentes.
Le ministre de l'Administration territoriale, Paul Atanga Nji, n'a d'ailleurs pas caché sa satisfaction, qualifiant avec dédain les tentatives d'alliance de "arrangements de quartier" arrivant trop tard, après l'impression des douze bulletins de vote.
Si officiellement le parti au pouvoir affiche une confiance inébranlable en la victoire de Paul Biya, cette révélation de Jeune Afrique montre que dans les coulisses, l'inquiétude était bien réelle. La dispersion de l'opposition en une multitude de candidatures - douze au total - constitue désormais la meilleure garantie pour le maintien du statu quo.
Pour le RDPC, l'échec de la "candidature consensuelle" portée par le groupe de Douala, après celui du groupe de Foumban pour une "candidature unique", représente un soulagement majeur à moins de deux semaines du scrutin. Les services de renseignement peuvent désormais rassurer le président : le danger d'une union capable de le battre s'est définitivement éloigné.