Alors que de jeunes militants pro-Biya affirmaient avoir financé « citoyennement » la caution électorale du président, le magazine Jeune Afrique a pu révéler que les fonds proviennent en réalité de l'homme d'affaires incarcéré Jean-Pierre Amougou Belinga. Selon nos informations exclusives, confirmées par plusieurs sources au sein de l'appareil financier et sécuritaire camerounais, le versement de 40 millions de FCFA a été orchestré depuis la prison de Kondengui via la société de produits financiers de l'empire Belinga, Vision Finance.

Le parcours précis de cette somme, présentée comme un don spontané de la jeunesse lors de la cérémonie officielle à Etoudi, a été reconstitué par Jeune Afrique. L'ordre de virement est parti de l'homme d'affaires lui-même, depuis son lieu de détention. Les fonds ont ensuite été extraits des liquidités disponibles de Vision Finance, une structure implantée à Yaoundé et Douala, avant d'être acheminés. Cette manœuvre démontre que, malgré son incarcération, Jean-Pierre Amougou Belinga conserve un contrôle opérationnel sur ses actifs financiers et une capacité d'initiative politique.

La rédaction de Jeune Afrique a tenté de contacter la direction de Vision Finance pour obtenir une réaction sur l'utilisation de ses circuits pour une transaction à haut caractère politique. Nos appels sont restés sans réponse. Cette révélation jette une lumière crue sur les mécanismes informels de financement politique et la perméabilité entre certains milieux d'affaires et l'État. En utilisant sa société financière, Amougou Belinga a non seulement offert un soutien au chef de l'État, mais il a aussi soigneusement évité un transfert d'argent direct et traçable, brouillant les pistes grâce à un montage dont Jeune Afrique dévoile aujourd'hui l'existence.