Actualités of Tuesday, 30 December 2025

Source: www.camerounweb.com

CONFIDENTIEL: Samuel Mvondo Ayolo, l'homme clé des négociations secrètes avec Tchiroma Bakary

Dans l'ombre de la crise post-électorale camerounaise, un homme orchestre discrètement les tentatives de dialogue avec l'opposition : Samuel Mvondo Ayolo, directeur du cabinet civil de la présidence. Selon des révélations de Jeune Afrique, ce proche collaborateur de Paul Biya multiplie les initiatives pour convaincre Issa Tchiroma Bakary de rejoindre un gouvernement d'union nationale. Portrait d'un négociateur en chef dont la mission semble de plus en plus impossible.


Depuis plusieurs mois, le nom de Samuel Mvondo Ayolo circule dans les cercles politiques de Yaoundé comme celui de l'architecte discret d'une solution à la crise camerounaise. Directeur du cabinet civil de la présidence, cet homme de l'ombre est devenu, selon Jeune Afrique, le point focal des tractations avec Issa Tchiroma Bakary, l'opposant réfugié en Gambie qui revendique la victoire à la présidentielle du 12 octobre.

Jeune Afrique révèle que Samuel Mvondo Ayolo a déployé une véritable stratégie d'approche à plusieurs niveaux pour tenter de ramener Tchiroma Bakary dans le giron du pouvoir. Contrairement aux méthodes frontales, le directeur du cabinet civil a privilégié les canaux indirects, mobilisant tour à tour des ministres, des députés et des proches de l'opposant.

Parmi les initiatives documentées par Jeune Afrique, le cabinet civil de Mvondo Ayolo a notamment tenté de passer par Jean-Calvin Aba'a Oyono, un proche allié de Tchiroma Bakary. Un rendez-vous avait été organisé, preuve de la capacité de Mvondo Ayolo à identifier les bons interlocuteurs et à établir des contacts au plus près de l'opposant. Mais l'opération a échoué, Tchiroma Bakary ayant demandé à son allié de ne pas s'y rendre à la dernière minute.

Ce que révèle Jeune Afrique, c'est l'existence d'un véritable réseau d'émissaires coordonné depuis le cabinet civil. Henri Eyebe Ayissi, ministre de l'Agriculture et du Développement durable, un député du RDPC originaire du Mbam, Grégoire Owona, ministre du Travail : tous ces acteurs semblent avoir été mobilisés dans le cadre d'une stratégie globale pilotée par Samuel Mvondo Ayolo.
"Le cabinet civil de la présidence est devenu le quartier général des négociations", confie une source proche du dossier à Jeune Afrique. "Mvondo Ayolo centralise toutes les informations, coordonne les approches et rend compte directement au Chef de l'État. C'est lui qui a la main sur ce dossier sensible."
Cette approche en étoile témoigne d'une volonté de multiplier les points de contact, dans l'espoir qu'au moins l'un d'entre eux finisse par ouvrir une brèche. Mais elle révèle aussi l'ampleur du défi : malgré tous ces efforts, aucune avancée significative n'a été enregistrée.

Selon Jeune Afrique, Samuel Mvondo Ayolo n'a pas renoncé. Récemment encore, le directeur du cabinet civil aurait personnellement tenté de rétablir un canal de discussion avec Tchiroma Bakary, cette fois via un soutien influent de l'opposant. Une démarche qui souligne l'implication directe de Mvondo Ayolo dans ce dossier épineux.
Mais comme les précédentes, cette initiative n'a pas abouti. L'opposant campe sur sa position : pas de négociation tant que la "vérité des urnes" n'est pas reconnue. Pour Samuel Mvondo Ayolo, cette intransigeance constitue un mur infranchissable, malgré l'arsenal de propositions déployé par Yaoundé.

Jeune Afrique révèle également que le travail de Samuel Mvondo Ayolo s'inscrit dans un contexte de pression diplomatique croissante. La France et le Nigeria poussent activement pour une solution négociée. Le président Emmanuel Macron et le vice-président nigérian Kashim Shettima auraient même évoqué le dossier camerounais lors du G20 en Afrique du Sud.

Cette dimension internationale ajoute une urgence particulière à la mission de Mvondo Ayolo. Une ouverture à l'opposition permettrait à Yaoundé d'obtenir un apaisement diplomatique, notamment avec ses deux partenaires les plus influents dans la région. Le directeur du cabinet civil porte donc sur ses épaules non seulement une résolution de crise interne, mais aussi une partie de la crédibilité internationale du régime.


Au-delà des négociations avec Tchiroma Bakary, Samuel Mvondo Ayolo est également, selon Jeune Afrique, au cœur de l'élaboration du futur gouvernement. Le remaniement ministériel, censé marquer la fin de la crise, reste suspendu. Et pour cause : tant que l'hypothèse d'un gouvernement d'union nationale n'est pas définitivement écartée, la liste des futurs ministres ne peut être finalisée.
"Mvondo Ayolo se trouve dans une position délicate", analyse un observateur de la vie politique camerounaise cité par Jeune Afrique. "Il doit préparer plusieurs scénarios : un gouvernement avec Tchiroma Bakary, et un gouvernement sans lui. Chaque jour qui passe sans accord rend la situation plus complexe."

Si les efforts de Samuel Mvondo Ayolo témoignent d'une volonté réelle de trouver une issue négociée, force est de constater que les résultats ne sont pas au rendez-vous. Jeune Afrique rapporte que plusieurs proches de Tchiroma Bakary contactés dans le cadre de ces négociations ont payé le prix fort : Jean-Calvin Aba'a Oyono a été arrêté peu après avoir été approché, Anicet Ekane est décédé en détention, Djeukam Tchameni reste incarcéré.

Ces drames jettent une ombre sur la stratégie déployée par le cabinet civil. Ils alimentent aussi la méfiance de Tchiroma Bakary, qui voit dans ces arrestations une preuve que Yaoundé ne négocie pas de bonne foi.

Pour Samuel Mvondo Ayolo, le défi reste entier : transformer une mission impossible en succès diplomatique, alors que tout semble indiquer que les positions sont irréconciliables. Dans les couloirs du pouvoir à Yaoundé, comme le rapporte Jeune Afrique, on commence à se demander si le directeur du cabinet civil ne devra pas bientôt recommander au Chef de l'État d'abandonner définitivement l'option du gouvernement d'union nationale et de procéder à un remaniement sans l'opposition. Une décision lourde de conséquences pour l'avenir politique du Cameroun.