Alors que le président sortant n'a pas encore officialisé sa candidature, des milliers de t-shirts, pagnes et casquettes à son effigie fabriqués en Chine sur commande du cabinet civil sont déjà au Cameroun. Une mobilisation logistique qui trahit les intentions du chef de l'État.
Le secret de Polichinelle n'en est plus un. Alors que Paul Biya maintient le suspense sur sa candidature à la présidentielle du 12 octobre, notre rédaction révèle que les gadgets de campagne à l'effigie du président sortant sont déjà arrivés au Cameroun. Une livraison qui en dit long sur les intentions du chef de l'État, malgré son silence officiel.
Selon nos informations exclusives, des milliers de t-shirts, pagnes, casquettes et autres objets promotionnels portant l'effigie de Paul Biya ont été commandés directement par le cabinet civil de la présidence auprès de fournisseurs chinois. Cette commande, passée il y a plusieurs semaines, témoigne d'une préparation minutieuse de la campagne présidentielle, bien avant l'annonce officielle de la
Les colis en provenance de Chine sont arrivés au port de Douala dans la plus grande discrétion. Selon nos sources, cette importation massive de matériel de campagne représenterait plusieurs centaines de millions de francs CFA, financés sur les fonds du cabinet civil présidentiel.
Cette anticipation logistique n'est pas le fruit du hasard. Elle s'inscrit dans une stratégie de communication éprouvée lors des précédentes échéances électorales. "Le RDPC a toujours misé sur la visibilité de ses gadgets de campagne pour marquer le territoire", explique un observateur de la vie politique camerounaise.
Les t-shirts aux couleurs du parti au pouvoir, ornés du portrait du président Biya, sont devenus un classique des campagnes électorales au Cameroun. Leur distribution massive dans les différentes régions du pays constitue l'un des piliers de la stratégie de mobilisation du RDPC.
Cette révélation soulève néanmoins un paradoxe : comment expliquer cette préparation intensive alors que Paul Biya n'a toujours pas officialisé sa candidature ? Depuis la convocation du corps électoral annoncée le 11 juillet, le président sortant continue de garder le silence, "laissant ses lieutenants s'exprimer, parfois sans être sur la même longueur d'ondes", comme l'ont rapporté nos confrères.
Cette situation créée une forme de flou artistique entretenu par le camp présidentiel. Officiellement, rien n'est acté. Officieusement, tout semble déjà en place pour une campagne présidentielle qui ne dit pas son nom.
Un timing calculé
L'arrivée de ces gadgets de campagne intervient à un moment stratégique. Avec la date limite de dépôt des candidatures fixée au 21 juillet, Paul Biya dispose encore de quelques jours pour se déclarer officiellement. Cette période lui permet de maintenir la pression sur ses adversaires tout en finalisant ses préparatifs.
Selon nos informations, la distribution de ces objets promotionnels pourrait commencer dès l'annonce officielle de la candidature du président sortant. Une annonce qui, selon plusieurs sources proches du pouvoir, pourrait intervenir "dans les prochains jours, dans une lettre aux Camerounais".
Cette révélation intervient alors que l'opposition peine à structurer ses alliances. Malgré les tractations en cours entre Maurice Kamto, Issa Tchiroma Bakary, Bello Bouba Maïgari et d'autres figures de l'opposition, aucune coalition stable n'a encore émergé.
Face à cette machine de guerre logistique déjà opérationnelle, les candidats de l'opposition accusent un retard considérable dans leurs préparatifs. "Pendant que nous négocions encore, le pouvoir a déjà ses gadgets de campagne", regrette un responsable de l'opposition sous couvert d'anonymat.
Cette préparation minutieuse du camp présidentiel, révélée par l'arrivée de ces gadgets made in China, témoigne d'une stratégie pensée de longue date. Elle confirme, s'il en était besoin, que Paul Biya se prépare bel et bien à briguer un nouveau mandat, malgré son silence officiel qui continue d'alimenter toutes les spéculations.