Actualités of Friday, 28 November 2025
Source: www.camerounweb.com
Jeune Afrique révèle comment l'ancien ministre a tissé sa toile dans trois régions avant de défier le régime
Derrière la candidature d'Issa Tchiroma Bakary à l'élection présidentielle du 12 octobre se cache une véritable stratégie de consultation régionale qui n'avait jamais été dévoilée jusqu'ici. Selon des révélations exclusives de Jeune Afrique, l'ancien ministre et fondateur du Front pour le salut national du Cameroun (FSNC) a orchestré une tournée discrète auprès de figures influentes du Septentrion, du Nord-Ouest et du Sud-Ouest avant d'officialiser sa candidature contre Paul Biya.
Une cartographie des soutiens potentiels soigneusement élaborée
Loin de l'image d'un opposant isolé, Tchiroma Bakary a mené une véritable campagne de sondage politique auprès des élites régionales. D'après les informations recueillies par Jeune Afrique, cette démarche visait un double objectif : évaluer la faisabilité de sa candidature face au président sortant et identifier des alliés stratégiques capables de mobiliser dans leurs zones d'influence respectives.
Le choix de ces trois régions n'était pas anodin. Le Septentrion représente le fief traditionnel de Tchiroma Bakary, tandis que le Nord-Ouest et le Sud-Ouest constituent des zones de forte contestation politique, fragilisées par la crise anglophone. L'ancien ministre espérait capitaliser sur les frustrations accumulées dans ces territoires pour construire une coalition anti-Biya.
Des consultations qui révèlent les fractures de l'opposition
Jeune Afrique révèle que ces consultations ont mis en lumière les profondes divisions au sein même des élites camerounaises. Si certains interlocuteurs ont encouragé Tchiroma Bakary dans sa démarche, d'autres, comme Baba Danpullo, l'ont ouvertement mis en garde contre les risques d'un tel affrontement.
Ces rencontres préliminaires témoignent également de la complexité de constituer une opposition crédible au Cameroun. Chaque potentiel allié évalue les risques personnels, économiques et politiques d'un engagement contre le pouvoir en place. La diversité des réactions reçues par Tchiroma Bakary illustre la difficulté de fédérer une coalition capable de menacer sérieusement Paul Biya.
Un élément particulièrement révélateur, rapporté par Jeune Afrique, concerne le poids des intérêts économiques dans ces consultations. Plusieurs personnalités approchées par Tchiroma Bakary auraient exprimé leurs préoccupations quant aux retombées économiques d'une opposition frontale au régime. Cette réalité souligne l'imbrication étroite entre le pouvoir politique et les réseaux d'affaires au Cameroun.
Cette dimension économique a joué un rôle crucial dans l'échec de Tchiroma Bakary à constituer une large coalition. Face à un régime qui contrôle l'essentiel des leviers économiques du pays, nombreux sont ceux qui préfèrent la prudence à l'engagement politique risqué.
Selon Jeune Afrique, l'ampleur de ces consultations et leur échec relatif à mobiliser un large soutien expliquent en partie la situation actuelle de Tchiroma Bakary. En exil en Gambie depuis l'élection, l'ancien ministre aurait compris, dès ces rencontres préparatoires, que son combat contre Paul Biya serait long et semé d'embûches.
Néanmoins, les informations révélées par Jeune Afrique montrent que Tchiroma Bakary n'a pas renoncé. Ses consultations régionales lui ont permis d'identifier des réseaux de sympathisants et de comprendre les dynamiques politiques régionales qui pourraient, à terme, favoriser un changement politique au Cameroun.
Cette enquête exclusive de Jeune Afrique offre un éclairage inédit sur la construction d'une candidature d'opposition au Cameroun. Elle révèle que même les figures les plus déterminées doivent composer avec un écosystème complexe où se mêlent intérêts économiques, loyautés régionales et calculs politiques.
La démarche de Tchiroma Bakary, telle que décrite par Jeune Afrique, illustre également les limites structurelles de l'opposition camerounaise : fragmentée, dépendante des réseaux d'influence régionaux et confrontée à un pouvoir qui dispose de multiples leviers de pression économique et politique.