Actualités of Thursday, 19 June 2025
Source: www.camerounweb.com
Un gendarme en service à la brigade de Bonepoupa a brisé l'omerta pour dénoncer les pratiques qu'il qualifie d'abusives de son commandant de brigade. Dans un témoignage anonyme transmis à notre rédaction, l'agent révèle un système organisé d'extorsion qui gangrène les relations entre les forces de l'ordre et les populations locales.
Selon le témoignaire qui préfère conserver l'anonymat pour des raisons de sécurité, la situation à la brigade de Bonepoupa s'est considérablement dégradée depuis l'arrivée du nouveau commandant, identifié comme étant Nyobe Ngan Pierre.
"Nous avons toujours eu des commandants de brigade de Bonepoupa avec lesquels les relations étaient très bonnes avec les usagers et les populations. Sauf que depuis l'arrivée du nouveau commandant, rien ne va plus", confie le gendarme dans son témoignage.
Les révélations du gendarme font état d'un véritable système de racket institutionnalisé. Les pratiques dénoncées incluent :
Des tarifs imposés aux usagers : Le commandant exigerait 30 000 FCFA aux citoyens qui viennent porter plainte à la brigade, transformant l'accès à la justice en service payant.
Le secteur du transport de bois sous pression : Les transporteurs de bois seraient sommés de verser 50 000 FCFA sous peine de voir leurs véhicules interdits de circulation dans la circonscription. "Ce sont les éléments qui devront prendre cet argent ou bien l'élément sera sanctionné", précise le témoignaire.
Un couvre-feu officieux et lucratif : À partir de 20 heures, tout villageois trouvé à l'extérieur risque l'arrestation arbitraire. La libération est conditionnée au paiement de 50 000 FCFA.
Le témoignage révèle également que le commandant exploiterait illégalement les terres d'un villageois, usant de menaces pour maintenir sa mainmise sur la propriété. "Il menace ce dernier qu'il connaît ses dossiers et que s'il réclame, il sera déferré au parquet de Yabassi", rapporte le gendarme.
Les éléments de la brigade se trouvent dans une situation particulièrement délicate. D'un côté, ils subissent la pression de leur hiérarchie qui les contraint à participer à ces pratiques sous peine de sanctions. De l'autre, ils font face à la colère croissante des populations.
"Les populations ne cessent de nous menacer, les éléments, que si notre chef est intouchable comme il dit partout, nous, on ne va pas échapper. Nous n'arrivons plus à nous mouvoir au village puisque les populations disent que nous sommes leur cible maintenant", confie le gendarme, exprimant le ras-le-bol de ses collègues.
Ce témoignage met en lumière les dérives possibles au sein de certaines unités des forces de l'ordre et leurs conséquences sur la cohésion sociale. La transformation d'une brigade de gendarmerie en instrument d'extorsion compromet gravement la confiance entre les citoyens et les institutions chargées de leur sécurité.
"Nous sommes déjà fatigués dans notre unité", conclut l'agent, traduisant l'épuisement moral des gendarmes contraints de servir des intérêts personnels plutôt que l'intérêt général.
Ces révélations soulèvent des questions importantes sur les mécanismes de contrôle et de supervision au sein de la gendarmerie nationale. Il revient désormais aux autorités compétentes d'ouvrir une enquête pour vérifier ces allégations et, le cas échéant, prendre les mesures disciplinaires qui s'imposent.