Abdoul Karimou, Directeur Général Adjoint d'ELECAM, nommé Vice-président de l'équipe de campagne de Paul Biya à Banyo
Une nouvelle polémique secoue le paysage électoral camerounais. Abdoul Karimou, Directeur Général Adjoint d'Elections Cameroon (ELECAM), vient d'être nommé Vice-président de l'équipe de campagne du président Paul Biya dans l'arrondissement de Banyo, selon les informations rapportées par Afrik Inform. Cette nomination ravive les accusations de collusion entre l'organe électoral et le parti au pouvoir.
La désignation d'Abdoul Karimou à ce poste de responsabilité dans la campagne présidentielle soulève de sérieuses questions sur l'indépendance et la neutralité d'ELECAM. En effet, l'institution chargée d'organiser les élections au Cameroun se trouve une fois de plus au centre des critiques concernant son impartialité.
Cette situation met en lumière un paradoxe troublant : comment un haut responsable de l'organe censé garantir la régularité du scrutin peut-il simultanément occuper une fonction partisane dans l'une des campagnes électorales qu'il est supposé superviser en toute neutralité ?
L'indépendance des institutions électorales constitue un pilier fondamental de la démocratie. Les responsables d'ELECAM sont tenus, par leur fonction, de maintenir une stricte neutralité politique pour préserver la crédibilité du processus électoral.
Cette nomination d'Abdoul Karimou comme Vice-président de l'équipe de campagne présidentielle contrevient manifestement à ce principe de neutralité. Elle expose ELECAM à des accusations légitimes de partialité et compromet potentiellement la confiance des électeurs dans l'équité du scrutin à venir.
Cette affaire relance avec acuité les accusations récurrentes de collusion entre ELECAM et le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), le parti au pouvoir. Depuis sa création, l'institution électorale fait l'objet de critiques persistantes de la part de l'opposition et de la société civile, qui dénoncent son manque d'indépendance réelle.
La nomination d'un de ses cadres dirigeants à un poste stratégique dans la campagne du président sortant ne peut que renforcer ces soupçons et alimenter les contestations sur l'impartialité de l'organe électoral.
Cette situation établit un précédent préoccupant pour la démocratie camerounaise. Elle pose la question de savoir si les responsables d'ELECAM peuvent légitimement prétendre à l'impartialité tout en assumant ouvertement des responsabilités partisanes.
L'absence de réaction officielle d'ELECAM face à cette nomination est également révélatrice. L'institution se devrait pourtant de clarifier sa position et de prendre les mesures nécessaires pour préserver sa crédibilité.
À quelques mois de l'élection présidentielle, cette affaire jette une ombre supplémentaire sur la régularité du processus électoral. Elle risque d'alimenter les tensions politiques et de fragiliser davantage la confiance des citoyens dans le système électoral camerounais.
Les partis d'opposition et les organisations de la société civile ne manqueront probablement pas de saisir cette occasion pour dénoncer ce qu'ils perçoivent comme une instrumentalisation d'ELECAM par le pouvoir en place.
Cette controverse souligne l'urgence d'une réforme profonde du système électoral camerounais pour garantir une réelle indépendance d'ELECAM. Il devient impératif de mettre en place des mécanismes efficaces pour préserver la neutralité politique des responsables de l'institution électorale.