Selon des informations exclusives rapportées par Jeune Afrique, l'équipe de campagne d'Issa Tchiroma Bakary a mis en place une stratégie sophistiquée de mobilisation citoyenne, anticipant que le Conseil constitutionnel pourrait invalider ses recours ou que le processus officiel prendrait du temps.
Jeune Afrique rapporte que les manifestations observées à Dschang, Bafoussam, Douala et d'autres villes ne sont pas entièrement spontanées. Bien que les rumeurs servent de déclencheurs, la convergence temporelle de ces mouvements dans plusieurs régions suggère une coordination minimale. À Dschang, des manifestants se sont d'abord regroupés devant le tribunal où se tenait la commission de décompte des voix avant de monter à l'assaut des symboles du pouvoir — la permanence du RDPC et le bâtiment du tribunal lui-même ont été incendiés.
Jeune Afrique note que cette tactique répond à un objectif clair : créer une pression visible et irréversible sur les institutions électorales. Le bâtiment abritant la permanence du RDPC à Dschang a notamment été incendié, tandis qu'une partie du tribunal accueillant la commission de décompte a également subi des dégâts.
Selon les révélations de Jeune Afrique, la propagation de rumeurs spécifiques suit un schéma identifiable. À Bafoussam, une rumeur circulait selon laquelle « la mandataire du FSNC avait été séquestrée et contrainte de signer un procès-verbal attribuant frauduleusement la victoire au président sortant ». À Makary, un autre récit circulait : « un agent d'Elecam en service aurait avoué avoir reçu 30 millions de francs CFA pour modifier les résultats en faveur de Paul Biya ».
Ces rumeurs, rapporte Jeune Afrique, agissent comme des catalyseurs de mobilisation. Elles ne sont pas nécessairement inventées — certaines reposent sur des faits vérifiables — mais elles sont amplifiées aux moments stratégiques pour alimenter les manifestations.
Particulièrement révélatrice de la stratégie est la décision des supporters de Tchiroma Bakary de rester mobilisés devant les tribunaux et devant le domicile de l'opposant. Jeune Afrique rapporte qu'à Garoua, des campements permanents se sont constitués devant le domicile de Tchiroma Bakary, les supporters « se ravitaillant en cailloux » tandis qu'un renfort militaire continuait d'être déployé. Cette présence permanente sert deux objectifs : empêcher une arrestation surprise et maintenir la pression symbolique sur le processus électoral.
Cependant, Jeune Afrique souligne que cette mobilisation n'a pas produit les résultats espérés à court terme. À Bafoussam, par exemple, les manifestants qui se sont rendus sur place ont constaté que le récit sur la séquestration était infondé. La situation « est rapidement revenue au calme et les travaux ont pu se poursuivre ». À Douala, quatorze personnes ont été interpellées après les échauffourées.
La question que pose Jeune Afrique est donc la suivante : cette mobilisation de rue peut-elle transformer les résultats électoraux, ou constitue-t-elle simplement une démonstration de force avant une défaite institutionnelle inévitable ?