Actualités of Friday, 19 December 2025

Source: www.camerounweb.com

C'est fini: l'autorité de Paul Biya est à terre, retournement de situation à Etoudi

Dans la région du Sud, bastion historique du parti au pouvoir, Éric Gervais Ndo a défié l'autorité présidentielle en battant le candidat investi par Paul Biya à la présidence du conseil régional. Un acte d'insubordination sans précédent qui menace l'architecture du pouvoir.

Ebolowa – Ce qui devait être une simple formalité administrative s'est transformé mardi dernier en séisme politique. Lors de l'installation des bureaux des dix conseils régionaux du Cameroun, neuf régions ont procédé sans incident. Mais dans le Sud, fief traditionnel du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), l'impensable s'est produit.

Éric Gervais Ndo, conseiller régional du département de la Mvila, a osé l'inimaginable : défier l'investiture du Comité Central du RDPC qui désignait Antoine Bikoro, originaire de la Vallée du Ntem, pour diriger l'exécutif régional. Malgré les injonctions répétées de Joseph Le, mandataire du parti, le challenger a maintenu sa candidature, contraignant le Gouverneur à organiser un scrutin qui s'est soldé par la victoire du rebelle.


L'événement revêt une dimension historique dans cette région où l'homogénéité politique est légendaire et où la parole du président Paul Biya fait traditionnellement loi. En contestant publiquement les instructions du chef de l'État, Éric Gervais Ndo n'a pas simplement brigué un poste : il a rompu avec le principe cardinal d'obéissance qui structure le parti depuis des décennies.
Ce geste rappelle les heures sombres où le Conseil de discipline du RDPC, sous la direction de Peter Mafany Musongue, excluait sans ménagement les militants ayant osé défier la hiérarchie. Les observateurs politiques s'interrogent désormais sur la réponse que réservera le parti à cette transgression.


Au-delà du symbole, cette élection perturbe les subtils équilibres géopolitiques internes. Le choix d'Antoine Bikoro pour la Vallée du Ntem répondait à une logique de compensation : ce département, dépourvu de représentation ministérielle, devait se voir attribuer la présidence régionale.
Or, avec la victoire d'Éric Gervais Ndo, le département de la Mvila cumule désormais la présidence régionale et deux portefeuilles ministériels, tandis que le Dja-et-Lobo compte trois ministres et l'Océan un seul. La Vallée du Ntem se retrouve ainsi exclue du partage des responsabilités, brisant le pacte d'équilibre orchestré par le Palais d'Etoudi.


Si quelques voix saluent une forme d'expression démocratique interne, la majorité des analystes redoutent les conséquences systémiques de ce précédent. En démontrant qu'une investiture présidentielle peut être battue localement, cet épisode fragilise le principe d'autorité sur lequel repose l'architecture du RDPC.

Selon des sources proches du parti, des sanctions exemplaires seraient déjà à l'étude pour prévenir toute contagion dans d'autres régions. Le RDPC fait face à un dilemme : gracier pour maintenir la cohésion dans son bastion du Sud, ou sanctionner sévèrement pour réaffirmer le principe d'obéissance absolue qui a longtemps cimenté son emprise sur le pouvoir.

L'avenir politique d'Éric Gervais Ndo s'annonce donc particulièrement incertain, tandis que son acte de rébellion pourrait bien marquer un tournant dans l'histoire du parti au pouvoir au Cameroun.