Actualités of Saturday, 4 October 2025

Source: www.camerounweb.com

Biens de l'Etat: de graves accusations portées sur Paul Biya en pleine campagne

Dans une correspondance adressée au Président du Conseil Électoral, le candidat de l'Union Démocratique du Cameroun dénonce ce qu'il qualifie de "concurrence déloyale" et d'"usage abusif de l'appareil d'État" dans le cadre de la campagne électorale en cours.



À quelques jours de l'élection présidentielle du 12 octobre 2025, le Président National de l'Union Démocratique du Cameroun et candidat à cette élection majeure a adressé une note cinglante au Président du Conseil Électoral. Dans ce document daté du 3 octobre 2025, il dénonce plusieurs pratiques qu'il juge contraires aux principes d'égalité, d'équité et de neutralité qui devraient régir le processus électoral camerounais.


S'appuyant sur sa qualité de candidat garant du respect de la Constitution ainsi que des lois et règlements en vigueur relatifs au processus électoral, l'opposant pointe du doigt des manquements graves susceptibles de porter atteinte à la crédibilité du scrutin. Il interpelle directement Elecam, l'institution ayant la haute charge de l'organisation, de la gestion et de la supervision du processus électoral, et compte sur son écoute bienveillante habituelle pour prendre les mesures correctives nécessaires.
Distribution irrégulière des cartes électorales : une violation du Code électoral

La première accusation porte sur la distribution non réglementaire des cartes électorales par Elecam. Selon des sources que le candidat qualifie de vérifiables, notamment ses représentants dans les Commissions et des témoignages de la population, des lots de cartes d'électeurs auraient été acheminés par des responsables d'Elecam dans certains domiciles privés de personnes qualifiées d'élites, et dans des chefferies traditionnelles, avant d'être remis aux propriétaires des lieux. Cette pratique constituerait une violation flagrante des articles 53 et 84 du Code électoral camerounais.


L'opposant estime que cette image de distribution publique de billets de banque, devenue selon lui une pratique courante dans les quartiers généraux du parti au pouvoir, est désolante. Elle ternirait l'image du Cameroun et confirmerait son rang dans le classement des pays les plus corrompus. Ces pratiques relèveraient non seulement de la concurrence déloyale, mais également d'une fraude institutionnelle organisée, susceptible de porter gravement atteinte au déroulement harmonieux de l'élection majeure en cours.
Une visibilité monopolistique qui viole le principe d'égalité
Le deuxième grief concerne la concurrence déloyale en matière d'affichage et de visibilité. Conformément aux dispositions de l'article 88 du Code électoral, les espaces d'affichage doivent être équitablement répartis entre les différents candidats. Or, la réalité sur le terrain serait tout autre. Les principales villes du Cameroun seraient littéralement inondées de photos, affiches et supports de communication du seul candidat Paul Biya, rendant quasi invisible la présence des autres candidats.


Cette pratique violerait non seulement le principe d'égalité des chances garanti par la loi, mais créerait également une distorsion manifeste dans la perception de l'opinion publique. Elle constituerait une propagande monopolistique, interdite par le droit électoral camerounais. Le candidat réclame donc l'application stricte des articles du Code électoral relatifs à l'égalité d'accès aux espaces publics.


Troisième point d'achoppement : l'utilisation abusive et partisane de l'appareil d'État. Les hauts fonctionnaires et cadres de l'Administration, leurs équipements, les moyens matériels et les locaux publics seraient utilisés à des fins partisanes, en violation de la Constitution et des lois qui proclament le caractère non partisan de l'État et interdisent l'utilisation des ressources publiques à des fins électorales. L'opposant demande le respect de la neutralité de l'État et de ses organes.


Le quatrième manquement dénoncé réside dans le plafond dérisoire imposé au budget de campagne et le financement inéquitable. Pendant que le parti au pouvoir bénéficierait d'apports colossaux provenant des subventions publiques et des contributions massives de personnels de l'Administration et des entreprises publiques, l'opposition serait contrainte par un cadre budgétaire étroit. Le candidat au pouvoir déploierait ainsi des moyens financiers exorbitants, faussant la compétition et violant les principes de transparence financière prévus par le Code électoral ainsi que par les standards internationaux, notamment la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance.

Le document souligne que la question du financement relève de la loi, et que c'est l'une des principales raisons pour lesquelles l'opposition avait plaidé pour la révision du Code électoral avant toute élection. Enfin, le cinquième point évoque directement la corruption et l'achat des consciences, pratiques qui gangrèneraient le processus électoral en cours.

Face à ces accusations graves, le candidat de l'Union Démocratique du Cameroun prie solennellement le Président du Conseil Électoral de prendre des mesures afin de garantir la neutralité électorale. Il demande notamment l'application stricte des articles du Code électoral relatifs à l'égalité d'accès aux espaces publics et le respect de la neutralité de l'État et de ses organes.
Cette correspondance, rendue publique à quelques jours du scrutin, révèle les tensions et les inquiétudes qui entourent l'organisation de cette élection présidentielle. Elle pose la question cruciale de l'équité du processus électoral et interpelle les autorités sur leur responsabilité dans la garantie d'un scrutin libre, transparent et démocratique. Reste à savoir quelle sera la réponse d'Elecam face à ces accusations et si des mesures correctives seront prises avant le jour du vote.