Actualités of Wednesday, 30 April 2025

Source: www.camerounweb.com

Banlieue est de Yaoundé : le cri d'alarme d'un journaliste après 12 jours sans électricité

Image illustrative Image illustrative

Meyo, Nkolafamba et Nkolmeyang plongés dans l'obscurité depuis près de deux semaines, une situation devenue intenable pour les habitants

"Une nuit qui dure. Une nuit qui ronge." C'est en ces termes que Rodrigue Tongue, Directeur de l'information à Canal 2 International, décrit la situation critique que traversent plusieurs quartiers de la banlieue est de Yaoundé. Depuis douze jours, les localités de Meyo, Nkolafamba et Nkolmeyang sont privées d'électricité, plongeant des milliers d'habitants dans des conditions de vie précaires et dangereuses.


Dans sa chronique devenue virale sur les réseaux sociaux, le journaliste dresse un tableau saisissant de la vie quotidienne dans ces quartiers oubliés : "Les enfants font leurs devoirs à la flamme d'une bougie, quand il y en a. Les femmes cuisinent dans la pénombre. Les vieillards tendent l'oreille au moindre bruit suspect, car l'obscurité nourrit les prédateurs."
Cette panne prolongée s'inscrit dans une série de coupures récurrentes. Selon les habitants interrogés, cette dernière interruption fait suite à "quinze jours d'obscurité complète, puis neuf, puis encore." Un cycle infernal qui semble ne jamais prendre fin.


Au-delà des désagréments domestiques, c'est toute l'économie locale qui se retrouve paralysée. "Les réfrigérateurs sont morts depuis longtemps. Les congélateurs ont rendu l'âme. Les petits commerces, ceux qui faisaient vivre des familles entières, n'ont plus rien à vendre," explique M. Tongue.
Mama Essomba, commerçante à Nkolafamba, témoigne : "J'ai perdu tout mon stock de poissons et de produits laitiers. C'est une catastrophe pour moi qui suis veuve avec quatre enfants à charge. Qui va me rembourser ces pertes?"


L'obscurité persistante favorise également l'insécurité. "On ne distingue plus les visages dans les rues, on devine à peine les pas qui approchent. Et personne ne dort vraiment," poursuit le journaliste dans sa chronique.
Plusieurs cas de cambriolages ont été signalés depuis le début de cette coupure prolongée. Le chef de quartier de Meyo, Joseph Bikele, confirme : "Nous avons enregistré cinq cas d'effractions nocturnes en une semaine. Sans éclairage public ni lumière dans les maisons, les malfaiteurs opèrent en toute impunité."


Le préjudice ne se limite pas à la seule période de coupure. Les retours de tension violents et imprévisibles ont également causé d'importants dégâts matériels. "Les télés s'éteignent pour toujours, les congélateurs se taisent, les chargeurs grillent. Des familles pleurent en silence devant des boîtes noires sans vie," relate Rodrigue Tongue.


La société Eneo, fournisseur national d'électricité, évoque des actes de vandalisme pour justifier cette situation. "On parle de câbles volés, de poteaux sciés," note Tongue. Contactée par notre rédaction, la direction régionale d'Eneo assure que "des équipes techniques sont mobilisées pour rétablir le courant dans les meilleurs délais", sans toutefois préciser de calendrier.


Ce qui frappe dans le témoignage du journaliste, c'est le sentiment d'abandon qui habite les populations concernées. "L'absence de réaction. L'absence de considération. L'absence de secours," dénonce-t-il.