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Actualités of Monday, 6 June 2022

Source: www.camerounweb.com

Bacchus : l’opération secrète menée par l’armée britannique pour sauver Paul Biya

Seuls cinq hommes dirigent le Cameroun selon les Britanniques Seuls cinq hommes dirigent le Cameroun selon les Britanniques

La plateforme britannique Declassifieduk.org spécialisée comme son nom l’indique, dans la publication des documents déclassifiés, fait des révélations sur la contribution de l’armée britannique au maintien en place du régime de Paul Biya. Malgré les nombreux rapports des organisations de défense des droits de l’homme incriminant les militaires camerounais, les autorités britanniques ont cependant mené aux moins trois opérations spéciales au Cameroun. CamerounWeb vous propose quelques extraits de la publication de la plateforme Declassifieduk.org

Le président Paul Biya, 88 ans, est le plus vieux dictateur d'Afrique. De nouvelles preuves révèlent comment des soldats britanniques l'ont aidé à garder le contrôle du Cameroun et à former ses forces accusées de torture, d'exécution d'enfants et d'incendie de bâtiments.

Les diplomates britanniques estiment que le Cameroun, pays de 27 millions d'habitants, est dirigé par cinq hommes seulement et qu'il y règne une "corruption généralisée".

Au sommet se trouve le président Biya, qui dirige cet État d'Afrique centrale d'une main de fer depuis près de 40 ans. Aujourd'hui âgé de plus de 80 ans, il gouverne principalement depuis un hôtel de luxe en Suisse. Mais la Grande-Bretagne soutient son régime et a mené six opérations secrètes de lutte contre le terrorisme au Cameroun l'année dernière, a-t-on appris.

Elles portent des noms de code tels que Cylix, Bacchus et Abbadide. La plupart des opérations concernaient la formation et le "renforcement des capacités" des troupes luttant contre les groupes Boko Haram et État islamique. Le Royaume-Uni a notamment mené des activités dans une caserne de Salak, dans l'extrême nord du Cameroun, où, selon Amnesty International, des personnes soupçonnées de terrorisme étaient torturées.

La Grande-Bretagne construit des villages d'entraînement à Salak pour les unités d'élite camerounaises, selon des documents obtenus par Declassified. Ces forces sont également accusées de graves violations des droits de l'homme à l'encontre d'un mouvement anglophone "ambazonien".

En réponse à de nouvelles demandes d'autonomie du gouvernement central francophone en 2017, Amnesty indique que plus de 20 manifestants pacifiques ont été abattus et plus de 500 détenus arbitrairement. Nos révélations sur le soutien britannique au régime de Biya interviennent alors qu'Amnesty a lancé lundi une campagne pour la libération des prisonniers politiques au Cameroun.

Fabien Offner, chercheur pour le groupe, a déclaré : "Au cours des cinq dernières années, la situation des droits de l'homme est devenue de plus en plus sombre, car des personnes originaires des régions anglophones, notamment des journalistes, des défenseurs des droits de l'homme, des militants et des partisans de l'opposition politique, ont été arrêtées et emprisonnées pour avoir exprimé leurs opinions ou manifesté pacifiquement."

Le gouvernement britannique est au courant de ces abus. Des fonctionnaires britanniques ont noté en privé que le président Biya "détient fréquemment des militants de l'opposition et fait un usage injustifié de la loi antiterroriste".

Mais Whitehall offre un soutien considérable au régime de Biya. Lors d'une récente opération britannique, dont le nom de code était ODYSSEAN, un officier des forces spéciales britanniques a rédigé une doctrine de "gestion de crise" pour le président camerounais.

En échange de ce travail et d'autres services, Biya a décerné à l'officier - le lieutenant-colonel "Sid" Purser - l'équivalent d'un MBE.

Outre le soutien militaire, la Grande-Bretagne a signé l'année dernière un accord commercial de 200 millions de livres avec le Cameroun. Un ministre britannique des affaires étrangères a rencontré le président Biya en mars 2021 pour discuter des "opportunités d'investissement", qui incluent une usine Guinness.