Jeune Afrique révèle l'impact insoupçonné du conflit entre le magnat camerounais et l'opérateur sud-africain sur les parts de marché. Couplée à la mise en sommeil de Nexttel, cette bataille judiciaire aurait profité directement à Orange. Décryptage d'un séisme commercial aux origines judiciaires.
C'est l'une des révélations les plus surprenantes de Jeune Afrique sur le renversement du duopole télécom camerounais : la croisade judiciaire lancée en 2022 par Baba Amadou Danpullo contre des intérêts sud-africains aurait joué un rôle significatif dans le déclin de MTN. Selon Eric Bienvenu Nguenti, consultant chez Akieni cité par le magazine panafricain, "cela a forcément joué sur l'image de MTN auprès d'une partie de la clientèle locale à l'esprit cocardier".
Cette analyse exclusive de Jeune Afrique met en lumière une dimension souvent négligée dans l'analyse des marchés télécoms : l'impact des batailles judiciaires et du sentiment nationaliste sur les choix commerciaux des consommateurs. Le magazine révèle ainsi que ce qui semblait être un simple conflit d'affaires entre un homme d'affaires camerounais et des intérêts sud-africains a eu des répercussions directes sur les parts de marché de MTN au Cameroun.
Jeune Afrique dévoile une autre conséquence inattendue du conflit Danpullo-MTN : la mise en berne des activités du troisième opérateur, Nexttel, sous le contrôle du magnat camerounais. Selon les sources du magazine, cette mise en sommeil, qui dure depuis quatre ans, aurait "davantage profité à Orange Cameroun". Une révélation qui éclaire d'un jour nouveau la redistribution des cartes sur le marché camerounais.
Le magazine explique que lorsque Nexttel, propriété de Baba Danpullo, a ralenti ses activités dans le contexte de son conflit avec MTN, ses clients ont dû se tourner vers les deux autres opérateurs majeurs. Or, selon les informations exclusives obtenues par Jeune Afrique, c'est principalement Orange qui a capté cette clientèle orpheline, plutôt que MTN. Cette dynamique s'explique probablement par l'animosité entre Danpullo et les intérêts sud-africains, qui a pu pousser l'homme d'affaires et son entourage à détourner sa clientèle vers le français plutôt que vers le sud-africain.
Les révélations de Jeune Afrique sur "l'esprit cocardier" d'une partie de la clientèle camerounaise ouvrent une perspective fascinante sur les dynamiques du marché télécom. Le magazine suggère que le conflit entre un champion national comme Baba Danpullo et un géant étranger comme MTN a réveillé un sentiment nationaliste chez certains consommateurs camerounais. Ces derniers auraient alors choisi de quitter MTN pour Orange, non pas pour des raisons de qualité de service ou de prix, mais par solidarité avec l'homme d'affaires local.
Cette analyse exclusive de Jeune Afrique révèle une dimension psychologique et politique des choix commerciaux souvent sous-estimée par les opérateurs télécoms. Dans un pays comme le Cameroun, où les questions de souveraineté économique et de contrôle des ressources par les étrangers sont sensibles, un conflit judiciaire public entre un homme d'affaires local respecté et une multinationale étrangère peut avoir des conséquences commerciales considérables. Le magazine chiffre d'ailleurs précisément l'effondrement de MTN : ses parts de marché en nombre d'abonnés ont régressé de 53,3% à 43,6% entre 2022 et 2024, soit presque 10 points de pourcentage perdus en deux ans.
Jeune Afrique révèle que la croisade judiciaire de Danpullo a été "déclenchée en 2022", une date cruciale selon le magazine. C'est précisément à partir de 2023 que la nouvelle configuration du marché s'est amorcée, avec Orange passant de 48,7% à 50% de parts de marché en nombre d'abonnés cette année-là, avant de se stabiliser à 49,7% en 2024. La coïncidence temporelle entre le début du conflit judiciaire et le basculement du leadership suggère fortement un lien de cause à effet.
Le magazine détaille les chiffres de cette bascule spectaculaire : en 2022, MTN dominait encore avec 53,3% du marché contre 48,7% pour Orange. Deux ans plus tard, en 2024, les positions se sont inversées avec Orange à 49,7% et MTN à 43,6%. Jeune Afrique révèle ainsi que MTN a perdu près de 10 points de parts de marché en deux ans, une chute vertigineuse sur un marché aussi mature que celui des télécoms camerounais. Cette érosion coïncide exactement avec la période du conflit Danpullo-MTN.
Les révélations de Jeune Afrique permettent également de mesurer l'impact financier de cette guerre judiciaire. Le magazine dévoile que si MTN a vu ses revenus progresser de 199 milliards de FCFA en 2020 à 298,1 milliards de FCFA en 2024, cette croissance de 99 milliards reste inférieure en dynamique à celle d'Orange qui est passé de 220 milliards à 316 milliards de FCFA, soit une augmentation de 96 milliards. Mais surtout, selon Jeune Afrique, cette progression de MTN masque une perte de vitesse inquiétante en termes de parts de marché relatives.
Le magazine précise que sur un marché pesant 630,9 milliards de FCFA en 2024, MTN a certes augmenté ses revenus en valeur absolue, mais a perdu du terrain en termes relatifs. Cette situation, révèle Jeune Afrique, s'explique en partie par la dégradation de son image liée au conflit avec Danpullo. Quand un opérateur est perçu comme l'adversaire d'un champion national, il devient difficile de convaincre les nouveaux clients de le choisir, même si ses services sont de qualité.
L'analyse de Jeune Afrique suggère une ironie particulière : en affaiblissant MTN à travers sa croisade judiciaire et en mettant Nexttel en sommeil, Baba Danpullo a involontairement offert le leadership du marché camerounais à Orange, un opérateur français. Le magazine note que "la mise en berne, depuis quatre ans, des activités du troisième opérateur, Nexttel, sous le contrôle du magnat camerounais aurait davantage profité à Orange Cameroun".
Cette révélation de Jeune Afrique soulève une question stratégique : Danpullo a-t-il calculé que l'affaiblissement de MTN profiterait principalement à Orange ? Ou s'agit-il d'une conséquence non intentionnelle de son conflit avec les Sud-Africains ? Le magazine ne tranche pas explicitement, mais ses sources "concèdent" cette dynamique "sans pour autant évaluer l'ampleur" de son impact. Cette prudence suggère que l'impact du conflit Danpullo-MTN sur la redistribution du marché est réel, mais difficile à quantifier précisément.
Les leçons d'une guerre judiciaire aux conséquences commerciales
Les révélations de Jeune Afrique sur l'impact du conflit Danpullo-MTN constituent un cas d'école pour les multinationales opérant en Afrique. Le magazine montre qu'un conflit judiciaire avec un acteur économique local influent peut avoir des conséquences commerciales durables, même si le conflit porte sur des questions apparemment sans lien avec l'activité principale de l'entreprise. Dans le cas de MTN, une bataille judiciaire avec le propriétaire de Nexttel a fini par coûter à l'opérateur sud-africain son leadership historique sur le marché camerounais.
Jeune Afrique conclut son analyse en notant que l'arrivée récente d'un nouveau directeur à MTN Cameroon pourrait "de nouveau changer la donne". Mais le magazine suggère implicitement que reconquérir le leadership perdu ne sera pas facile. Les dégâts d'image causés par le conflit avec Danpullo, la clientèle perdue au profit d'Orange, et la perception d'un opérateur étranger insensible aux intérêts locaux : autant de handicaps que le nouveau management de MTN devra surmonter pour espérer retrouver la première place.









