Issa Tchiroma Bakary demande que des jours soient encore déclarés villes mortes au Cameroun. L'opposant estime que c'est de là que viendra le salut pour les Camerounais.
Mais alors, pourquoi ces trois jours de villes mortes sont déterminants ? Paul Chouta apporte la réponse.
L'efficacité des villes mortes successives est certaine. Les dernières ont fragilisé les caisses de l'État. Le régime Biya a toute la peine pour financer ses activités de conservation de pouvoir.
Les brasseries qui avancent toujours l'argent à l'État sous forme d'avance de TVA connaissent une baisse drastique des recettes et n'ont plus avancé l'argent. Quand il y a les villes mortes, les marchandises ne circulent plus. Donc plus de TVA pour les caisses de l'État.
Quand il y a les villes mortes, la ville de Yaoundé est asphyxiée. Or, il faut que Yaoundé cesse de respirer pour que les populations sortent enfin.
Paul Biya le sait, c'est pourquoi il avait dit : « Tant que Yaoundé respire, le Cameroun vit ». Yaoundé pouvait résister aux villes mortes de 1990, car Yaoundé avait une population d'environ 700 000 âmes.
Elle pouvait être alimentée par les départements du centre Lékié, Mbam... Aujourd'hui, Yaoundé, c'est plus de 5 millions d'habitants.
Pour être ravitaillé, il faut des apports du grand nord, du littoral et de l'ouest. C'est pourquoi lors des derniers jours de villes mortes, les marchés et boutiques se vidaient à Yaoundé. Les prix ont explosé.
Si le mouvement allait continuer pendant deux jours, c'était la catastrophe. Chers Camerounais, les villes mortes, certes, vous font souffrir, mais c'est le moindre prix à payer pour nous libérer du régime Biya avant la fin du mois de décembre.
Descendre dans les rues, c'est efficace. Mais tant que les populations de Yaoundé continueront à vivre normalement, ce serait difficile qu'elles sortent. Or, il faut que les populations de Yaoundé sortent comme ailleurs.
C'est quand elles verront que c'est compliqué qu'elles sortiront. C'est pourquoi ces trois jours de villes mortes doivent être rudes plus que les dernières. Nous devons veiller que rien ne circule vers Yaoundé. Zéro trafic entre Douala-Yaoundé, Bafoussam-Yaoundé, Grand nord-Yaoundé.
Pour cela, nous déclinerons toute responsabilité envers les propriétaires de camions et de bus qui prendront le risque de faire circuler leur matériel. Quand un peuple veut sa liberté, il faut éviter de s'y opposer.
Aux commerçants, fermez vos boutiques, les brigades citoyennes veilleront cette fois que certains d'entre vous, proches du pouvoir, ne participent pas à compromettre la libération du peuple camerounais. Ces quelques trois jours de sacrifice, c'est aussi pour vous permettre de bien organiser vos activités quand le Cameroun sera libéré.
Soyez patriotes. L'heure n'est plus à la complaisance. Aux parents d'élèves, laissez vos petits à la maison. Il est possible que ce régime utilise la violence pour contrecarrer les villes mortes. Ce message s'adresse aussi aux étudiants. La nation veut du bien pour tous. Ces villes mortes y participent.









