Vous-êtes ici: AccueilActualités2017 11 25Article 426997

Actualités of Saturday, 25 November 2017

Source: camer.be

Assemblée Nationale: le grand malaise au sein des députés

Les députés à l'Assemblée nationale ( Archives) Les députés à l'Assemblée nationale ( Archives)

A l’instar des élus du SDF, des députés du RDPC ont brillé par leur absence lors de la cérémonie d’ouverture de la session en cours. Ils dénoncent leur condition de travail et leur marginalisation dans la gestion des questions les concernant au premier chef.

Le 14 novembre 2017, le Cameroun découvre l’absence des députés et sénateurs du Social Democratic Front (SDF) aux cérémonies d’ouverture de la session budgétaire à l’Assemblée nationale et au Sénat. Les élus du SDF justifient ce boycott par la gestion de la crise anglophone par les pouvoirs publics, le Parlement et le gouvernement. Mais d’autres députés ont aussi choisi d’épouser cette démarche. C’est ce que révèle un député du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) qui a choisi de ne pas assister à la plénière de ce mercredi 15 novembre 2017 après-midi.


« Sans être entièrement d’accord avec nos collègues du SDF, nous les comprenons », murmure un autre député RDPC. Et pour cause, comme ses autres collègues du même parti politique, notre interlocuteur dénonce le fait que « concernant la gestion des crises au Cameroun, ce sont les fonctionnaires qui sont toujours envoyés dans nos circonscriptions électorales ». Le courroux des élus de la nation tient surtout au fait que « ces fonctionnaires ne pensent qu’aux frais de mission et ne font pas le travail pour lequel ils ont été envoyés. D’ailleurs, en dehors du fait qu’ils ne sont pas outillés pour cela, les populations ne relèvent que le côté ostentatoire de ces missions pour constater le fossé social qui existe entre eux pour ne pas les écouter. »

Un élu SDF rencontré dans l’après-midi du mercredi 15 novembre 2017 à Yaoundé évoque à ce sujet « la récente mission du Premier ministre, Philemon Yang, dans les Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest [qui] conforte les populations locales dans ce que le pouvoir ne veut vraiment pas les écouter ». Et presque tous les députés approchés sont unanimes : « Tout est fait pour que le député soit mis à l’étroit et n’assume pas son devoir. Ce flou est entretenu par notre hiérarchie qui brouille, par ses messages, le rôle principal du député, à savoir être près de ses populations pour leur apporter non seulement le réconfort attendu, mais aussi les informations nécessaires à la compréhension de la vie de la nation ».

Questions financières

« Nous sommes les meilleurs amis des garagistes. Certains parmi, à force d’aller dans les garages pour dépanner leurs véhicules de seconde main, sont devenus de vrais mécaniciens », déclarent presqu’à l’unisson des députés des Régions septentrionales pour indiquer la qualité des voitures qu’ils possèdent. « Dans un contexte où, pour parcourir nos routes en très mauvais état, nous devons avoir des véhicules d’au moins 45 millions de FCFA, les maigres crédits mis à notre disposition, au plus 10 millions de FCFA, ne nous permettent pas d’acquérir des véhicules neufs », s’insurgent-ils contre cette gestion des ressources de l’Assemblée nationale.

Et qui impacte leur travail sur le terrain. « Avec nos vieux véhicules, il est impossible de parcourir nos contrées coupées du reste du monde en cette période de pluies. Pour certains d’entre nous, il n’a pas été possible de nous rendre auprès de nos électeurs pendant l’intersession parlementaire. A cause de l’état de vétusté de nos véhicules, pour nous rendre à l’hémicycle, nous préférons les bus qui font la navette entre l’hôtel des députés et le Palais de verre», se désolent des élus de Nation.


Qui dénoncent également « l’appellation abusive de « fonds pour les microcrédits dont on affuble les maigres ressources financières qu’on nous remet en début de chaque année ». Ils estiment que « cet argent ne nous permet pas d’investir dans nos circonscriptions électorales parfois composées d’au moins trois arrondissements ». Pis encore, les députés affirment que « depuis environ deux ans, nous avons été mis à l’écart de l’élaboration des budgets d’investissement de nos localités. C’est pourquoi on assiste de plus en plus à la conception de projets qui n’épousent pas les réalités locales. »
Face à cette « misère » des députés, la plupart s’engagent au « service minimum » au cours de cette session déjà agitée par la décision des députés du SDF et l’incendie d’une partie du bâtiment siège dans la nuit du 16 au 17 novembre 2017. « Surtout que nos avis ne comptent jamais dans un contexte où la séparation des pouvoirs consacrée par les différentes constitutions du pays n’est jamais respectée », déclare, résigné un député RDPC du Centre. Dont les propos sont renforcés par un élu du SDF du Nord-Ouest :

«L’ombre du chef de l’Etat plane toujours au-dessus de toute adoption de texte à l’hémicycle ». Du coup, c’est le grand malaise à l’hémicycle de Ngoa-Ekellé où presque beaucoup regrettent d’avoir accepté de se porter candidat aux législatives de 2013. « Il vaut mieux encore être maire », conclut un député RDPC qui a exercé ces fonctions dans le passé.