Trois jours après avoir été snobée en direct par le président de la Fécafoot au stade Ahmadou Ahidjo, la journaliste Anoushka Biya de CRTV Sports sort enfin de son silence. Dans une déclaration empreinte de dignité professionnelle, elle minimise l'incident tout en réaffirmant son engagement journalistique. Une sortie qui contraste avec la polémique grandissante autour du comportement de Samuel Eto'o envers la télévision publique.
Yaoundé - Le silence était devenu assourdissant. Depuis le 4 septembre 2025, jour où Samuel Eto'o l'a publiquement ignorée en direct sur CRTV Sports au stade Ahmadou Ahidjo, Anoushka Biya n'avait pas pris la parole. Ce mutisme alimentait les spéculations et les critiques contre le patron du "kartel de Tsinga", accusé d'avoir humilié une professionnelle des médias devant des milliers de téléspectateurs.
Mais la journaliste de CRTV Web a finalement choisi de s'exprimer, et sa réaction surprend par sa mesure et son professionnalisme.
"Merci à ceux qui se préoccupent de mon moral, je vais très bien. J'ai peut-être été choquée d'un point de vue humain mais la journaliste qui était en service n'a pas été ébranlée", déclare Anoushka Biya dans sa première sortie publique depuis l'incident.
Cette déclaration, loin des récriminations attendues, témoigne d'une maturité professionnelle remarquable. La journaliste fait une distinction claire entre la personne et la professionnelle, refusant de se laisser déstabiliser par ce qui constitue pourtant un affront public caractérisé.
"Je crois que la réaction du Président de la Fédération Camerounaise de Football ne m'a pas empêché de faire mon travail et c'est l'essentiel. Il n'est pas nécessaire d'en faire tout un plat", poursuit-elle, affichant une sérénité qui contraste avec l'émoi suscité par les images de ce snobbage en direct.
Pour mémoire, la scène s'était déroulée peu avant le coup d'envoi du match Cameroun-Eswatini. Anoushka Biya et son collègue Collins Mbiama, en direct sur CRTV Sports, avaient tenté d'approcher Samuel Eto'o dans les gradins pour recueillir ses impressions. L'ancien capitaine des Lions Indomptables les avait tout simplement ignorés, poursuivant son chemin vers son siège sans même un regard.
L'embarras des journalistes, visible sur leurs visages dans la vidéo qui a fait le tour des réseaux sociaux, avait nécessité l'intervention de Raphaël Nkoa, directeur de CRTV Sports, pour tenter de sauver la situation en plateau.
Ce geste s'inscrit dans un contexte de tensions croissantes entre Samuel Eto'o et la télévision publique camerounaise. En août 2025, lors d'une assemblée générale de la Fécafoot, le président de l'instance avait qualifié "la télévision nationale" de "télévision de sabotage", reprochant notamment à la CRTV sa position dans le conflit opposant la Fécafoot au ministère des Sports.
Cette escalade a culminé avec l'attribution par la Fécafoot des droits de diffusion des compétitions nationales à la chaîne privée MSI TV, retirant ainsi l'exclusivité historique à la télévision publique.
La réaction d'Anoushka Biya tranche avec la virulence des échanges entre les deux institutions. En refusant de "faire tout un plat" de l'incident, elle place le débat sur le terrain du professionnalisme plutôt que sur celui de l'ego froissé.
Cette attitude pourrait d'ailleurs servir de leçon à certains acteurs du dossier. Là où d'autres auraient pu crier au scandale et à l'irrespect, la journaliste choisit la voie de la dignité et de la retenue.
Au-delà de l'incident personnel, cette affaire soulève des questions plus larges sur les relations entre les institutions sportives et les médias au Cameroun. Le comportement de Samuel Eto'o, aussi justifié soit-il par ses griefs contre la CRTV, interroge sur les limites acceptables de l'expression du mécontentement.
Peut-on, au nom de différends institutionnels, humilier publiquement des journalistes qui ne font que leur travail ? La question mérite d'être posée, et la réaction mesurée d'Anoushka Biya pourrait bien contribuer à recentrer le débat sur les vrais enjeux.
Si la journaliste fait le choix de l'apaisement, reste à savoir si cette attitude constructive trouvera un écho du côté de la Fécafoot. La suite des relations entre Samuel Eto'o et les médias publics dépendra en grande partie de la capacité des différents protagonistes à privilégier l'intérêt général du football camerounais sur les querelles de personnes.
En attendant, Anoushka Biya aura donné une belle leçon de professionnalisme et de dignité. Une attitude qui honore le métier de journaliste et qui, espérons-le, contribuera à apaiser les tensions dans l'intérêt du sport camerounais.