Paul Biya, ou l’homme lion comme il se fait surnommer, ne donnait plus aucun signe de vie jusqu’à ce que des bruits de couloir ne commencent par se faire entendre. Le locataire du palais présidentiel d’Etoudi aurait cassé la pipe. Le racontar, lorsqu’il est sorti pour la première fois il y a quelques heures, a eu l’effet de l’éclatement d’une bombe au cœur de la capitale Yaoundé et ses environs, pour ne pas dire dans tout le pays.

C’est un fait, depuis les premiers instants où la rumeur a commencé par s’enfler, tous les regards sont tournés vers la présidence de la République, attendant avec beaucoup d’attention le moindre signe pour confirmer ou infirmer ce qui circule déjà de façon très rapide dans le pays. Jusqu’ici, aucune actualité de ce genre n’a été dévoilée sur les canaux officiels, ce qui n’écarte pas pour autant toute possibilité que la révélation faite soit vraie.

Paul Biya (92 ans) a annoncé sa candidature à l’élection présidentielle d’octobre. Il y a plusieurs jours, sur son compte X, le chef du parti au pouvoir a écrit : « Je suis candidat à l’élection présidentielle du 12 octobre 2025 ».

Dans la suite de son message, on a pu lire : « Soyez assurés que ma détermination à vous servir est à la mesure de l’acuité des défis auxquels nous sommes confrontés. Ensemble, il n’est pas de défis que nous ne puissions surmonter ». Avant de compléter qu’il compte davantage assurer la sécurité et le bien-être des filles et fils de ce beau pays qu’est le Cameroun.

Dans la foulée, beaucoup d’observateurs ont posé une question qui n’est pas moins pertinente : pourquoi Paul Biya n’est-il pas apparu en personne pour prononcer ce message et pourquoi depuis lors, plus aucune sortie officielle n’a été faite par le candidat pour réitérer son engagement ? Entre-temps, tous les candidats sont passés déposer en personne leur candidature devant l’institution habilitée à la recevoir, sauf Paul Biya qui s’est fait représenter.

Une chose entraînant l’autre, beaucoup de spécialistes des questions politiques et des analystes avancent que cette candidature n’est pas en fait l’œuvre de Paul Biya lui-même, mais d’un proche qui a une ambition qu’il/elle ne peut pas encore porter lui/elle-même. Un tel niveau d’absence vis-à-vis de la population inquiète et laisse le champ libre aux rumeurs, comme celle de sa mort que la famille cacherait aux Camerounais, en ne voulant – selon les lanceurs d’alerte – la révéler qu’en temps voulu, lorsque le parti aura gagné l’élection.

Dans ce climat d’incertitudes et de suppositions, la Fédération camerounaise de football (Fecafoot), présidée par Samuel Eto’o Fils, un homme proche du parti et donc souvent dans le secret des dieux, vient d’apporter du grain au moulin de ces prédicateurs alarmistes. L’instance dirigeante a annoncé, en concert avec la Ligue de football jeune, la tenue prochaine d’un tournoi de jeunes dénommé « Paul Biya ».

Une initiative, en hommage au chef de l’État au pouvoir depuis 1982, dévoilée lors d’une conférence de presse tenue ce jour au siège de la fédération à Tsinga, en présence de plusieurs visages décisionnaires de la Fecafoot. Que peut vouloir bien dire un tel geste de valorisation du concerné à une période où sa mort est évoquée et où tout le monde cherche à démêler le vrai du faux. À chacun son analyse.