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Actualités of Monday, 23 July 2018

Source: www.camerounweb.com

Ambazonie: révélations choc d’un soldat déserteur dans une lettre

La crise anglophone dure et continue de faire des victimes. La crise anglophone dure et continue de faire des victimes.

Un soldat déserteur qui était au front a décidé d’envoyer une lettre à ses frères d’armes. Une lettre dont la rédaction de CamerounWeb a eu copie. L’homme relate les exactions de l’armée et les affres de cette guerre.

Ci-dessous l’intégralité de la lettre :

Salut camarades! Aujourd'hui, j'ai résolu d'abandonner mon silence pour vous donner les raisons de ma désertion. Nous avons tous signé pour l'honneur et la fidélité à notre patrie. Je peux vous dire que c'est cet honneur et cette loyauté qui ont guidé ma décision.

Depuis le début de cette guerre sale, nous n'avons obéi qu'à des ordres penauds. "Si on vous demande de tuer, alors vous tuez", nous ont dit les instructeurs à Koutaba. Et nous avons fini par intégrer cette philosophie malsaine et tortueuse, cette philosophie annihilante qui fait de nous des bêtes sauvages apprivoisées par un groupe d'êtres «rationnels» qui nous utilisent pour réaliser leurs chemins et protéger leur pouvoir. Nous avons fini par croire que notre rôle était de tuer et que nous étions enfin bons. Non!

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Notre rôle n'est pas de tuer, mais de protéger l'intégrité de notre territoire et des gens qui y vivent par tous les moyens, y compris le meurtre. C'est ce que nous avons fait dans le Grand Nord. C'est ce que nous étions censés faire dans ces deux régions de notre Ouest anglophone. Mais qu'avons-nous fait à la place? Des camarades violents de jeunes filles civiles, pillant des familles, exécutant des hommes, mettant le feu à leurs maisons, brûlant leurs grands-parents, incendiant des villages, torturant des mères d'enfants dans la boue et la boue, sous les ordres directs des supérieurs. Regardez, pour ces camarades qui sont allés au Nord au moins une fois, combien de villages avons-nous brûlé là?

Combien de civils avons-nous tué et combien de femmes avons-nous violées? Ces horribles massacres que nous sommes en train d'exécuter sont teintés de calculs politiques motivés par l'égoïsme et l'égocentrisme du petit groupe qui nous dirige. Pourquoi devrions-nous tirer sur des concitoyens qui décident d'envahir les rues pour montrer leur colère, leur indignation face au mépris de ce gouvernement qui privatise leur richesse? Pourquoi devons-nous violer un étudiant pauvre qui décide de dire non à la corruption universitaire? Pourquoi assassiner son père et brûler sa grand-mère juste parce qu'ils vous disent qu'ils ne connaissent aucun terroriste? Pour nous motiver dans ces dérives, ils nous ont dit que les avocats, les enseignants, les étudiants étaient manipulés par les pays occidentaux avides de pétrole. Mais chers camarades, réveillons-nous !! Où sont les revenus de l'exploitation de cette huile pendant plus de 20 ans? Et ceux du gaz? Le président Paul Biya et son entourage l'ont fait. Ils ne rapportent à personne. Trouvez-vous normal qu'un chef d'État exploite pour son compte les richesses du sous-sol d'une région? Et de plus sans jamais construire des écoles, des points d'eau potable?

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Sans offrir d'emploi aux enfants de cette région? Il n'y a pas de manipulation externe. Ces gens se battent pour leur bien-être, et pour le vôtre aussi. Regarde toi!! Regardez vos conditions de vie !! Vos primes sont retenues par des supérieurs égoïstes et inhumains, votre équipement est défectueux. Tes jours tu les passes dans la boue, le froid, la vermine en contact permanent avec le sang et la mort, toujours la mort. Combien de nos camarades sont tombés ces jours-ci? Et pourquoi? Cette guerre contre les civils est un génocide. Voilà pourquoi j'ai déserté! Parce que j'ai compris que cette guerre n'a pas servi l'intégrité de notre territoire ni même protégé les populations de terroristes. Des ordres sont donnés pour les effacer de la carte, leurs villages avec. Ces gens ne sont pas des terroristes. En 2008, nous étions déjà en train de tuer près de 200 Camerounais parce qu'ils avaient osé s'indigner de l'augmentation excessive des prix alimentaires.

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Ils n'étaient pas non plus des terroristes. C'est grâce à ce peuple que nous mangeons dans nos familles. C'est avec son argent que ce gouvernement achète les armes avec lesquelles nous luttons; Alors, qui sont les vrais terroristes? Les gens sont pris en otage. Notre tâche et le libérer. Nous devons agir!
Camarades, nous pouvons arrêter cette folie; si nous sommes nombreux; si les ministres, les généraux, les commissions militaires, les procureurs et les juges à la solde de l'Etat ne peuvent nous faire peur.

Refusez de devenir chair à canon, n'acceptez pas d'aller humblement à la caserne pour être tué ou, pire encore, de vous tuer. Ne participez plus aux crimes militaires de ce régime: ni comme bourreaux au front ni, derrière, comme complices.

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Ils peuvent nous effrayer, ils peuvent nous menacer, ils peuvent violer les lois et la Constitution, ils peuvent même nous mettre en prison. Mais une chose qu'ils ne peuvent jamais faire est de nous forcer à les servir et devenir leurs complices. Leur fameuse «force» vient de notre incertitude, de notre peur, de notre indifférence. Nous sommes plus forts qu'eux car ils ont besoin de nous pour exister. Accepter de réagir et agir pour le peuple. Ce sont ces gens qui comptent. Fais comme moi, désert! Et nous allons ensemble former un bloc pour lutter contre ces terroristes dans des procès qui maltraitent les gens.