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Actualités of Friday, 17 August 2018

Source: cameroonvoice.com

Ambazonie: le film de l’assassinat de Chief Esoh Itoh

Esoh Itoh a été assassiné le dimanche dernier par les sécéssionnistes play videoEsoh Itoh a été assassiné le dimanche dernier par les sécéssionnistes

Que s'est-il passé ? » « Comment cela a-t-il pu arriver ? » « Chief Esoh Itoh est-il vraiment mort ? »…
Telles sont quelques-unes des questions que se posent les Camerounais depuis l'annonce dimanche de l'assassinat de cette notabilité traditionnelle emblématique, à la fois crainte, haïe et respectée. Après une enquête minutieuse, les fins limiers de Cameroonvoice livrent ici les premières vérités cachées d'un drame dont on n'aura pas fini de parler au Cameroun avant longtemps.

Le moins qu'on puisse dire est que le ciel camerounais a été sérieusement ébranlé dimanche peu avant midi par l'annonce de la terrible nouvelle de l'assassinat crapuleux de Chief Esoh Itoh dont on disait jusqu'à ce fatal 12 août 2018, qu'il tiendrait la dragée particulièrement haute à l'ange de la mort himself, et que même si au nom de la loi naturelle qui institue la fin de toute chose ou de tout être, l'ange de la mort devait finir par l'emporter, il ne jouirait finalement que d'une victoire à la Pyrrhus, tellement il devrait avoir laissé de plumes dans la confrontation.

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Mais que s'est-il donc passé pour que cet homme qui devinait à des kilomètres à distance jusqu'aux intentions de ses amis ou adversaires, qui avait le don de disparaître si un danger sur sa personne se faisait plus proche, pour ne réapparaitre que des dizaines de kilomètres plus loin, qui avait la capacité, face à une adversité mortelle de se transformer en arc-en-ciel, puisse être tué par de vulgaires assassins surgis on sait d'où, qui ont eu le temps, non seulement de tuer son garde du corps (un policier affecté à cette mission spéciale) devant lui, de l'extirper de la chapelle où il assistait au culte dominical, de parlementer avec lui au point de lui exposer leurs exigences, avant de se résoudre finalement à le tuer, sans que pendant tout ce temps-là, il prenne sur lui de leur faire la moquerie de disparaitre ou de les foudroyer comme il en avait l'habitude et, a posteriori la possibilité ?

Les faits

Selon les premiers témoignages, c'est autour de 11h, que les assassins de Chief Esoh Itoh arrivés à bord de trois motos (arrachées quelques dizaines de minutes plus tôt chez le délégué d'arrondissement du ministère de l'Agriculture d'Ekondo-Titi dont ils ont arraché par la même occasion le téléphone portable ainsi que celui d'un ami qu'il recevait chez lui ce jour-là), font irruption dans la chapelle baptiste érigée par le désormais défunt à une centaine de mètres environ de son palais.

Auparavant, ils ont pris soin d'expulser l'un de ses gardes du corps, un autre policier, posté à l'extérieur, qu'ils n'ont pas tué, celui-ci ayant baissé la garde aussitôt qu'il s'est rendu compte qu'il y allait de sa vie. Une fois à l'intérieur, ils enjoignent au chef traditionnel de les suivre. Sans opposer de résistance, et sans alerter du monde.

Selon un témoin de la scène à l'intérieur de la chapelle (ayant requis l'anonymat), ils auraient précisé à l'intention du défunt qu'il s'agissait d'un ordre venu d'en haut. Mais le chef qui ne goûte pas leur ton impératif leur demandera sèchement d'attendre la fin du culte. « Don't waste us time (en français, ne nous fait pas perdre du temps)», lui rétorque un des assaillants, l'air de chapitrer la tête couronnée.

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L'attention du policier qui assure la sécurité du chef dans la salle est alors attirée par cette façon de s'adresser à l'homme le plus redouté, aussi bien du département du Ndian que de la commune d'Ekondo-Titi, d'où son intervention énergique pour corriger les malotrus.

Le sang ne fera qu'un tour dans les veines de ceux-ci qui tirent sur lui par deux fois et le tuent sur le champ, avant de trainer de force à l'extérieur le souverain des Balondo à qui ils réitèrent leur volonté de le voir les suivre. Nouvelle opposition de celui-ci. Le chef et les agresseurs parlementent quelques secondes encore, devant la foule intimidée que deux autres assaillants tiennent en joue au moyen de leurs armes, menaçant d'abattre les curieux qui tenteraient d'écouter de plus près.

Refus obstiné du chef. L'un des assaillants tente de le porter pour le jucher sur le siège passager d'une moto qui attend à côté, mais le chef résiste plus énergiquement, fort de son grand gabarit. Le conducteur de la moto, lui aussi armé, s'énerve et lance : « Vous le priez pourquoi ? S'il ne veut pas s'exécuter, tuez-le ». Sur ce, il sort son arme et dégaine. Le vieillard s'écroule. Quelques minutes après les tueurs à bord de leurs motos puis s'évanouissent dans la nature, sous les cris de frayeur des chrétiens stupéfaits qui se reprennent pour accourir vers le chef couché au sol. Trop tard, il a rendu l'âme.

Une quinzaine de minutes après, des dizaines d'éléments du Bataillon d'Intervention rapide (BIR, forces spéciales anti-terroristes de l'armée camerounaise) déferlent dans la ville tirant des coups de feu en l'air, apeurant les populations qui courent dans tous les sens pour se réfugier dans les habitations. En quelques minutes, la ville d'Ekondo-Titi envahie par les seuls militaires devient déserte.

Il faudra l'intervention d'un officier supérieur de l'armée pour que les "tirailleurs" ou "tir-en-l'air" mettent fin à cette folie intimidatrice : « Vous avez reçu pour consignes de vous poster partout où des attaques terroristes peuvent être perpétrés, mais vous allez vous cacher, et lorsque le mal est fait, vous surgissez du trou pour faire peur aux populations et gaspiller les munitions … », les aurait-il sermonnés.