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Actualités of Thursday, 5 October 2017

Source: Journal Repères

Ambazonie: ces opposants qui se rangent derrière Paul Biya

Paul Biya prône la paix, l'unité  au Cameroun Paul Biya prône la paix, l'unité au Cameroun

Le 1er octobre 2017, certains activistes, têtes de proue de la crise anglophone, ont décidé de proclamer l’indépendance des Régions anglo- phones du Nord-Ouest et du Sud- Ouest. Un projet rejeté en bloc par des Camerounais en général et des figures emblématiques de la classe politique nationale en particulier.

Toutes sont unanimes que «le Cameroun reste un et indivisible», que «l’unité du Cameroun est non négociable» et que «la violence et la haine doivent être combattues sous toutes leurs formes».

Célestin Djamen, le secrétaire national aux droits de l’Homme et des peuples du Social democratic front (SDF), principal parti de l’opposition et qui n’a pas sa langue dans la poche, estime que l’heure est grave et surtout, qu’il est temps que les autorités politiques prennent des mesures adéquates pour mettre fin à la gabegie. Ce leader d’opinion propose une thérapie de choc : «l’instauration de l’état d’ur- gence» dans les Régions du Nord- Ouest et du Sud-Ouest. Des pro- pos tenus dimanche dernier lors d’une émission de débat sur la chaîne privée STV à Douala. L’acteur politique peine à com- prendre «pourquoi des Noirs se disent Anglophones, pourquoi des Noirs se disent Francophones».

Le parti créé le 26 mai 1990 à Bamenda dit clairement ne pas soutenir les sécessionnistes. Il se désolidarise de son député Joseph Wirba. Lors de la session parle- mentaire du mois de novembre 2016, cet élu du Bui, en plus de stigmatiser la longévité de Paul Biya au pouvoir, dénonce la «mar- ginalisation» des populations anglophones et pire, soutient le mouvement de sécession. Lors de la réunion du Comité exécutif national (NEC) du Social democra- tic front, tenue le 25 mars dernier à Soa, à une dizaine de kilomètres de Yaoundé, le chairman Ni John Fru

Ndi apporte des clarifications :«J’ai des soucis avec un parlementaire,
Joe Wirba, qui,lorsqu’il a posé certains actes à l’Assemblée nationale, je
lui ai dit qu’il s’est exprimé en son propre nom et non celui du parti. Je lui
ai également dit que les prochaines fois, il devrait s’assurer qu’il parle en
tant que membre du SDF. Il m’a ensuite fait une correspondance dans
laquelle il me dit que je ne l’ai pas soutenu», raconte l’opposant historique à Paul Biya, qui entend toutefois mettre à profit les revendications des populations du Nord-Ouest et du Sud-Ouest pour sortir de son apathie.

UNION SACRÉE
D’autres formations politiques sont dans la danse. Garga Haman Adji, le président de l’Alliance pour la démocratie et le dévelop- pement (ADD) a séjourné à Bamenda à l’effet, selon lui, «de ramener tous ceux qui veulent nous quitter». En décembre 2016, Olivier Bile, le président de l’Union pour la fraternité et la prospérité (UPF) fait des propositions pour une sortie de crise. L’UFP, en tant que force de proposition, soumet à l’attention des gouvernants, les modèles institu- tionnels de certains pays, tels la Suisse (français, allemand, italien, romanche), la Belgique (franco- phones, néerlandophones, germa- nophones), le Canada (français et anglais).

Aussi, il lui semble urgent de convoquer des «États généraux de la nation (politiques, société civile, universitaires, pays amis et proches sur le plan sociologique), afin de mener une réflexion collective sur la forme de l’État qui correspond le mieux aux exigences du monde contemporain».
Comme Célestin Bedzigui de l’Alliance libérale, Alice Sadio de l’Alliance des forces progressistes (AFP) explique la posture de son parti au sujet de cette crise.

«L’Alliance des Forces progressistes est contre la sécession. Nous l’avons dit depuis le début de cette crise, nous sommes pour un dialogue national inclusif qui ait le courage, qui ait l’au- dace patriotique de mettre sur la table ce que le régime refuse de mettre sur la table», déclare-t-elle au journal de Radio Equinoxe le 27 septembre
2017.

Depuis plusieurs mois, le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) appelle au patriotisme et au sens des responsabilités républicaines. Dans une
communication rendue publique le 17 janvier 2017, le président de
cette formation s’indigne :«L'agitation du spectre de la sécession
ne créé pas un climat propice au dialogue.

Pour des raisons tenant à notre histoire nationale qu'il convient de ne
jamais perdre de vue, chacun sait que l'option sécessionniste est simplement
inacceptable». S'agissant du problème anglophone, le MRC l'avait inscrit dans son projet de société dès son lancement en août 2012 et déclaré clairement que ce problè- me ne pouvait être résolu que dans le cadre d'un dialogue républicain.

NATIONS UNIES
Le MRC se réjouit de l'atten- tion portée enfin par les Nations Unies à cette crise qui perdure et qui compromet la paix et stabilité du pays. Il considère que les mesures techniques prises récem- ment par le gouvernement vont dans le bon sens. Toutefois, pour Maurice Kamto, «le seul moyen de résoudre la crise est de créer une com- mission composée des gens crédibles».
Par ailleurs, Edith Kah Walla, la présidente du Cameroon peo- ple's party (CPP) effectue à comp- ter du 20 au 23 septembre 2017, une tournée de solidarité aux populations du Nord-Ouest. Cette descente vise à «témoigner de la soli- darité du mouvement Stand Up for Cameroun aux populations de cette région anglophone; prendre connaissance de la réalité sur le terrain dans la région du Nord-Ouest; mettre sur la place publique des propositions sus- ceptibles de résoudre la crise et conduire un plaidoyer et un lobbying pour la tenue effective d’un dialogue national entre Camerounais», explique le mouvement dans un communiqué de presse rendu public le 19 sep- tembre 2017.

Ces déclarations rentrent en droite ligne avec le point de vue du ministre de l’Enseignement supé- rieur. Le Pr Jacques Fame Ndongo est on ne peut plus clair à ce sujet:«L’ingouvernabilité de l’Etat n’aura pas lieu parce que l’Etat est dirigé de main de maître par un esthète de la politique», affirme le secrétaire à la Communication du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) au pouvoir.