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Actualités of Wednesday, 16 May 2018

Source: www.camerounlink.com

Ambazonie: Ayuk Tabe oublié, voici le nouveau visage de la sécession

La crise anglophone dure et continue de faire des victimes. La crise anglophone dure et continue de faire des victimes.

Dominée par des groupuscules qui s’opposent, l’insurrection souffre de l’absence d’un leader politique et a viré au rançonnement des populations.

"Aujourd’hui, on est divisés, ça ne peut pas marcher comme ça ». Sur les réseaux sociaux, les séparatistes anglophones ne cachent plus leur désarroi. L’arrestation au Nigeria et l’extradition à Yaoundé fin-janvier du « président » autoproclamé de l’Etat imaginaire d’«Ambazonie» a considérablement affaibli le mouvement indépendantiste. Dominée par des groupuscules qui s’opposent, l’insurrection souffre de l’absence d’un leader politique et a cédé la place à une intense bataille de leadership et au rançonnement des populations.

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D’un côté, il y a les anciens leaders du Southern Cameroon National Council (Scnc), vieux mouvement interdit par Yaoundé qui plaide pour la cause séparatiste depuis les années 1995. Ces derniers se sont regroupés au sein du Scacuf, le Southern Cameroons Ambazonia Consortium United Front dans lequel ils prônent la lutte pacifique. « Les négociations sont notre meilleure arme », affirmait à Jeune Afrique, Millan Atam, un leader du Scacuf. L’assise populaire du «gouvernement intérimaire » du Scacuf est forte en région anglophone du fait du terreau économique et social sur lequel il s’appuie. Mais cette nébuleuse politique, qui dispose d’une télévision en ligne et de grands activistes sur les réseaux sociaux, a été déchirée avec l’arrestation de ses plus grands leaders.

Or, de l’autre côté s’est peu à peu formée une seconde nébuleuse de groupes indépendantistes, qui, pour la plupart, prônent la lutte armée contre « les forces d’occupation colonialistes ». « Ils se sont rassemblés le 11 février dans l’Ambazonia recognition collaboration council (Arcc), sous la houlette officieuse d’un combattant de toujours, Lucas Cho Ayaba », indique Jeune Afrique. Cho Ayaba, avec le leader d’un autre groupe armé, Ebenezer Akwanga, informe le journal, sont deux anciens syndicalistes étudiants de l’université de Buea (Sud-Ouest), qui s’étaient déjà démarqués du Scnc à la fin des années 1990. Quand les militants du Scnc plaidaient « la force de l’argument », ceux du mouvement de Cho et Akwanga parlaient de « l’argument de la force ».

Depuis cette époque, les deux hommes militent en exil pour la lutte armée contre Yaoundé. Cho Ayaba est leader des Ambazonia Defense Forces (ADF), et Akwanga dirige le Southern Cameroons Defence Forces (Socadef). Ces deux groupes revendiquent de nombreuses attaques en régions anglophones. « Nous avons une stratégie de défense par blocs : chaque village, chaque groupe de jeunes peut se lever pour l’Ambazonie, et nous serons prêts à les aider », confie encore à Jeune Afrique, Lucas Cho Ayaba, qui revendique « des milliers de combattants », quand les observateurs avisés de la crise n’en décomptent qu’une centaine.

Demande de rançon

En plus des groupes armés de Cho et d’Akwanga, plusieurs autres revendiquent une identité propre, sans qu’il soit possible de déterminer leur impact sur le terrain : le Scdf (Southern Cameroons Defence Forces, homonyme du Socadef), les Tigers of Ambazonia, les Vipers, l’Ambazonia Restoration Army (ARA), les Ambaland Forces… Les différentes sphères séparatistes ont bien tenté de s’unifier en 2017, au cours d’au moins quatre « conclaves » réunissant au Nigeria toutes les ailes de l’indépendantisme anglophone, selon différents leaders séparatistes. Mais, chacun y revendiquant un leadership populaire propre, aucune réunification n’a eu lieu. À la place, le « gouvernement » autoproclamé du Scacuf et la nébuleuse autour de l’Arcc s’étripent au quotidien sur les réseaux sociaux.

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Entre temps, outre les attaques lancées contre les forces nationales de défense et de sécurité, le mouvement indépendantiste a adopté une nouvelle stratégie qui consiste à procéder à des enlèvements des populations, avec demande de rançon. C’est d’ailleurs dans le cadre de ces opérations de kidnapping qu’un ressortissant tunisien a été enlevé puis assassiné par des séparatistes au milieu du mois de mars dernier.