Actualités of Monday, 3 November 2025

Source: L'Indépendant n°978 du 3 novembre 2025

Affrontements violents : le nombre de décès enregistrés jusqu'ici

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Dans un message sur son compte Facebook en fin de semaine dernière, Issa Tchiroma Bakary appelle à trois jours de « villes mortes » dès lundi 03 novembre 2025. Après un début de semaine dernière marqué par des manifestations de colère, débouchant parfois sur des violences, marquée aussi par la mort de civils et des arrestations par centaines dans plusieurs villes du Cameroun, et après une relative accalmie ces derniers jours, Issa Tchiroma Bakary lance un mot d'ordre « villes mortes » pour cette semaine. C’est une nouvelle séquence de la revendication de sa « victoire » qui s’ouvre avant la prestation de serment de Paul Biya, attendue au plus tard jeudi 6 novembre. Dans une déclaration audio diffusée le vendredi 31 octobre dans la matinée, Issa Tchiroma Bakary demande aux Camerounais de se préparer à rester chez eux cette semaine prochaine, de lundi à mercredi, « que le pays tout entier se fige (...) pour que le monde sache que nous ne cèderons pas ».

Issa Tchiroma Bakary « conduit en lieu sûr » par des militaires « loyalistes ». Officiellement déclaré deuxième à l’issue du scrutin présidentiel du 12 octobre dernier, Issa Tchiroma continue de dénoncer des résultats « tronqués ». Il dénonce aussi des « arrestations arbitraires », « l'utilisation de balles réelles » contre des manifestants cette semaine et parle « d'une répression aveugle ».

Dans le post Facebook sus évoqué, Issa Tchiroma Bakary, affirme aussi avoir été « conduit en lieu sûr » par des militaires qu'il qualifie de « loyalistes », sans donner plus de précisions. « Ces propos n'engagent que lui », a réagi une source proche du gouvernement, « il n'est recherché par personne » et « il n'y a pour l'instant aucun mandat d'arrêt contre lui ».

Quant au mot d'ordre de « villes mortes », selon cette source, Issa Tchiroma Bakary montre aux Camerounais son « vrai programme » : « casse, pillage, paralysie de l'économie », ajoutant que « c'est de l'intimidation, une démarche vouée à l'échec qui ne relève pas d'une démarche pacifique ».

À Douala, quatre jours après les manifestations réprimées par les forces de maintien de l'ordre, la grande majorité des commerces n'ont pas rouvert, malgré l'accalmie relative, observée ces derniers jours dans la ville. Un sentiment de peur est perceptible chez les habitants de la capitale économique, qui préfèrent souvent ne pas évoquer la crise postélectorale. C'est dans ce climat que certains commerces ont tout de même décidé de reprendre du service, parfois tard dans la nuit. Une reprise plutôt mitigée, les clients étant encore confinés chez eux pour la plupart. « La situation au Cameroun est extrêmement instable », selon le bâtonnier de l'ordre des avocats Mbah Eric Mbah. Le bâtonnier de l'ordre des avocats du Cameroun, Mbah Eric Mbah, juge la situation actuelle extrêmement préoccupante. Des mouvements de colère qui donnent lieu à des actes de vandalisme ou de pillage d'un côté, et une répression brutale de l'autre. Quatre jours après la proclamation de la victoire de Paul Biya à la présidentielle du 12 octobre par le Conseil constitutionnel, et alors que le camp d'Issa Tchiroma Bakary, resté à Garoua dans son fief du nord, revendique toujours la victoire, le bâtonnier demande à chaque partie et à chacun d'agir avec retenue et dans le respect des règles de droit.

« Les manifestants ne respectent pas les règles d'une manifestation pacifique, car elle n'inclut ni le pillage ni la destruction. Quant aux personnes tuées, aux arrestations, elles s'apparentent à des arrestations arbitraires. Quand les militaires arrivent sur un lieu et arrêtent tous ceux qui sont présents, dans tout cela, l'État de droit n'est pas respecté. Cela instille la peur, engendre le chaos et l'incertitude, dénonce-t-il au micro d'Amélie Tulet, du service Afrique de RFI. Je suis assez impressionné par certains officiers militaires dont j'ai vu des vidéos qui tentent de faire de l'éducation civique, mais la brutalité dont font preuve certains individus envers les manifestants est injustifiable. Elle est irrationnelle. Le professionnalisme de l'armée devrait permettre de contrôler les débordements. Nous devons être extrêmement prudents. La situation au Cameroun est extrêmement instable. La manière dont les autorités vont gérer cette situation déterminera notre succès ou notre échec ».

Plusieurs organisations de la société civile parlent d'au moins vingt morts confirmés depuis dimanche. Les autorités gouvernementales n'ont pas annoncé de bilan concernant les cas de blessures ou de décès, ou le nombre d'arrestations.