Actualités of Wednesday, 15 June 2022

Source: www.camerounweb.com

Affaire viol à l'archidiocèse de Bertoua : les non-dits de l’incarcération de l’abbé Emilien Messina

Une grave affaire de mœurs secoue actuellement le clergé de la région de l’Est. Au cœur de cette escalade, un ministre du culte derrière les barreaux, l’abbé Emilien Messina. L’archidiocèse de Bertoua dans le tumulte. Les ouailles dans la tourmente. L’opinion chrétienne en générale reste médusée par le mutisme loquace de Mgr Joseph Atanga.


L'archidiocèse de Bertoua vit désormais une tragédie sans précédent dans l’histoire de sa chrétienté depuis le 12 mai dernier. La désolation peut sembler dérisoire à consoler les fidèles de la paroisse St Esprit Château de Mkpoklota à Bertoua, et partant l’église catholique du Cameroun. Pour la première fois, un prêtre croupit dans les geôles de la prison de Bertoua. Un véritable désastre, dira-t-on. En effet, sur déposition d’une plainte du sieur Anicet Paul Omgba Biakolo et Omgba Ayemeyeme Barbara Hillary Chancy, l’abbé Emilien Messina, prêtre de Jésus de l’archidiocèse de Bertoua va être convoqué au cabinet d’instruction judiciaire du juge Jean Louis Tazovap. C’est ici que l’abbé Emilien Messina apprendra qu’il est poursuivi pour des faits de « corruption de la jeunesse, outrage à la pudeur en présence d’une personne mineure de 16 à 21 ans, viol et communication de maladies contagieuses ». Après son audition qui ne va durer qu’un quart d’heure d’horloge, le prélat est conduit sous forte escorte policière dans les geôles de la maison d’arrêt de Bertoua. On eût dit que le dossier avait déjà été bouclé à l’avance.
Dans la foulée, le mercredi 18 mai 2022, avant même toute décision des autorités judiciaires, l’ar chidiocèse par le canal de son archevêque, Mgr Joseph Atanga, va prendre un décret de prohibition de l’exercice du ministère sacré, qui va d’emblée clouer au pilori son prêtre. « Vu les accusations graves portées par les autorités civiles et par les médias contre Monsieur l’abbé Emilien Messina, prêtre de ce diocèse (…) vu la publicité faite autour de cette dénonciation, vu le scandale causé au sein de la communauté chrétienne par cette dénonciation (…) après avoir examiné les éléments actuellement en notre possession concernant la dénonciation susmentionnée de délit vraisemblable (…) décrète la prohibition de l’exercice du ministère sacré à Monsieur l’abbé Emilien Messina. » A travers cette décision tranchée à blanc-estoc, l’archevêque métropolitain de Bertoua va outrageuse- ment confondre l’opinion et les médias aux prétoires et aux juges. Or, les médias ne condamnent pas les hommes : ils ont plutôt pour vocation à les informer, les éduquer et de les divertir.

TESTS NÉGATIFS <\b>

D’un point de vue purement ecclésiastique, c’est une véritable hé- résie de la part de l’archevêque de Bertoua, si l’on se réfère simplement à la parabole du bon pasteur : « Je suis le bon pasteur, le vrai berger, qui donne sa vie pour ses brebis… », confie un membre du clergé de l’archidiocèse. C’est finalement à travers cette décision couverte de la grâce de Dieu et de l’autorité du Saint Siège, le tout couronné par l’onction et la bénédiction de Mgr Joseph Atanga, que la messe va être dite. On va donc désormais esquisser la meilleure perception qui existe entre les valeurs et les artifices, entre ceux qui sont missionnaires de facto et de jure, pour avoir refusé d’être mercenaires à plein temps.
« Abomination de la désolation… ! » va s’offusquer un autre ministre du culte de l’archidiocèse qui a requis l’anonymat.
« Comment peut-on condamner un justicia- ble, sans même lui avoir donné quelques moyens pour sa défense ? », rétorque le même prêtre qui invoque ici la présomption d’innocence. Effectivement, en matière pénale, la présomp- tion d’innocence est un principe sacré en droit selon lequel, toute personne poursuivie est considérée comme innocente des faits qui lui sont reprochés, tant que celle-ci n’a pas été déclarée coupable par ladite juridiction. Dans cette affaire qui s’apparente désormais à une cabale, un membre de son conseil paroissial indique : « La respon-sabilité de Mgr Joseph Atanga est haïssable à plus d’un titre. Mais notre écœurement et notre révolte sont d’autant plus grands face à l’injustice dont est victime notre curé… ». En effet, dans un procès pénal, comment peut-on d’entrée de jeu opposer à un jus- ticiable le principe qui est la présomption d’innocence, pour lui opposer ipso facto l’exception qui est la détention provisoire ?, s’indigne un fidèle.
Et l’injustice, c’est tout ce qu’on renifle lorsque nos sens effleurent cette affaire. 1er chef d’accusation : corruption de mineure. En quoi l’accusé aurait-il corrompu la jeunesse ? Par quel acte se serait-il donc rendu coupable ? 2nd chef d’accusation : outrage à la pudeur en présence d’une mineure de 16 à 21 ans. Selon nos sources, l’abbé Emilien Messina est arrivé à Ber- toua le 5 aout 2016 en provenant de Belabo. Deux ans après, il fait la connaissance de la fa- mille Omgba, et devient par ailleurs leur conseiller spirituel, puisque c’est lui qui célèbre leur union religieuse. Bien qu’il se trouve avoir une inadéquation entre le véritable âge de la supposée mineure qui n’est autre que la fille du sieur Omgba, âge qui oscille entre 20 et 21 ans, aucune preuve n’est apportée au dossier pour soutenir l’accusation. Pour mieux noircir la tête du maure, le viol et la communication de maladies conta gieuses sont invoqués comme argumentum ad personam. Or, avant d’entrer dans la maison d’arrêt de Bertoua où il est actuellement en détention préventive, l’abbé Emilien Messina a été soumis à deux examens obligatoires à savoir : le test de Covid 19 et celui du Vih qui se sont révélés négatifs. Dans le but de participer à la manifestation de la vérité, l’abbé Emilien Messina a été convoqué les 30 mai, 31 mai et mercredi 1er juin dernier. Il s’agissait dans le cadre d’une confrontation, qu’il soit placé en présence du plaignant pour confronter les versions des faits à priori. Sauf que, sieur Omgba Biakolo Anicet Paul et Omgba Ayemeyeme Barbara Hillary Chancy, sa fille, ne se sont jamais se présentés à l’audience. C’est donc le jeudi 9 juin dernier que la première confrontation va avoir lieu. Ce rapprochement entre les parties ne va rien apporter de nouveau à l’accusation. Dans cette affaire, de nombreuses questions restent donc irrésolues : « Qui en veut particulièrement à l’abbé Emilien Mvogo et pourquoi ? » « Pourquoi vouloir exposer à des fidèles de l’archidiocèse aujourd’hui en colère, la nudité et la dignité d’un prélat, à des injures calomnieuses de charretiers… ? « Pourquoi Mgr Joseph Atanga n’arrive-t-il pas à défaire les cordons de sa soutane et jouer le bon pasteur ? » Affaire à suivre…