Ce 21 octobre, le commissaire du gouvernement a effectué un transport judiciaire dans les locaux de la chaîne de radio Amplitude FM à Yaoundé. Une démarche exceptionnelle, décidée à la dernière audience du 13 octobre par le Tribunal militaire, à la demande du parquet de céans.
Objectif : retracer les derniers instants professionnels de Martinez Zogo, ce journaliste assassiné pour avoir eu le courage de dire tout haut ce que d’autres chuchotaient.
Le transport judiciaire visait à extraire les enregistrements sonores des dernières émissions animées par feu Martinez Zogo, quelques jours seulement avant qu’il ne soit enlevé, torturé et assassiné.
Ces archives sonores, devenues des pièces à conviction potentielles, pourraient permettre de comprendre qui redoutait tant sa parole, et pourquoi sa voix devait être réduite au silence.
À l’audience du 13 octobre, le rédacteur en chef d’Amplitude FM avait sollicité la diffusion publique de ces extraits, afin de corroborer son témoignage.
Mais cette requête légitime a aussitôt suscité une vive controverse.
Les avocats de la défense ont contesté l’authenticité de ces enregistrements, cherchant à disqualifier la voix même du journaliste qu’on tente déjà d’effacer.
Comment comprendre qu’au lieu de chercher la lumière, certains s’acharnent encore à brouiller les pistes ?
Comment oser remettre en cause la parole d’un mort, celle d’un homme qui a payé de sa vie son courage et sa foi en la vérité ?
Cette attitude de la défense, qui frôle l’indécence, révèle un malaise profond : celui d’un système incapable d’assumer ses propres ombres.
Les Camerounais n’ont pas oublié le corps martyrisé de Martinez Zogo, retrouvé dans des conditions inhumaines.
Ils n’ont pas oublié non plus ses dernières émissions, où il dénonçait la corruption, les abus de pouvoir et les complicités occultes au sommet de l’État.
Ces fichiers ne sont pas de simples archives.
Le transport judiciaire d’aujourd’hui n’est pas un acte technique. C’est un moment de vérité, une confrontation entre la mémoire et le mensonge, entre la justice et la peur.
En allant à Amplitude FM, le commissaire du gouvernement ne visite pas une simple station de radio : il entre dans un sanctuaire de la liberté d’expression, profané par la violence et la lâcheté.