Actualités of Monday, 28 July 2025

Source: www.camerounweb.com

Affaire Maurice Kamto : Adamou Amadou recadre Issa Tchiroma Bakary et défend la légalité d'Elecam

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La polémique autour de l'éviction de Maurice Kamto de la course présidentielle prend une nouvelle dimension avec la réponse cinglante d'Adamou Amadou au "communiqué de fraternité" d'Issa Tchiroma Bakary. Dans un texte publié ce dimanche, l'ancien ministre oppose une vision rigide de l'État de droit aux appels à la solidarité de l'opposition, créant une fracture idéologique majeure dans le paysage politique camerounais.

Adamou Amadou ne mâche pas ses mots pour recadrer Issa Tchiroma Bakary : "La candidature du Professeur Maurice Kamto n'est pas une affaire de sympathie ni de fraternité politique. C'est une affaire de droit." Cette déclaration frontale constitue une réponse directe à la "main fraternelle" que Tchiroma avait tendue à Kamto dans son communiqué du 27 juillet.

Cette opposition conceptuelle révèle deux visions antagonistes de la politique : d'un côté, Tchiroma privilégiant la solidarité démocratique et l'unité de l'opposition ; de l'autre, Amadou défendant une application stricte et impersonnelle de la loi. Cette divergence pourrait redéfinir les alliances dans cette campagne présidentielle.

L'ancien ministre prend explicitement la défense de l'organe électoral face aux critiques : "Elecam a examiné 83 déclarations de candidature. Seuls 13 dossiers ont respecté toutes les exigences légales. Le reste, dont celui du Professeur Kamto, a été écarté selon les règles prévues."

Cette défense d'Elecam contraste avec les accusations de manipulation portées par Anicet Ekane, qui avait dénoncé dans son interview exclusive à Jeune Afrique une "opération mafieuse" orchestrée contre Kamto. Amadou transforme ainsi ce qui était présenté comme une manipulation en application légitime de la loi.
Le rejet de la "confusion" de Tchiroma
Adamou Amadou s'attaque directement à l'argumentaire de Tchiroma Bakary : "Reconnaître la compétence du Professeur Kamto tout en insistant sur sa disqualification, c'est entretenir la confusion." Cette critique vise la stratégie adoptée par Tchiroma, qui avait reconnu les "compétences internationalement reconnues" de Kamto tout en acceptant implicitement sa disqualification.

Cette attaque révèle une incompréhension, voire un rejet, de la nuance politique que tentait d'apporter Tchiroma à cette affaire. Pour Amadou, la simplicité prime : "La vérité est simple : nul n'est au-dessus de la loi."

Le texte d'Adamou Amadou se conclut par une défense appuyée du Conseil constitutionnel et des institutions camerounaises en général. Il énumère les devoirs de cette juridiction : "garantir le respect de la Constitution, l'égalité de tous devant la loi, la transparence du processus électoral."
Cette énumération constitue une réponse indirecte aux critiques formulées par l'opposition sur l'intégrité du processus électoral. En présentant les institutions comme garantes de l'impartialité, Amadou anticipe et disqualifie par avance toute contestation de leurs décisions futures.


Cette déclaration fait écho aux révélations de Jeune Afrique sur les négociations qui auraient eu lieu entre le pouvoir et certains acteurs de l'opposition, suggérant qu'Amadou entend couper court à toute velléité de marchandage politique.

La réponse d'Adamou Amadou révèle un positionnement politique clair : celui d'un défenseur du système en place qui utilise l'argument de l'État de droit pour légitimer les décisions controversées d'Elecam. Cette stratégie vise à déplacer le débat du terrain politique vers le terrain juridique, où l'opposition a moins de prises.

En s'opposant frontalement à la démarche de Tchiroma Bakary, Amadou Amadou pourrait paradoxalement renforcer la dynamique d'unité de l'opposition qu'il entend combattre. Sa virulence risque en effet de pousser les candidats de l'opposition vers une solidarité de façade, créant ainsi l'inverse de l'effet recherché.

Cet échange public entre Adamou Amadou et Issa Tchiroma Bakary dépasse le simple cadre de l'affaire Kamto. Il révèle les fractures profondes de la société camerounaise entre partisans d'une application stricte de la loi et défenseurs d'une justice plus équitable et transparente.