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Actualités of Monday, 30 January 2023

Source: www.camerounweb.com

Affaire Martinez Zogo : une autre personne est encore morte

Défenseur des droits de l'homme Défenseur des droits de l'homme

Le meurtre commis sur la personne de Martinez Zogo fait froid au dos, à tel point que la quasi-totalité des personnes qui suivent de près ou de loin l’affaire ne se privent pas d’exprimer le ras-le-bol face à cet énième assassinat.

L’une des dernières personnes à l’avoir fait est l’avocat qui travaille au barreau de Paris Me Christian Bomo Ntimbane. Il est aussi acteur de la Société civile des réconciliateurs.

Dans une publication sur les réseaux sociaux titrée « Assassinat de Martinez Zogo : monseigneur Jean Zoa n'est vraiment plus ! », il évoque largement le cas du journaliste torturé, mutilé et tué de sang-froid.

En 1962, le régime Ahidjo qui combattait avec ses horreurs les nationalistes camerounais, avait fait affréter de Douala à Yaoundé (300 km environ), un train marchandise roulant à petite vitesse pour transporter plus d'une cinquantaine de nationalistes Upécistes dans un fourgon hermétiquement fermé, car destiné à transporter du ciment pour qu'il ne durcisse pas.

Plus de la moitié mourut asphyxiée, parmi les tués des femmes enceintes, après qu'elles avaient expulsé leurs fœtus.

Parmi ces Upécistes survivants, mes deux (02) oncles paternels : Papa Pierre Ze Ngo'o qui vient de nous quitter à l'âge de 96 ans, (un de ses fils qui a pu recueillir de son vivant son témoignage, le docteur en sciences politiques et colonel en retraite, Mvom Jacques Didier Lavenir, vient de publier aux éditions L'Harmattan un ouvrage sur cette horreur et dont image en capture : "Cameroun 1962 – le train de la mort), et son jeune frère parti plus tôt Papa Edouard Nkoumou Ngo'o.

Mon père qui s'appelait Mathias Bomo Ngo'o avait échappé belle, parce que considéré comme mineur. L'information sur l'existence de ce train avait mis les populations de Yaoundé en émoi comme avec cette mort de Martinez Zogo.

Conscientes de cette situation, les autorités déclarèrent un couvre-feu à Yaoundé pour éviter que les foules n'affluent à la gare de Yaoundé, lieu de destination de ce train. C'était la peur généralisée. Les rues étaient désertes mais contrôlées par des soldats et forces de sécurité hargneux et prêts à ouvrir le feu.

C'est alors qu'un jeune prélat camerounais, évêque de Yaoundé, monseigneur Jean Zoa décida de passer outre cette interdiction du régime. Il appela, courageusement, malgré des menaces de toutes sortes, à une grande messe dite des morts à l'esplanade de la poste centrale de Yaoundé, le soir de l'arrivée de ce train.

Des centaines de milliers de personnes, toutes obédiences religieuses bravèrent cette interdiction et assistèrent, assises sur le tarmac à cette célébration de nos héros tués par asphyxie. Le régime fut contraint de laisser se dérouler cette messe, en réalité, cette manifestation visant à dénoncer le crime, l'horreur.

Pourriez-vous envoyer ce post à monseigneur Jean Mbarga, archevêque de l'église catholique de Rome à Yaoundé et tous les autres prêtres, pasteurs et imams, si incapables de dénoncer et appeler à la recherche des auteurs de l'assassinat horrible de notre compatriote Martinez Zogo, ce journaliste, symbole de notre liberté fondamentale d'expression et d'opinion contre les dérives de la mal gouvernance ?

Si monseigneur Jean Zoa était encore vivant, il aurait dénoncé et condamné publiquement, ouvertement et courageusement cet assassinat des plus abjects de notre histoire. Il aurait demandé que la justice, cette fois-là, internationale, recherche et punisse les coupables comme il l'a fait en 1962.


Eu égard à tout ce qui précède, peut-on avancer que monseigneur Jean Zoa vient de mourir une deuxième fois ? L’affirmative s’y colle parfaitement.

Une chose est sûre, il aurait tout fait, s’il était encore vivant, pour que justice soit faite pour Martinez Zogo. L'homme qui haïssait le mal doit se retourner dans sa tombe en sachant ce qui arrive dans son pays.