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Actualités of Wednesday, 8 May 2024

Source: www.camerounweb.com

Affaire Martinez Zogo : Voici comment Ferdinand Ngoh Ngoh a été coincé par les magistrats

Il est impératif que la justice puisse opérer en toute indépendance Il est impératif que la justice puisse opérer en toute indépendance

La découverte par les magistrats militaires d'une potentielle implication du secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh, dans l'assassinat du journaliste Martinez Zogo soulève des questions sérieuses.

Boris Bertolt a procédé à des révélations ce matin qui incriminent au plus haut point le SGPR. Ces révélations dans l'affaire Martinez Zogo sont particulièrement troublantes.

« AFFAIRE MARTINEZ ZOGO : COMMENT LES MAGISTRATS MILITAIRES ONT DECOUVERT QUE LE SECRETAIRE GENERAL DE LA PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE, FERDINAND NGOH NGOH, ETAIT IMPLIQUE DANS L’ASSASSINAT.

Le 6 mai 2024, s’est tenue la troisième audience au tribunal militaire dans l’affaire Martinez Zogo. Sauf que comme nous l’avions annoncé, la situation s’est soldée par un blocage. Pour la première fois, l’ensemble des avocats y compris ceux de la partie civile et de l’Etat du Cameroun se sont joints aux avocats de la Défense pour demander à recevoir copie de l’intégralité du dossier de procédure. Jusqu’ici, le président du tribunal militaire s’y était toujours opposé sur instruction du directeur de la Justice militaire, le colonel Jiofack.

Le colonel Misse avait autorisé les avocats à consulter le dossier alors que ces derniers réclamaient obtenir copie. Les avocats bien que campant sur leurs positions ont décidé d’y jeter un coup d’œil. Les avocats vont découvrir que des pièces manquent dans le dossier y compris des procès-verbaux de confrontation. Ils ne retrouvent rien concernant Martin SAVOM, même pas ses auditions comme s’il s’était retrouvé à Kondengui par sorcellerie. Ne parlons pas des expertises. Les avocats ont donc décidé de tout stopper et ne veulent plus de consultation mais recevoir copie intégrale du dossier. Face à l’unité des avocats qui exigent qu’on leur remette le dossier de procédure avant toute chose, le président du tribunal militaire s’est retrouvé contraint de renvoyer le procès au 27 mai 2024.

Ce nouveau blocage dans l’affaire Martinez Zogo est une nouvelle preuve qu’il existe au sommet de l’Etat, des gens qui font tout pour paralyser la tenue d’un procès équitable. Tout comme ils ont paralysé l’instruction. Notamment lorsque les magistrats militaires après huit mois d’enquête ont découvert que les ramifications de l’assassinat du journaliste Martinez Zogo remontaient jusqu’à la présidence de la République.

COMPAGNIES DE TELEPHONIE

En effet, au cours de l’instruction, les membres du commando de la DGRE ont réitéré qu’ils avaient tous perdu la connexion le 17 janvier 2023 pendant l’opération. Ils l’avaient déjà souligné à l’enquête préliminaire. Devant le juge d’instruction Sikati Kwamo Pierre, Justin Danwe a confirmé en octobre 2023 une interruption des communications suivie d'une coupure de connexion internet sur les téléphones des membres du commando pendant deux heures. Pendant l’enquête préliminaire, le colonel Ayissi Nanga, membre de la commission mixte qui flaire un problème demande l’audition des responsables régionaux des compagnies de téléphonie mobile. Il sera chassé de l’enquête et recevra quelque mois plus tard une affectation disciplinaire.

Ainsi, dans la recherche des explications, au cours de l’instruction, les magistrats militaires ont adressé aux opérateurs de téléphonie Mobile, CAMTEL, MTN et Orange des demandes de coopération afin de pouvoir comprendre ce qui s’est passé, géolocaliser des acteurs et les listings téléphoniques. Orange et MTN commencent à coopérer avant d’être directement sommés d’arrêter. Cameroon Telecommunications (CAMTEL), société d’Etat, ne donne aucune réponse. De même que lorsqu’il s’est agi d’analyser les communications et la géolocalisation de Martin Savom, Maire de Bibey, intime de Ferdinand Ngoh Ngoh, arrêté le 19 décembre 2023 et inculpé le 29 février 2024 pour « complicité d’assassinat et de torture », CAMTEL, ORANGE et MTN ont refusé de coopérer à l’enquête.

EXPERTISE JUDICIAIRE

Pour contourner le refus de collaborer des compagnies de téléphonie mobile, les magistrats militaires recrutent deux cabinets d’expert. C’est l’expertise privée qui permettra non seulement d’établir l’existence de deux commandos en fonction des auditions confirmées par les données de geolocalisation et la connexion entre Martin Savom et Justin Danwe, le chef des opérations de la DGRE.

La deuxième expertise qui portait principalement sur les téléphones de Martin SAVOM conduite par le professeur Georges Bitjoka Bell, expert en cybercriminalité et cryptologie va confirmer l’implication de Martin SAVOM dans l’assassinat de Martinez Zogo, mais également permettre d’établir des connexions qui remontent jusqu’à la présidence de la République. Notamment au secrétariat général et à la direction de la sécurité présidentielle. Cette expertise rejoint celle de la première expertise de Jean Pierre OLOUMOU déposée en septembre 2023 qui demandait déjà aux magistrats militaires de s’intéresser de toute urgence au secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh et au patron de la gendarmerie, Galax Etoga. Cependant, le premier magistrat d’instruction ayant orchestré l’arrestation de Martin SAVOM a été retiré de l’enquête et chassé de la magistrature militaire. Le deuxième magistrat militaire, Ndzie Pierrot Narcisse, a été menacé de mort ainsi que sa famille »
écrit Boris Bertolt.