Dans l'émission "Libre Expression" sur Info TV, l'analyste politique Pierre Blériot Nyemeck a accusé le ministre Paul Atanga Nji de pouvoir "modifier l'ADN" des partis politiques pour empêcher certaines candidatures, notamment celle de Maurice Kamto.
L'invalidation de Maurice Kamto par Elecam continue de susciter des réactions dans la classe politique camerounaise. Dans l'émission "Libre Expression" sur Info TV, Pierre Blériot Nyemeck a livré une analyse sans détour des mécanismes qui auraient conduit à l'éviction du leader du MRC, pointant directement du doigt le rôle du ministère de l'Administration territoriale.
"Il y en a qui ne souhaitaient pas ou qui ne souhaitent pas que le candidat Maurice Kamto soit présenté et ils vont donc mobiliser leur intelligence pour expliquer cela", a déclaré Pierre Blériot Nyemeck, suggérant l'existence d'une volonté politique délibérée d'écarter l'opposant de la course présidentielle.
Pour illustrer son propos, l'analyste a utilisé une métaphore saisissante : "Même si Maurice Kamto était allé vers Univers de Nkou Mvondo, on aurait donné quittance à cette femme qui vend son poisson pour être la deuxième personne à investir un candidat ou à s'investir."
Cette référence à une vendeuse de poisson hypothétique vise à démontrer que peu importe le parti choisi par Kamto, des obstacles auraient été créés pour empêcher sa candidature.
La charge la plus lourde de Pierre Blériot Nyemeck vise directement le ministre de l'Administration territoriale, Paul Atanga Nji. "Le ministre de l'administration territoriale a dit que quand vous voulez parler des partis politiques, il faut aller vers lui parce qu'il a les actes de naissance et l'ADN des partis politiques", a-t-il rappelé.
Mais l'analyste va plus loin dans sa dénonciation : "Mais il ne vous a pas précisé qu'il peut modifier l'ADN d'un parti politique."
Cette accusation grave suggère que le ministre aurait la capacité d'intervenir dans la structure interne des partis politiques pour créer les conditions de rejet des candidatures indésirables.
Les propos de Pierre Blériot Nyemeck suggèrent que cette confusion interne ne serait pas le fruit du hasard, mais le résultat d'une manipulation orchestrée par le ministère de l'Administration territoriale.
L'analyse de Nyemeck révèle les coulisses d'un système où les institutions censées garantir l'équité électorale seraient détournées de leur mission. Si ses accusations se vérifiaient, cela confirmerait l'existence d'une "ingénierie institutionnelle" permettant au pouvoir en place de contrôler l'accès à la candidature présidentielle.
Cette vision rejoint les critiques formulées par d'autres observateurs sur le caractère de "fiction démocratique" du système camerounais, où les institutions existent formellement mais sont vidées de leur substance par des manipulations en amont.
Un système de contrôle total
Les révélations de Pierre Blériot Nyemeck dessinent les contours d'un système où le contrôle des candidatures s'exercerait bien en amont du processus électoral proprement dit. Le ministère de l'Administration territoriale, détenteur des "actes de naissance" des partis, disposerait ainsi d'un pouvoir de vie ou de mort sur les ambitions politiques.
Cette capacité à "modifier l'ADN" des partis politiques, si elle était avérée, représenterait une atteinte grave au pluralisme politique et à l'équité électorale.
Ces accusations interrogent également sur l'indépendance réelle d'Elecam. Si l'organisme électoral ne fait qu'entériner des décisions prises en amont par le ministère de l'Administration territoriale, sa fonction de garant de l'équité électorale se trouve considérablement affaiblie.