Actualités of Tuesday, 30 September 2025

Source: www.camerounweb.com

Achille Mbembe, Patrice Nganang... quand les intellectuels de la diaspora s'invitent dans la bataille présidentielle

Image illustrative Image illustrative

Ils vivent à Paris, aux États-Unis ou ailleurs en Occident, mais leurs mots résonnent jusqu'à Yaoundé. Dans une enquête exclusive, Jeune Afrique dévoile comment des intellectuels camerounais de la diaspora, d'Achille Mbembe à Patrice Nganang, ont fait basculer le débat présidentiel en terrain miné, avec des accusations explosives sur l'ethnicité et des appels à l'insurrection.
Achille Mbembe et le "problème Bamiléké" : la bombe du 27 août
Jeune Afrique révèle qu'Achille Mbembe, "philosophe et historien établi à l'étranger, directeur de la Fondation de l'innovation pour la démocratie, n'a pas résisté au magnétisme de cette mêlée parfois confuse." Une phrase qui en dit long : même les plus grandes figures intellectuelles africaines se laissent happer par la polarisation camerounaise.




La contribution de Mbembe au débat présidentiel a fait l'effet d'une bombe. Jeune Afrique rapporte que "le 27 août dernier, il a dénoncé l'éviction de Maurice Kamto de la présidentielle, due selon lui à la persistance d'un 'problème Bamiléké' au Cameroun." Une accusation gravissime qui fait entrer l'ethnicité au cœur de la campagne électorale.



Cette intervention révélée par Jeune Afrique transforme radicalement la nature du débat. Il ne s'agit plus seulement de savoir si Kamto remplissait ou non les conditions juridiques pour se présenter, mais de déterminer si son éviction relève d'une discrimination ethnique systémique. Mbembe, avec son aura internationale de penseur postcolonial, donne une légitimité académique à cette lecture ethnique du pouvoir camerounais.



Le magazine panafricain souligne que Mbembe "bénéficie du soutien de personnalités" pour "défendre ses positions", malgré l'élimination de Kamto. Son intervention du 27 août n'était donc pas un coup isolé, mais le début d'une campagne d'opinion menée depuis l'étranger pour dénoncer ce qu'il présente comme une "bamiphobie" d'État.


La riposte statistique d'Essomba : quand les chiffres contredisent le philosophe
Face à l'offensive Mbembe, Jeune Afrique révèle qu'une contre-attaque intellectuelle s'est organisée. Le statisticien Dieudonné Essomba a pris la plume pour réfuter point par point l'argumentaire du philosophe : "Son argumentaire ne tient pas debout (…). Maurice Kamto est parti sur des bases fausses, en instillant une lecture erronée du pouvoir fondée sur une logique de rotation régionale."



Jeune Afrique rapporte la suite du raisonnement d'Essomba : "Cette lecture ne correspond à aucune réalité historique, car la présidence au Cameroun ne s'est jamais posée en termes de rotation tribale." Une réponse qui vise à déconstruire méthodiquement, avec des données objectives, ce que le statisticien présente comme une manipulation de Mbembe et Kamto.



Cette confrontation révélée par Jeune Afrique illustre la nouvelle géographie intellectuelle du débat camerounais. D'un côté, un philosophe mondialement reconnu, installé à l'étranger, qui apporte son prestige académique international à la cause de l'opposition. De l'autre, un statisticien local qui utilise l'arme des données pour défendre le pouvoir en place.



Le magazine souligne ainsi que le débat dépasse désormais les frontières du Cameroun. Quand Mbembe parle depuis l'étranger, ses propos sont relayés par les médias internationaux, donnant une résonnance mondiale à la question camerounaise. Un atout considérable pour l'opposition, qui peut ainsi contourner le contrôle que le régime exerce sur les médias locaux.


Patrice Nganang, le révolutionnaire numérique depuis les États-Unis
Jeune Afrique identifie un autre intellectuel de la diaspora qui a fait de la lutte contre Biya son combat quotidien : Patrice Nganang, "écrivain et enseignant aux États-Unis." Mais contrairement à Mbembe qui intervient ponctuellement, Nganang a fait de son activisme une occupation permanente.
Le magazine révèle que "c'est sur Facebook que Patrice Nganang ferraille sans relâche contre le régime." Une formulation qui dit tout : pas d'interventions espacées, pas de contributions mesurées, mais un combat incessant, un harcèlement médiatique quotidien du pouvoir camerounais depuis son exil américain.



Jeune Afrique va plus loin dans son analyse du positionnement de Nganang : "Promoteur de l''insurrection' contre Paul Biya, il considère comme illusoires les espoirs d'alternance par les urnes." Cette révélation est capitale : Nganang ne se contente pas de critiquer le régime, il appelle ouvertement à son renversement par des moyens extra-légaux.


En utilisant le terme "insurrection", Nganang franchit une ligne rouge que même la plupart des opposants camerounais n'osent pas franchir publiquement. Sa position à l'étranger, hors d'atteinte de la répression camerounaise, lui permet cette radicalité verbale. Jeune Afrique révèle ainsi l'existence d'une frange de la diaspora intellectuelle qui a renoncé au jeu démocratique et plaide pour la rupture violente.



Jeune Afrique ne le dit pas explicitement, mais les révélations du magazine permettent de comprendre pourquoi ces intellectuels s'expriment depuis l'étranger. Mbembe et Nganang peuvent tenir des discours qui, prononcés depuis Yaoundé ou Douala, leur vaudraient probablement une arrestation immédiate.
La distance géographique offre une liberté d'expression totale. Nganang peut appeler à l'"insurrection", Mbembe peut dénoncer un "problème Bamiléké" sans risquer de répondre de leurs propos devant la justice camerounaise. Cette protection de la distance transforme ces intellectuels en porte-voix radicaux de l'opposition, capables de dire ce que les opposants locaux ne peuvent qu'insinuer.


Jeune Afrique révèle ainsi une asymétrie fondamentale dans la bataille de l'opinion : pendant que les intellectuels pro-régime comme Jacques Fame Ndongo, Magloire Ondoa ou Mathias Éric Owona Nguini s'expriment depuis le Cameroun sous la protection du pouvoir, les penseurs oppositionnels les plus virulents le font depuis l'étranger sous la protection des démocraties occidentales.
Cette géographie de la parole politique crée des effets pervers. Les débatteurs locaux, qu'ils soient pro-régime ou opposition modérée, doivent mesurer leurs mots, tandis que les voix de la diaspora peuvent pousser la rhétorique à son paroxysme. Résultat : une polarisation maximale du débat, où les positions les plus extrêmes émanent d'intellectuels qui ne vivent pas au quotidien les conséquences de leurs prises de position.


L'expression utilisée par Jeune Afrique pour décrire l'implication de Mbembe est révélatrice : il "n'a pas résisté au magnétisme de cette mêlée parfois confuse." Le magazine suggère ainsi que même les esprits les plus brillants et les plus établis internationalement ne peuvent échapper à l'attraction gravitationnelle du débat politique camerounais.


Cette "mêlée parfois confuse", c'est celle que Jeune Afrique documente tout au long de son enquête : des débats télévisés qui "battent des records d'audience", des confrontations où "tous les coups sont permis" sur les réseaux sociaux, une "extrême polarisation du champ politique" qui ne tolère aucune nuance.
Jeune Afrique révèle ainsi que le débat camerounais fonctionne comme un trou noir intellectuel : même ceux qui pourraient, par leur position géographique et leur stature académique, maintenir une distance critique, se retrouvent happés dans la binarité pour-ou-contre-Biya.



Cette observation du magazine est d'autant plus frappante qu'elle s'applique à Achille Mbembe, théoricien reconnu du postcolonialisme, auteur d'analyses subtiles sur le pouvoir en Afrique. Pourtant, face au cas camerounais, Jeune Afrique le montre adoptant une grille de lecture simpliste : le "problème Bamiléké" comme explication unique de l'éviction de Kamto.

L'atout majeur des intellectuels de la diaspora révélé par Jeune Afrique, c'est leur légitimité internationale. Quand Mbembe parle, ce n'est pas seulement un Camerounais qui s'exprime, c'est l'un des philosophes africains les plus cités et traduits au monde, un universitaire qui enseigne dans les plus grandes universités occidentales.


Cette légitimité transforme ses interventions en événements médiatiques internationaux. Jeune Afrique ne détaille pas la couverture médiatique de la sortie du 27 août sur le "problème Bamiléké", mais on peut imaginer qu'elle a été reprise bien au-delà du Cameroun, donnant une visibilité mondiale à la question de l'exclusion présumée des Bamiléké du pouvoir.

Pour le MRC et l'opposition camerounaise, c'est un levier considérable. Jeune Afrique révèle que le parti de Kamto "mobilise universitaires et avocats pour défendre ses positions", mais aucun d'entre eux ne possède le rayonnement international de Mbembe. Son soutien, même depuis l'étranger, vaut plus que dix débats télévisés locaux.


Le magazine souligne d'ailleurs que le MRC "bénéficie surtout du soutien de personnalités comme Achille Mbembe", le "surtout" indiquant bien que c'est là le principal atout de l'opposition dans la bataille intellectuelle : avoir rallié à sa cause des penseurs dont la réputation dépasse largement les frontières camerounaises.

Jeune Afrique révèle que "sur les réseaux sociaux, on retrouve les mêmes acteurs et les mêmes débats houleux, mais sans règles ni modération. Tous les coups sont permis." Cette phrase décrit parfaitement l'environnement dans lequel opèrent les intellectuels de la diaspora comme Nganang.

Le magazine explique que c'est précisément sur Facebook que Nganang mène son combat quotidien, loin des contraintes des plateaux télévisés où subsistent encore quelques règles de civilité. Sur les réseaux sociaux, la violence verbale peut atteindre des sommets, les accusations les plus graves peuvent être lancées sans vérification, et les appels à l'insurrection peuvent circuler librement.
Cette absence de modération révélée par Jeune Afrique crée un espace où la parole des intellectuels de la diaspora peut se radicaliser sans limite. Nganang n'a pas à convaincre un présentateur de le recevoir sur son plateau, ni à composer avec un contradicteur en direct. Il peut publier ses textes quotidiens sans filtre, touchant directement ses milliers d'abonnés.



Le magazine met ainsi en lumière une double asymétrie : géographique (diaspora vs locaux) et médiatique (réseaux sociaux vs médias traditionnels). Les intellectuels de la diaspora comme Nganang cumulent la protection de l'éloignement et la liberté totale des plateformes numériques.



L'opposition sans parti : le cas des intellectuels critiques non affiliés
Jeune Afrique révèle l'existence d'une troisième catégorie d'intellectuels, au-delà du clivage pro-régime/opposition partisane : les "intellectuels critiques, non affiliés à un parti" qui "occupent ce terrain numérique."
Le magazine identifie notamment "l'historien Édouard Betobo Bokagne" qui "tourne quotidiennement en dérision, non sans cruauté jubilatoire, les péripéties de 'l'opposition la plus bête au monde'." Une expression cinglante révélée par Jeune Afrique qui montre que tous les intellectuels de la diaspora ne sont pas dans le camp de l'opposition.


Cette révélation est importante car elle nuance le tableau : la distance géographique ne crée pas automatiquement une posture anti-régime. Betobo Bokagne utilise son exil pour critiquer... l'opposition elle-même, avec une violence verbale ("cruauté jubilatoire") qui n'aurait peut-être pas sa place sur un plateau télévisé au Cameroun.


Jeune Afrique précise que "ses chroniques satiriques circulent abondamment sur les forums et messageries instantanées", suggérant que ce type de discours iconoclaste, qui égratigne tous les camps, trouve son public principalement en ligne et dans des espaces semi-privés comme les messageries, plutôt que dans les grands médias.


Le collectif d'Alice Nkom : l'exception des voix neutres
Dans ce paysage intellectuel totalement polarisé révélé par Jeune Afrique, le magazine identifie une rare exception : "ce collectif d'intellect