Actualités of Thursday, 8 May 2025
Source: www.camerounweb.com
L'éminent avocat franco-libanais, figure clé de la Françafrique, prédit un chaos post-Biya
C'est une déclaration qui résonne comme un coup de tonnerre dans le ciel politique camerounais. Robert Bourgi, célèbre avocat et conseiller politique considéré comme l'une des éminences grises de la Françafrique, vient de livrer une analyse sans concession sur l'avenir du Cameroun.
« La longévité de Paul Biya au pouvoir entraînera le Cameroun dans un chaos après lui », a affirmé sans détour l'homme de réseaux, proche de nombreux chefs d'État africains et rouage essentiel des relations franco-africaines depuis plusieurs décennies.
Ces propos ne peuvent être pris à la légère. Robert Bourgi n'est pas un observateur ordinaire. Né au Sénégal dans une famille libanaise, cet avocat au barreau de Paris est devenu au fil des ans l'un des intermédiaires les plus influents entre l'Élysée et les présidences africaines.
Conseiller officieux de Jacques Chirac puis de Nicolas Sarkozy sur les questions africaines, il a été décoré de la Légion d'honneur en 2007. Son carnet d'adresses impressionnant et sa connaissance intime des arcanes du pouvoir en Afrique francophone lui confèrent une autorité particulière.
L'avertissement de Bourgi intervient alors que le président Paul Biya, 92 ans, entame sa 43ème année au pouvoir. Une longévité exceptionnelle qui pose avec acuité la question de la succession dans un pays où les mécanismes de transmission du pouvoir n'ont jamais été éprouvés depuis l'indépendance.
« Les transitions politiques représentent toujours un moment de fragilité pour les États africains », explique Jean-Marc Awoumou, politologue à l'Université de Yaoundé II. « Le Cameroun n'a jamais connu d'alternance démocratique depuis 1982. L'absence de préparation à cette échéance inéluctable fait craindre des tensions majeures. »
Selon plusieurs analystes, l'alerte lancée par Robert Bourgi met en lumière une réalité préoccupante : le système politique camerounais, entièrement bâti autour de la figure présidentielle, n'a pas prévu de mécanisme de succession clair.
« Paul Biya a systématiquement écarté ou affaibli tous les dauphins potentiels », note Marie-Claire Nnana, observatrice politique indépendante. « Cette stratégie, efficace pour se maintenir au pouvoir, crée les conditions d'une dangereuse vacance lorsqu'il quittera la scène. »
Le spectre d'une lutte fratricide pour le pouvoir au sein même du parti dominant, le RDPC, inquiète particulièrement les observateurs. Les rivalités entre les différentes factions, aujourd'hui contenues par l'arbitrage présidentiel, pourraient éclater au grand jour.