Actualités of Monday, 22 December 2025

Source: www.camerounweb.com

AFFAIRE MARTINEZ ZOGO : Les révélations explosives du Commissaire Ellong Lobé ébranlent le procès

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Le témoignage du haut gradé de la DGRE dévoile les dessous du fonctionnement des services de renseignement

Le Tribunal Militaire de Yaoundé a vécu un moment crucial ce 17 décembre 2025. Après le passage du journaliste Xavier Messé, c'est le Commissaire Divisionnaire Ellong Lobé James, ancien patron de la Direction des Opérations de la DGRE, qui a livré un témoignage capital qui pourrait changer la donne dans l'affaire de l'assassinat de Martinez Zogo.

Convoqué comme 17ème témoin dans ce procès qui passionne l'opinion, le Commissaire Ellong Lobé, aujourd'hui en service à la DGSN depuis février 2025, n'a pas mâché ses mots. Son témoignage, qui s'est étendu de 16h00 à plus de 17h46, a levé le voile sur le fonctionnement opaque de la Direction Générale de la Recherche Extérieure.


Face au Ministère Public, représenté par le Lt-Col Cerlin Belinga, l'ancien Directeur des Opérations a méthodiquement décortiqué les procédures internes de la DGRE : "Tant qu'il n'y a pas une décision de plan d'opération, il n'y a aucune action à mener", a-t-il martelé, insistant sur le fait que toute mission devait être validée par le Directeur Général Maxime Eko Eko.

Le point culminant du témoignage est survenu lorsque le Commissaire a expliqué pourquoi Maxime Eko Eko avait décidé, en novembre 2021, que tous les rapports du Colonel Justin Danwé devaient désormais passer par lui. La raison ? Une succession d'événements problématiques impliquant Danwé, dont l'affaire du payeur du MINADER et l'arrestation d'un de ses proches à l'aéroport de Nsimalen en possession de stupéfiants en provenance de Turquie.

"Le DG avait commencé à stopper ses agissements parce qu'il en avait marre", a lâché Ellong Lobé, dévoilant ainsi les tensions internes qui minaient la DGRE avant l'enlèvement et l'assassinat du journaliste Martinez Zogo en janvier 2023.


L'ancien DO a insisté sur la rigueur des procédures : impossibilité de louer des véhicules à des tiers, interdiction de recruter des civils du quartier, absence de sous-traitance. "En neuf ans à la tête de la Direction des Opérations, la Direction a un parking d'au moins une vingtaine de voitures et on ne peut pas jouer avec ce matériel", a-t-il affirmé.

Ces déclarations soulèvent une question cruciale : comment l'enlèvement de Martinez Zogo a-t-il pu avoir lieu si toutes ces procédures étaient respectées ?
Xavier Messé maintient ses accusations

Plus tôt dans la journée, le journaliste Xavier Messé, 16ème témoin, avait lui aussi tenu bon face aux questions du MP et des avocats. Malgré les pressions qu'il dit avoir subies pour rédiger une lettre d'excuses à Zepherin Koloko, il a maintenu l'intégralité de ses déclarations : "De toutes mes déclarations, je les maintiens. Il n'y a aucune manipulation."

Messé a révélé avoir été informé de la mort de Martinez par un confrère du réseau REPAC, qui regroupe 76 patrons de presse, avant même que l'information ne soit officiellement confirmée. Il a même fourni les détails de ses conversations téléphoniques avec son informateur, dont un premier appel de 15 secondes où on lui annonce : "On l'a tué !"

La défense de la DGRE, assurée par Me Claude Assira, a tenté de faire basculer le témoignage du Commissaire en huis clos, invoquant le secret professionnel. Une objection à laquelle se sont opposés d'autres conseils, notamment Me Guezo pour Arthur Essomba, rappelant que le Président Paul Biya avait lui-même autorisé la création d'une Commission d'enquête mixte Police-Gendarmerie.
Le Ministère Public a d'ailleurs demandé le retour à la barre de Zepherin Koloko, suite au témoignage persistant de Xavier Messé. Le tribunal décidera de l'opportunité de cette nouvelle audition.

L'affaire a été renvoyée au 5 janvier 2026 pour la suite de la cross-examination du Commissaire Divisionnaire Ellong Lobé James. Les Camerounais attendent avec impatience la suite de ce procès qui, audience après audience, dévoile les mécanismes troubles ayant conduit à l'assassinat brutal du journaliste Martinez Zogo, retrouvé mort le 22 janvier 2023 après cinq jours d'enlèvement et de torture.

La vérité finira-t-elle par triompher ? Réponse dans quelques semaines.