Actualités of Thursday, 31 July 2025

Source: www.camerounweb.com

Aéroport de Yaoundé: comment Tchiroma a été sorti de la salle d'embarquement

Issa Tchiroma Bakary Issa Tchiroma Bakary

L'ancien ministre Issa Tchiroma est retourné dans son domicile ce jour sans pouvoir se rendre avec sa fille à Dakar.

Tout un tout puissant ancien ministre a été humilié par des policiers sous les ordres de la présidence de la République.

Le journaliste Pharel Ateba raconte ce qui s'est passé ce jour à l'aéroport international Yaoundé Nsimalen.

"Ce matin du 31 juillet 2025, l’ancien ministre et désormais candidat à l’élection présidentielle, Issa Tchiroma Bakari, a été formellement empêché de quitter le territoire camerounais alors qu’il s’apprêtait à embarquer pour Dakar depuis l’aéroport international de Yaoundé-Nsimalen.

Après avoir franchi sans encombre les contrôles de police et pris place en salle d’embarquement, il lui a été signifié qu’en l’absence d’une autorisation de la présidence de la République, il lui était interdit de voyager. Une décision pour le moins controversée, qui soulève des interrogations juridiques, politiques et morales dans un pays qui revendique son attachement aux principes démocratiques.
Depuis sa démission du gouvernement le 24 juin 2025, Issa Tchiroma Bakari se réclame de sa pleine liberté citoyenne.

Fort de son indépendance retrouvée, il a annoncé sa candidature à l’élection présidentielle prévue pour le 12 octobre prochain. Mais depuis cette déclaration, l’ancien fidèle du régime fait l’objet de vives attaques, notamment de la part de certains cercles proches du parti au pouvoir, qui lui reprochent une prétendue trahison de l’alliance politique contractée avec Paul Biya. L’incident survenu à l’aéroport apparaît dès lors, pour ses partisans, comme l’ultime avatar d’un harcèlement politique insidieux.

Dans un État de droit digne de ce nom, un citoyen, a fortiori un ancien membre du gouvernement n’ayant fait l’objet d’aucune poursuite judiciaire, devrait jouir sans entraves de sa liberté d’aller et de venir. Le motif invoqué, l’absence d’un visa de sortie délivré par la présidence, étonne d’autant plus que l’intéressé n’est plus ministre en fonction et n’est donc plus assujetti aux obligations protocolaires des membres du gouvernement. Difficile alors de ne pas y voir une entrave administrative à connotation politique, voire une tentative d’humiliation symbolique d’un opposant désormais déclaré.

Reste que certains observateurs plus critiques estiment que cette déconvenue résulte d’un pacte ancien que Tchiroma aurait scellé avec le régime et dont il chercherait aujourd’hui à se défaire trop tardivement. Selon eux, l’homme politique paierait le prix d’une loyauté fluctuante, prise dans les rets d’un jeu de pouvoir dont il a longtemps été un rouage essentiel.

La question demeure : cette interdiction de sortie du territoire relève-t-elle d’un acte administratif isolé ou d’une manœuvre politique téléguidée depuis les plus hautes sphères du pouvoir ?

Une chose est sûre : à l’aube d’une présidentielle où la transparence et la liberté d’expression devraient être garanties, ce type de mesure alimente le doute et fragilise encore un peu plus l’image d’une démocratie déjà mise à rude épreuve".