Dans la chaleur étouffante d'Ouro Magadi, petit poste frontalier entre le Cameroun et le Nigeria, les agents de la Brigade Mobile des Douanes de Guider ont vécu une journée particulière. Alors que le soleil tapait fort sur le bitume poussiéreux, ils ont découvert dans un véhicule en provenance du Nigeria une cargaison qui en dit long sur les défis auxquels fait face le football camerounais : 49 maillots contrefaits des Lions Indomptables.
Ces maillots portant faussement la marque « Fourteen » représentent bien plus qu'une simple fraude commerciale. Ils incarnent l'exploitation d'un symbole cher au cœur des Camerounais : le maillot vert-rouge-jaune de leurs Lions Indomptables. Pour de nombreux supporters, porter le maillot de leur équipe nationale est un acte de fierté, une manière d'afficher leur appartenance à la nation camerounaise.
"Quand on voit ces faux maillots, on se dit que quelqu'un quelque part profite de l'amour que les Camerounais portent à leur équipe nationale", confie un agent douanier présent lors de la saisie. Cette remarque résume parfaitement l'enjeu : derrière chaque maillot contrefait se cache une exploitation de la passion footballistique camerounaise.
Pour les douaniers de Guider, cette saisie s'inscrit dans une routine devenue familière depuis la signature de l'accord entre la Douane camerounaise et la FECAFOOT en avril 2025. Chaque jour, ces hommes et femmes scrutent les marchandises qui transitent par leurs postes, armés d'une connaissance approfondie des produits authentiques acquise grâce aux formations dispensées par la Fédération.
"Nous avons appris à reconnaître les détails qui ne trompent pas : la qualité du tissu, la précision des logos, la finition des coutures", explique un responsable de la brigade. Cette expertise technique, couplée à une surveillance renforcée, transforme chaque contrôle en une véritable enquête de terrain.
Cette saisie à Ouro Magadi révèle l'ampleur d'un phénomène qui dépasse largement le cadre sportif. Les réseaux de contrefaçon exploitent les circuits commerciaux transfrontaliers, profitant parfois de la porosité des frontières pour écouler leurs produits illicites. Le Nigeria, grand voisin économique du Cameroun, devient malgré lui une plateforme d'importation pour ces marchandises frauduleuses.
Les consommateurs camerounais, souvent séduits par des prix attractifs, se retrouvent victimes de cette tromperie. Au-delà de l'aspect économique, c'est leur confiance qui est trahie lorsqu'ils découvrent la mauvaise qualité d'un produit censé représenter leur équipe nationale.
L'accord du 2 avril 2025 entre la Douane et la FECAFOOT illustre une approche collaborative prometteuse. En mutualisant leurs expertises - la connaissance technique des produits authentiques pour la FECAFOOT, l'expérience du contrôle frontalier pour la Douane - les deux institutions créent un bouclier efficace contre la contrefaçon.
Cette collaboration ne se limite pas aux frontières. Des opérations conjointes sont régulièrement menées sur le marché national, permettant d'identifier et de démanteler les réseaux de distribution de produits contrefaits. Le système de traçabilité mis en place permet de remonter jusqu'aux sources d'approvisionnement, offrant une approche globale du problème.